De nombreuses fois adaptée en BD, en dessin animé et en littérature, la légende de Sun Wukong, le Roi Singe est devenue au fil des ans un grand classique. Cette légende nous séduit encore et toujours avec le jeu The Shadow Theater, de Cédric Lefebvre et Florian Sirieix et les albums de la série Le Roi Singe écrite et dessinée par Chaiko. Bienvenue dans Des jeux des livres.
Le Roi-Singe
Le Roi Singe est l’un des personnages les plus connus de la littérature chinoise et il ne cesse d’inspirer les créateurs du monde entier. Par ses frasques et son impertinence, il n’a de cesse de nous amuser.
« Le texte date du 12e siècle et a connu de nombreuses versions. À la fin du 16e siècle, il y a un basculement et « le roi des singes » devient central dans le récit. Ce singe né d’un œuf de pierre veut devenir roi, défier l’empereur. Il s’inscrit dans le folklore de ces figures de singes cultivant l’immortalité. C’est aussi une métaphore du singe comme agitateur de l’esprit que l’adepte bouddhique doit assagir pour se rapprocher de l’éveil. C’est une idée sous-tend le récit de ‘La Pérégrination vers l’Ouest’, l’idée d’aller en chercher une substantifique moelle. » Vincent Durand-Dastès (Vincent Durand-Dastès est directeur du département Chine de l’Inalco)
De ce fait, Le Roi Singe est une figure emblématique en Chine mais aussi au Japon. Ce singe doté de parole et de conscience se distingue par sa force et ses incroyables pouvoirs magiques, tout en étant très malicieux. Sa légende a été popularisée par un roman du XVIe siècle écrit par Wu Cheng’en, dont le titre est traduit en français sous diverses formes : Le Roi des singes, La Pérégrination vers l’Ouest, Le Singe pèlerin ou encore Le Voyage en Occident.
« Tous les petits japonais connaissent des versions abrégées, illustrées, des séries animées produites en Chine ou au Japon du texte. Beaucoup de jeunes japonais font d’ailleurs le lien entre le manga DragonBall Z et La Pérégrination vers l’Ouest. Le manga reprend l’imaginaire du singe Son Goku » Evelyne Lesigne-Audoly (Evelyne Lesigne-Audoly est maître de conférence spécialisée dans la littérature japonaise)
Notre héros n’est pas un singe ordinaire. Né d’un rocher frappé par la foudre, vif et très intelligent, il se met au service de son peuple afin d’améliorer son existence. Cependant, la question de sa mortalité le tourmente. Il entreprend alors un voyage initiatique et devient l’élève d’un maître qui lui enseigne l’art du rajeunissement éternel, les soixante-douze transformations et la capacité de chevaucher les nuages.
Dans le vaste monde, nos vies semblent minuscules, mais elles sont tellement magiques. Elles font face à un monde immaîtrisable qu’elles peuvent pourtant modifier. Selon la légende, il existe dans la mer de l’Est une petite île appelée le Mont des Fleurs et des Fruits. C’est là que commence notre histoire. On y trouvait un rocher imposant. Personne ne savait depuis combien de temps il était là. Personne n’avait même remarqué son existence, jusqu’au jour où…
Dans sa série de bandes dessinées, Chaiko retrace de façon très littérale les aventures de Sun Wukong, depuis sa naissance jusqu’à ses affrontements avec les dieux. L’auteur met également en scène les enseignements transmis par ses maîtres successifs, en particulier le moine Sanzang.
Wukong, à trois heures du matin, tu ne dors pas ? Que viens-tu faire ici ?
– Maître, ton apprenti vient te présenter ses respects. Aujourd’hui, devant tout le monde, le Grand Maître a frappé trois fois sur la tête de son apprenti, j’ai compris qu’il voulait me voir à trois heures du matin. Je supplie le Maître de m’enseigner la voie de l’immortalité.
– Ah ! Ah ! Ah ! Puisque tu as compris mon message secret, nous sommes faits pour nous entendre. Alors, je vais non seulement t’enseigner l’art du rajeunissement perpétuel, mais je vais aussi te transmettre soixante-douze transformations ainsi que le pouvoir de chevaucher les nuages.
Au centre de la série on ressent une dimension spirituelle très forte où le protagoniste remet en question l’omnipotence divine, persuadé d’être l’égal de ces entités supérieures régnant sur les mortels. Usant de ruse et d’audace, il les défie habilement et contrecarrent leurs efforts pour l’assujettir. Que ce soit par le scénario ou le dessin, la narration de Chaiko se démarque par son dynamisme et sa fluidité. Le Roi Singe jaillit, virevolte et enchaîne les combats dans un tourbillon d’énergie qui nous entraîne sans répit.
Le Roi-singe de Chaiko, aux éditions Paquet
The Shadow Theater
Cédric Lefebvre, Florian Sirieix et Julien Rico nous convient à une représentation du théâtre d’ombres chinoises des aventures de Sun Wukong. Ici on va utiliser des petits singes pour déclencher le pouvoir d’une zone de théâtre !
À tour de rôle, on effectue une action en plaçant 1 Singe sur 1 lieu du plateau ( ce qui permet de résoudre l’effet associé, comme récupérer des cartes Armes du Dragon, des Jades, des Singes, des Pêches ou déplacer le Roi Singe) OU en récupérant tous les Singes présents dans 1 lieu.
On peut jouer aussi à son tour une ou plusieurs cartes Armes du Dragon de sa main, de la couleur correspondant au lieu où se trouve le Roi Singe, et appliquer leurs effets. La manche prend fin dès qu’un type de ressource (cartes, Singes, Jades ou Pêches) est épuisé.
Le scoring est très simple : Les singes nourris rapportent un point, chaque Pêche nourrissant trois singes. Les cartes Armes du Dragon restantes en main rapportent chacune un point. Trois Jades rapportent deux points. Le joueur ayant le plus de Jades reçoit un bonus de deux points.
Le jeu est fluide et très dynamique. Je pense qu’il faut rapidement utiliser les tuiles parchemins : ces dernières ont des effets utilisables en même temps qu’une action, donnant une asymétrie très tactique dès le début de partie. Le théâtre d’ombre est magnifique, la pâte graphique de Julien Rico est somptueuse : effet « waouh » garanti !
The Shadow Theater, de Cédric Lefebvre et Florian Sirieix, illustré par Julien Rico, édité par Space Cowboys.