L’Egypte ancienne fascine depuis toujours. Mythologue et préhistorien, Jean-Loïc Le Quellec nous propose de nous pencher sur cette Egypte mythique et sur ceux qui s’en réclament dans l’essai Nos ancêtres les pharaons. De manière plus apaisée, le jeu Pyramidice de Luigi Ferrini nous invite à la cour du Pharaon où les architectes s’affrontent pour construire la plus grande pyramide jamais vue !
Nos ancêtres les Pharaons
Jean-Loïc Le Quellec est directeur de recherche émérite à l’Institut des mondes africains au CNRS. Il s’est spécialisé dans l’étude des mythes mais aussi des fausses théories et autres fake news de l’Histoire et ce qu’elles veulent dire de nos sociétés.
Depuis des siècles, l’Égypte antique fascine. Et parce qu’elle fascine, elle fait l’objet de théories en tous genres. Si certains sont convaincus que les Égyptiens ont découvert l’Amérique, l’auteur rappelle que d’autres n’hésitent pas “à puiser dans la grandeur de cette civilisation antique pour servir des idéologies dangereuses.”
Sur les réseaux sociaux ou dans certains documentaires, les fausses informations pseudo-scientifiques pullulent et rencontrent une énorme audience.
Pourquoi un tel succès ?
Ces récits permettent de donner une explication simple et globale à des questions légitimes d’histoire : c’est-à-dire une histoire que l’on se raconte pour donner du sens (…) Ce sont des récits qui utilisent des éléments de l’archéologie, qui n’ont pas du tout de prétention à la démonstration, mais à donner une raison d’être aux choses.
C’est ce que l’auteur appelle l’archéologie romantique et le parfait exemple de cette archéologie romantique, ce sont les pyramides. Elles nourrissent tous les phantasmes depuis la vague d’égyptomanie du XIXe siècle.
Pour l’archéologie romantique les pyramides ne sont pas des tombeaux, mais autres choses que l’on essaie de dissimuler : une antenne pour appeler les extraterrestres voir une centrale électrique. Il y a quelques mois, Gims faisait polémique après avoir indiqué, que selon lui, les Égyptiens de l’Antiquité avaient eu accès à l’électricité des milliers d’années avant nous.
« Les pyramides que l’on voit, au sommet il y a de l’or, et l’or, c’est le meilleur conducteur pour l’électricité… C’était des antennes ! Les gens avaient l’électricité et les historiens le savent ». (Gims)”
Cela peut sembler amusant mais il y a des gens qui utilisent ces idées pour promouvoir des idéologies de façon masquée.
Dire que les Égyptiens blancs ont apporté la civilisation à un monde de sauvages de couleur et que le chaos s’est installé quand des pharaons noirs ont pris le pouvoir, c’est la théorie du grand remplacement transposée à l’antique. En miroir, il existe aussi ce discours sur les pharaons noirs civilisant des blancs génétiquement inférieurs. Les deux ont des fondements racistes.
Autrefois, ces idées étaient principalement diffusées par le biais d’ouvrages destinés à un public restreint, mais l’avènement des réseaux sociaux et des vidéos sur YouTube a largement simplifié leur propagation. Échapper à leur influence est désormais compliqué.
Il est donc toujours utile de se demander avec l’aide d’historiens comme Jean-Loïc Le Quellec ce que sous-tendent ces discours sur les secrets cachés de l’antiquité. Finalement les fantasmes autour des pyramides en disent plus sur nos sociétés que sur les Egyptiens de l’Antiquité.
Nos ancêtres les pharaons : cinq siècles d’illusions sur l’Egypte ancienne de Jean-Loïc Le Quellec aux éditions du Détour .
Pyramidice
Le pharaon a ordonné aux meilleurs architectes de l’Égypte antique de construire de somptueuses pyramides afin de graver son nom dans l’Histoire pour l’éternité.
Dans Pyramidice chaque joueur choisit à son tour de jeu de faire un tour de repos ou un tour de travail pour la gloire du pharaon.
Lors de la phase de travail vous devez déplacer tous les dés pierres de votre plateau vers la carrière, les ajoutant alors aux dés prières et aux autres dés pierres déjà présents. Dans cette carrière commune vous prenez un dé pour chaque ouvrier dont vous disposez sur votre plateau. Il va falloir choisir et combiner entre les dés prières et les dés pierres disponibles puis les lancer.
Puis vous effectuez les actions : récupérer une divinité en payant le coût en dés indiqué sur la carte, construire les pyramides avec les dés pierres (vous pouvez construire sur un emplacement vide et défausser un nombre d’ouvriers dépendant de la valeur du dé. Vous gagnez un nombre de points de gloire égal à la valeur du dé posé en plus d’autres bonus accordés selon l’étage ), activer le pouvoir d’une divinité ou gagner des points de gloire en remettant 2 dés de votre choix dans la carrière.
À la fin de votre manche tous les dés inutilisés seront perdus. Enfin il faudra soutenir le culte des divinités. On compte le nombre de cartes divinités : si vous avez plus de divinités que de ressources vous devez défausser une carte divinité.
Pendant la phase de repos on choisit une tuile repos et on active tous ses effets : principalement prendre des ressources qui seront utilisées pendant la phase de travail.
La fin de partie se produit quand la réserve de dés pierres est vide ou si la pile de divinités est épuisée. Les joueurs ajoutent des points de gloire bonus aux points de gloire remportés tout long de la partie. Certaines cartes divinités vous apportent des points de gloire bonus. Chaque joueur révèle aussi sa carte projet pioché au début de partie et à chaque étage de la pyramide le joueur gagne des points en fonction de la condition indiquée sur la carte projet.
On aime retrouver le panthéon égyptien si riche et si beau dans le livret de règles. Les illustrations sont sublimes et le matériel est top.
Un jeu simple, très accessible et somme toute plaisant. On lui reprochera toutefois quelques défauts d’équilibrage des cartes de départ qui donnent des pouvoirs uniques et puissants (trop puissants) à chaque joueur.
Pyramidice, un jeu de Luigi Ferrini, illustré par Oscar Casel, Marco Pantaleoni, Quentin Regnes et édité chez Don’t Panic Games