Les banquets médiévaux étaient bien plus que de simples repas. Ils étaient le théâtre des jeux de pouvoir, d’alliances et de trahisons. On y tissait des liens de sang avec d’autres familles puissantes. Ces occasions étaient également propices aux négociations, aux accords et aux complots. George R.R. Martin a su parfaitement rendre l’atmosphère de ces intrigues médiévales dans sa série de romans Le Trône de fer tout comme Romaric Galonnier et Anthony Perrone dans le jeu Courtisans. Bienvenue dans Des jeux des livres.
Le Trône de fer de George R.R. Martin
En 2011 George R. R. Martin était désigné par le magazine Time comme l’une des personnalités les plus influentes du monde.
Il est vrai que sa série de romans Le Trône de fer est une œuvre captivante qui transcende les genres littéraires. Avec son mélange complexe de politique, d’intrigues et de magie, cette saga épique publiée en cinq volumes de 1996 à 2011 (adaptée par HBO en série de huit saisons) à l’atmosphère médiévale fantastique a captivé des millions de lecteurs et de téléspectateurs à travers le monde.
L’auteur a su créer un monde richement détaillé, foisonnant de détails, avec une histoire, une géographie et des cultures variées. George R. R. Martin s’est d’ailleurs inspiré des plus grands mythes pour composer la toile de fond de son roman. En effet les références aux mythologies grecque et romaine, nordique ou arthurienne sont légion.
Il a aussi très habilement mêlé ces différentes mythologies avec les techniques du pouvoir de la fin du Moyen Âge et des débuts de la Renaissance (on pense à Machiavel) combinant guerre et diplomatie.
En effet, au cœur du récit se trouvent les luttes de pouvoir entre les grandes familles nobles des Sept Couronnes, les Tyrell, les Lannister, les Stark, les Baratheon, les Martell, la Maison Arryn, la Maison Tully, la Maison Greyjoy…tout ce petit monde s’allie, se trahie : la loyauté est rare et la survie est tout ce qui importe.
On plonge avec fascination et horreur au cœur du pouvoir, de la corruption et de la vengeance. L’auteur utilise habilement ces thèmes pour examiner les aspects les plus sombres de la nature humaine. Dans ce monde impitoyable, même les héros les plus nobles sont susceptibles de commettre les actes les plus vils pour l’honneur ou l’argent. On ne se remet toujours pas des sanglantes Noces pourpres, chapitre majeur dans l’histoire de Westeros, où Robb Stark, le roi du Nord, est assassiné sauvagement aux côtés de sa femme, sa mère et 3500 de ses soldats au cours du banquet donné en son honneur par un seigneur qu’il pensait être leur allié.
Cependant, la lutte pour le Trône de fer n’est pas le seul enjeu. En effet, bien que la politique du royaume demeure prédominante, George R.R. Martin explore également le destin de personnages qui sont éloignés des préoccupations liées au pouvoir royal. Ces parenthèses narratives constituent une toile de fond méticuleusement élaborée. Lorsque ces divers personnages se croisent enfin, c’est à ce moment que le talent d’écriture de l’auteur fascine par l’utilisation d’une trame complexe d’intrigues imbriquées et de rebondissements inattendus.
Enfin que serait le Trône de fer sans ces femmes fortes et influentes qui défient les stéréotypes traditionnels du genre. Daenerys Targaryen, une reine déterminée, qui aspire à récupérer le trône de fer. Arya Stark qui défie les attentes de sa condition de femme pour devenir une redoutable guerrière. Sansa Stark qui, malgré les épreuves qu’elle traverse, développe une grande résilience et un sens politique aiguisé. Et enfin Cersei Lannister qui manipule habilement les jeux de pouvoir pour protéger sa famille et maintenir l’influence des Lannister.
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Courtisans
Comme dans tout bon banquet médiéval, le banquet de la reine du jeu Courtisans est un lieu d’intrigues et de complots : Les manœuvres vont bon train et tous les coups sont permis pour placer son favori sur le devant de la scène. Jeu de masques et assassins sont au rendez-vous.
“Les discussions sont animées, les alliances se forgent et se brisent, et les complots se tissent en secret. Tout est permis pour gagner les faveurs de la reine (…)”
Dans Courtisans chaque joueur reçoit et joue trois cartes à chaque tour. Une de ces cartes est placée sur la table de la Reine pour influencer sur le statut d’une famille de manière positive ou négative grâce aux majorités. Les deux autres cartes sont jouées soit chez le joueur lui-même, soit chez un adversaire, et elles rapportent ou font perdre des points en fonction du statut de la famille concernée, qu’elle soit dans les bonnes grâces de la reine, en lumière, ou en disgrâce.
Un jeu de retournements de situations simple, très accessible avec des effets de cartes bien malins et où on taquine son adversaire de manière directe. Les illustrations de Noëmie Chevalier sont magnifiques et l’édition est top. La famille verte à la tête de cerf ne vous fait pas penser à la Maison Baratheon du Trône de fer ? Même chose pour la famille bleue et la carpe de la Maison Tully.
Retrouvez l’avis et la critique de Courtisans ici.
Courtisans, un jeu de Romaric Galonnier, Anthony Perone, illustré par Noëmie Chevalier et édité par Catch Up Games.