Albert Einstein disait : “Ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir”. Les rapports du GIEC nous alertent depuis 30 ans sur le dérèglement climatique. Or agissons-nous vraiment? Cette semaine, je vous parle de la bande dessinée Horizons Climatiques et du jeu In Extremis qui font preuve tous deux d’un fort engagement dans la compréhension des enjeux climatiques et d’une nécessaire transition énergétique.
Horizons climatiques
La surabondance d’informations sur les changements climatiques et ses conséquences pèsent négativement sur la compréhension par le grand public des phénomènes à grande échelle qui se déroulent sous nos yeux, rendant certains sceptiques sur leur véracité scientifique.
Actuellement, plus de 40 000 études sont publiées chaque année sur le sujet. Cela donne le tournis !
Depuis plus de 30 ans, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) analyse les études sur le climat pour les rendre accessibles aux décideurs et au grand public. Des synthèses de différentes longueurs sont également produites pour faciliter les décisions.
“Le vrai challenge n’est plus de prouver l’impact des activités humaines sur notre environnement… mais bien de transmettre le savoir accumulé depuis des décennies par les scientifiques pour que les citoyens s’en emparent.” (Valérie Masson-Delmotte)
La bande dessinée Horizons Climatiques a pour but aussi de rendre ces conclusions plus accessibles et compréhensibles.
Les auteurs nous proposent de suivre, comme dans une quête initiatique, les aventures d’une jeune chercheuse et de son voisin qui rencontrent les plus éminents climatologues français. Iris Dion, également docteure en sciences de l’atmosphère et du climat, se met en scène, avec le dessinateur Xavier Henrion, pour mener une enquête auprès de neuf scientifiques rapporteurs du GIEC. Autant de points de vue qui vont nous éclairer pas à pas sur tous ces enjeux cruciaux.
Iris Dion partage avec nous son expérience : lorsqu’elle évoque son travail en sciences du climat, il lui arrive souvent d’entendre des questions sur la véracité du changement climatique. Cela montre à quel point, en dehors du milieu de la recherche, peu de gens sont informés sur ces problématiques, et encore moins sur le GIEC.
“1% C’est la part consacrée au climat dans les médias de 2010 à 2019. Les connaissances scientifiques sont publiées dans un silence assourdissant !” (Iris Dion)
La première experte rencontrée, Valérie Masson-Delmotte, est une référence parmi les climatologues : membre du Haut Conseil pour le climat, elle explique de manière pédagogique le fonctionnement et l’organisation du GIEC, ainsi que son impartialité. Elle évoque également le travail de Christophe Cassou, un autre climatologue réputé, ce qui conduit à une rencontre avec lui. Ce dernier démontre comment les activités humaines sont responsables du réchauffement climatique.
Christophe Cassou aborde aussi la question de la « fausse neutralité » : bien que les chercheurs doivent rester objectifs, ils ne peuvent pas rester neutres face à des enjeux éthiques aussi cruciaux. Enfin, Céline Guivarch propose des scénarios pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (Prix Irène Joliot-Curie)
Iris-Amata Dion et Xavier Henrion nous livrent dans cette bande dessinée documentaire, un véritable travail de vulgarisation scientifique à mettre entre toutes les mains… pour s’informer, comprendre et agir.
“L’avenir ne dépend pas du GIEC lui-même, mais de ce que nous faisons collectivement des résultats qu’il met en évidence.” (Jean Jouzel, paléoclimatologue)
Horizons climatiques: Rencontre avec neuf scientifiques du G.I.E.C. de Iris-Amata Dion et Xavier Henrion aux éditions Glénat
In Extremis
In Extremis est aussi un jeu à mettre entre toutes les mains pour mieux comprendre la nécessaire transition énergétique.
Dans In Extremis, le GIETE (Groupement Intergouvernemental d’Experts sur la Transition Énergétique) a développé une IA capable de collecter des données issues d’expériences pour optimiser l’utilisation des énergies tout en réduisant la pollution. Le GIETE invite les joueurs à participer à 16 expériences où il s’agit de gérer les ressources énergétiques d’un territoire, dans un temps imparti et selon des règles prédéfinies, pour répondre aux besoins de la population.
Pour cela on utilise des cartes Machines un peu farfelues qui sont des sources d’énergie : l’ aquatouille, le carbotron, le kracanbuche, le tournicosol, le ventibrasse. A son tour de jeu on peut poser une carte de sa main face à l’un des quartiers pour remplir les objectifs de chiffres et de couleurs d’une zone, se défausser et repiocher ou de ne rien faire du tout.
Comme tous les jeux Opla, In Extremis est un jeu développé avec des scientifiques dont l’énergéticien Pascal Lenormand qui a rédigé un livret qui accompagne le jeu « Avant d’éteindre la lumière… ». Comme l’explique l’éditeur, ce n’est pas un manuel sur la transition énergétique, mais plutôt un document accompagnant le jeu. Il explicite le pourquoi des actions abstraites que l’I.A. demande aux joueurs, et fait le parallèle avec les systèmes réels qui en sont à l’origine.
On s’amuse et on apprend In Extremis…avant qu’il ne soit trop tard…
In Extremis de Juan Rodriguez, Julien Prothière, illustré par Stéphane Escapa et édité par Jeux Opla