Le Taj Mahal est sans aucun doute un des plus beaux monuments de l’Inde, un joyau de l’architecture moghole. Aujourd’hui je vous parle du roman Taj de T.n. Murari et du jeu Rajas of the Ganges: Cards & Karma de Markus Brand et Inka Brand qui nous replongent tous deux dans l’Inde de l’Empire Moghol.
Taj
Ici repose Arjumand Banu que l’on appelait Mumtaz-i-Mahal, l’élue du harem. Allah est grand. Qui était-elle ? Une impératrice.
Ce somptueux mausolée en marbre blanc fut érigé par l’empereur Shah Jahan au XVIIe siècle, en hommage à l’amour qu’il portait à son épouse bien-aimée, pour abriter sa dépouille.
« Même dans le noir, je pouvais la reconnaître. Son odeur, sa douceur, la forme de son corps sont inscrites dans mes sens, bien que ma mémoire s’affaiblisse. Et encore, ce que j’aimais n’était pas visible. Les soupirs que l’on ne peut saisir, les rires que seul Dieu peut entendre, un regard qui n’avait de signification que pour moi. Toutes ces choses me remplissaient d’un immense plaisir. Mon Dieu, pourquoi avons-nous eu si peu de temps ensemble ? L’éternité n’aurait pas suffi. »
Dans son roman, T. N. Murari entrelace des chapitres relatant la romance entre Shah Jahan et Arjumand avec ceux où l’on retrouve un Shah Jahan vieillissant, hanté par la construction du Taj Mahal en l’absence de sa bien-aimée.
L’histoire commence au début du XVIIe siècle, lorsque le prince Jahan rencontre Arjumand dans le palais du shah. Ils tombent immédiatement amoureux. Leur passion, née d’un coup de foudre, surmontera les obstacles. Bien qu’Arjumand soit issue d’une famille influente, elle ne correspond pas aux ambitions du père de Jahan, qui souhaite des alliances stratégiques pour étendre son empire. Ce n’est qu’après quelques années que les deux amants pourront enfin s’unir, scellant ainsi leur promesse de ne plus jamais être séparés.
Je ne pouvais contenir ma joie. Je levais les bras et embrassais le soleil, le ciel, la terre et les rivières. J’étais Souverain du Monde. Ce titre sonnait si bien. Je n’aurais pu en porter un autre. Mon éléphant était un char s’élevant dans les airs, et la terre entière me rendait hommage. Vive Shah Jahan ! Vive Shah Jahan ! murmurait le vent et criaient les buses dans le ciel. Les pattes de Bairam martelaient le sol au doux rythme des acclamations. J’avais l’impression d’être un dieu, l’univers ne parvenait pas à contenir ma joie.
Dans une seconde partie, Shah Jahan n’est plus le prince d’autrefois, mais l’empereur du peuple moghol, régnant sur un vaste territoire. Bien qu’il ait atteint le sommet du pouvoir, il apparaît comme un homme brisé, obsédé par une seule mission : achever le mausolée du Taj Mahal avant sa propre mort. La construction s’étendra sur plus de quinze ans, épuisant les ressources du royaume et provoquant des conflits fratricides.
Une esclave allumait les lampes et posait des bougies dans les coins. La lumière tremblotait sur leurs visages. Ils venaient de toutes les parties du monde, convoqués par le Grand Moghol. Ismail Afanti, un Turc grassouillet et jovial, était le dessinateur des dômes, Quazim Khan, le Persan, était l’orfèvre, et Amarat Khan, un homme froid, à la vue basse, persan lui aussi, était le maître calligraphe. Chiranji Lal, un hindou de Delhi, était le lapidaire. Mir Abdul Karim, qui avait travaillé pour l’empereur Jahangir et avait reçu pour ses services des cadeaux extraordinaires -huit cents esclaves et quatre cents chameaux-, était, avec Markarrinat Khan, l’administrateur du monument. Tous ces hommes étaient des maître dans leur art, les meilleurs joailliers, les meilleurs peintres et architectes, venant de l’Hindoustan ou de pays aussi éloignés que Cathay, Samarkhan et Shiraz.
En parallèle à la vie des puissants, nous suivons également Isa, le gardien et confident de l’impératrice, qui deviendra par la suite le conseiller personnel du shah, ainsi que Murthi, un « acharya » — constructeur de temples et sculpteur de divinités hindoues — qui bénéficiera de certains privilèges sur le chantier du Taj Mahal.
Toute l’histoire, tissée autour de cet amour passionnel, nous plonge dans le passé grâce à une immersion dans l’époque où les Moghols dominaient le nord de l’Inde.
En effet, au 16è siècle le puissant empire des Grands Moghols se développe entre l’Indus et le Ganges. Cette puissance en plein essor étend son territoire et gagne en prospérité grâce au commerce de la soie, du thé et des épices. Des monuments imposants tels que le Taj Mahal sont érigés.
Dans la série de jeux Rajas of the Ganges, les joueurs incarnent des Rajahs ou des Ranis, influents princes et princesses locaux, qui s’efforcent de contribuer à la croissance de l’empire en transformant leurs terres en provinces opulentes et prestigieuses.
Taj de T.n. Murari
Rajas of the Ganges : Cards & Karma
Dans Rajas of the Ganges : Cards & Karma, chaque joueur commence avec un ensemble de cartes dés. Au cours de la partie, vous utiliserez ces cartes dés pour acheter d’autres cartes afin de développer votre province de diverses manières : en construisant des bâtiments, en collectant et vendant des marchandises, ou en tirant parti de l’influence de vos palais pour obtenir des avantages stratégiques.
Lorsque vous alignez trois cartes ou jetons d’un même type (comme trois bâtiments identiques, trois marchandises similaires, ou trois jetons de karma), vous avez la possibilité de recruter un administrateur. Celui-ci vous octroie des bonus puissants, tels que la capacité de rejouer immédiatement. La partie se termine dès qu’un joueur parvient à retourner ses 6 cartes piste de score, soit par la richesse, soit par la gloire.
Le jeu est vraiment fluide et très accessible. On retrouve des sensations très agréables du jeu de base Rajas of the Ganges. Un sentiment de course et pas mal de stratégie. J’ai beaucoup aimé l’utilisation des ces cartes double face qui d’un côté représentent des actions et de l’autre des dés de différentes couleurs.
Rajas of the Ganges: Cards & Karma de Markus Brand et Inka Brand, illustré par Dennis Lohausen, édité par Huch et Atalia.