Les monstres peuplent nos imaginaires et le monde des arts et de la littérature de toutes les époques : entre répulsion et compassion, entre procès du monstre et celui des hommes qui le rejettent, le monstre n’est pas toujours celui qu’on pense. C’est le cas dans le recueil de nouvelles Les Monstres de Van Vogt et le jeu Open Season d’ Amélie Assié et Romain Lisciandro.
Les Monstres d’A. E. Van Vogt
A. E. van Vogt est un monstre sacré de la science-fiction américaine, aux côtés d’auteurs tels qu’Isaac Asimov, Theodore Sturgeon et Arthur C. Clarke.
L’univers qu’il nous propose est vaste et foisonnant, peuplé d’humains, de machines ultra-perfectionnées et de créatures mystérieuses. Ces créatures sont décrites avec un degré de précision fascinant !! Qu’elles soient dangereuses ou bienveillantes, elles ont leurs faiblesses, une psychologie, et des modes de vie propres. Certaines ont autrefois dominé l’univers et rêvent encore de leur gloire perdue.
Dans le recueil de nouvelles Les Monstres, Van Vogt reste fidèle à cet univers de créatures étranges qu’il s’agisse d’êtres répugnants ou d’androïdes aux intentions troubles.
La créature rampait. Elle geignait de peur et de douleur…Sans forme, sans contour précis, elle changeait néanmoins de forme et de contour à chacun de ses mouvements spasmodiques. Elle rampait le long du couloir de cargo spatial, luttant contre la terrible tendance de ses éléments à prendre la forme de son environnement.
Ainsi commence la nouvelle « Le Caveau de la Bête ». Dès qu’elle se trouve à proximité d’un système nerveux étranger elle prend son apparence afin de trouver une forme stable.
Elle était prête à adopter toutes les formes mais quelque chose s’y opposait. Un dessein implanté en elle, un mot d’ordre : trouver le plus grand cerveau mathématique et le ramener dans le caveau de l’ultime métal martien. le Grand être doit être libéré ! Il faut ouvrir la serrure à secret dont le chiffre est le nombre premier ultime !
Après avoir franchi la paroi du vaisseau avant l’atterrissage, la créature se pose sur terre à l’extérieur d’une ville. Il lui faut à présent trouver un mathématicien et en devenir le double pour résoudre le problème du nombre premier et libérer le Grand être.
Ayant réussi à être le double d’un savant, la créature lui explique que les anciens martiens enfermèrent une terrible bête dans un immense caveau. En vérité, la bête enfermée dans le caveau est un savant venu de l’espace après avoir été la victime d’une de ses propres expériences.
Pour l’en sortir, il faut trouver le mot de passe, l’ultime nombre premier. Le face à face entre la créature, Brender le mathématicien et le Contrôleur de la créature commence… La créature en mission pourra-t-elle faire ouvrir le caveau ?
Alors pour la première fois les cerveaux puissants et démoniaques qui avaient fait naître cette créature entreprirent de dominer leur robot. Furieux et pourtant conscient de la prudence qu’il devait observer, le Contrôleur força la créature terrifiée et amoindrie à se plier à sa volonté.
Le récit met en scène un affrontement symbolique entre les humains, représentants d’une science naissante, et une entité extraterrestre d’une grande intelligence. Van Vogt s’interroge sur la capacité de l’humanité à comprendre et contrôler des forces qui la surpassent, tout en exposant les dangers de l’orgueil scientifique.
Deux autres nouvelles sont particulièrement réussies : Le village enchanté et La créature de la mer.
Le Village enchanté raconte l’histoire d’un homme, unique survivant d’un crash sur Mars. Dans l’immensité du désert, il découvre un étrange village abandonné, qui semble exaucer les désirs de ses habitants. Mais ceux-ci, aujourd’hui disparus, n’étaient pas humains… Comment contraindre ce lieu mystérieux à répondre à ses propres besoins ? Pour survivre, Jenner devra finalement s’adapter, au risque de renoncer à son humanité.
Quand il fut à moitié entré, une sorte de brouet remplit l’auge creusée près du mur. Il contempla cette mature graisseuse avec une fascination horrifiée : de la nourriture, et de la boisson. Il se souvint du fruit empoisonné et éprouva une certaine répulsion, mais il se força à se pencher et à tremper un doigt dans cette mature chaude et humide. Puis il suça son doigt.
Enfin La créature de la mer raconte la vengeance du dieu-requin. Il prend forme humaine pour se venger des pêcheurs qui massacrent ses congénères.
La créature sortit péniblement de l’eau et demeura un moment en équilibre précaire sur ses jambes humaines, comme intoxiquée. Tout lui était étrangement trouble. L’esprit embrumé, elle lutta pour s’adapter à son corps humain et au sable qu’elle sentait froid et humide sous ses pieds.
Cependant, aveuglé par sa soif de vengeance, il échouera à accomplir sa mission.
Open Season
Dans le jeu Open Season vous incarnez un monstre qui a décidé lui aussi de se venger.
Aujourd’hui, les seigneurs de donjon des quatre continents reconnaissent avec fair-play que vous disposez de la plus grande et de la plus belle collection d’aventuriers émanant de peuples divers et variés, agencée avec élégance dans un cadre propice à la méditation. Seuls les héros ne se pressent guère pour venir l’admirer.
À chaque tour, les joueurs sélectionnent deux cartes : l’une pour leur stock et l’autre pour leur mur de trophées. La disposition des trophées sur le mur suit de nombreuses règles, par types identiques ou variés dans certaines zones du mur de trophée. Certains emplacements offrent des bonus ou augmentent le score final, tandis que d’autres déclenchent des pénalités à éviter autant que possible. En outre, si le peuple représenté sur la carte placée en stock correspond à l’un des peuples de la première ligne du mur, l’effet associé s’active.
Les monstres de votre stock rejoignent votre Palmarès, face cachée. C’est ce Palmarès qui déterminera le score final. La partie se termine après 11 tours, lorsque le Mur des joueurs est entièrement rempli.
Open Season est un jeu de collection astucieusement complexe. En effet les règles sont simples, mais le défi est agréablement stimulant. Pour ceux qui recherchent un challenge supplémentaire, une variante experte ajoute encore plus de diversité.
Open Season d’Amélie Assié et Romain Lisciandro, illustré par Djib et édité chez Sit Down.