Les chats anthropomorphes sont partout, des livres aux mangas en passant par les jeux de société, (comme avec le prochain Kyoto no neko) ces petits personnages mi-chat mi-humain reflètent le plus souvent les aspects de notre propre condition, de nos défauts, de nos vices, tout en conservant leur mystère félin et leur désir de liberté.
Ce mois-ci la sortie de Léo de Moto Hagio et Chats de poche d’Alexandre Aguilar et Romaric Galonnier nous régalent avec des félins hauts en couleurs pour notre plus grand plaisir.
Léo
La parution de Léo de Moto Hagio chez Akata est l’occasion de se plonger dans l’œuvre de cette immense mangaka peu connue en France.
Pour Xavier Guilbert, commissaire de l’exposition Moto Hagio : au-delà du genre qui lui était consacrée à Angoulême en début d’année, Moto Hagio est un monument dans l’histoire de la bande dessinée japonaise. Je pense qu’il n’y a pas d’auteur plus important au XXe siècle dans le manga.
Son ouvrage le plus emblématique, Le Cœur de Thomas, narre le récit poignant du sacrifice d’un jeune garçon pour libérer l’être aimé d’un traumatisme obsédant. Pendant longtemps, seul cet ouvrage avait été traduit en France.
Et pourtant l ‘influence de Moto Hagio est immense. Le Cœur de Thomas est reconnu comme l’une des œuvres fondatrices du Boy’s Love, un genre narratif explorant des relations amoureuses entre hommes, souvent traitées avec une grande intensité émotionnelle.
Née en 1949 dans la ville d’Omuta, sur l’île de Kyushu, elle se passionne très tôt pour les mangas. Une activité rapidement proscrite par ses parents.
J’ai été beaucoup réprimandée. Je me cachais pour lire et dessiner…
Cette rétrospective offre enfin l’opportunité de déconstruire définitivement les stéréotypes entourant le genre shôjo. Bien que principalement destiné à un jeune public féminin, les mangas shôjo n’hésitent pas à aborder de front des thématiques complexes.
En effet pendant longtemps, le shôjo a été réduit à des stéréotypes simplistes : féminin, rose, un peu mièvre. Pourtant, sa diversité et sa richesse dépassent largement ces clichés.
La vie de Moto Hagio est également marquée par ses chats. C’est en s’inspirant de l’un d’entre eux que lui est venue l’idée de créer une série d’histoires publiées entre 2008 et 2012 au Japon, dans la revue Flowers.
Cette série nous entraîne dans les aventures d’un jeune chat de deux ans, nommé Léo, qui déborde d’énergie et qui est surtout un véritable gourmand.
-Je te rapporterai du flanc pour me faire pardonner !
– Du flan, c’est quoi ça ?
– Un dessert, ils en servent à l’école.
– De la nourriture gratuite ?!
À travers différentes aventures, Léo explore le monde qui l’entoure. C’est un petit chat qui aime les plaisirs simples de la vie : jouer avec une balle, se balader et savourer de délicieux plats. Même s’il est heureux aux côtés de sa maman humaine, il est toujours ouvert à de nouvelles expériences. Que ce soit pour goûter les flans à la cantine de l’école ou pour venir en aide à une amie mangaka en devenant son assistant, Léo ne refuse jamais une occasion de découvrir quelque chose de nouveau.
Et oui Léo n’est pas un chat ordinaire : il possède la capacité de parler et de se tenir sur ses deux pattes, lui permettant ainsi d’interagir directement avec le monde humain qui l’entoure. Léo va découvrir à ses dépens que ce monde n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît.
L’œil affûté de l’autrice joue alors pleinement son rôle et n’hésite pas à critiquer ouvertement une école qui rejette les élèves inventifs, un brin turbulents et différents. Le monde de Léo n’est pas tout rose.
Léo de Moto Hagio aux éditions Akata
Chats de poche
Dans Chats de poche le monde n’est pas tout rose non plus.
En début de partie on choisit son clan de chats avec un chef de clan aux pouvoirs particuliers et on se prépare à la chasse aux proies. Mais attention, les chiens du quartier rôdent ! On mélange ses tuiles chats avec celles des chiens et des proies, puis on les dispose en un carré de 5×5 face cachée.
À son tour, on révèle une tuile et on effectue l’action de déplacement obligatoire associée en échangeant avec une autre tuile : en ligne ou en colonne si c’est un chien, d’1 ou 2 cases si c’est un chat, d’1 case adjacente même en diagonale si c’est une proie.
À la fin de la partie on retourne les tuiles chats adjacentes à une tuile chien qui la vise : en effet le chat n’est pas fou au point de rester près d’un chien ! On additionne ensuite la force de chacun de ses chats qui touchent une proie, et le joueur avec la force totale la plus élevée remporte la proie. Celui qui remporte le plus de points grâce aux proies remporte la partie.
C’est très malin et bien tactique : Vous voulez attraper le plus de proies (souris, pigeons et mouches) avec vos chats, mais votre adversaire fera tout ce qu’il peut pour que vos chats se fassent attraper par les chiens. Ça va miauler dans les chaumières.
Des illustrations vraiment trop mignonnes complètent cet excellent jeu tactique à deux.
Chats de poche : un jeu d’ Alexandre Aguilar et Romaric Galonnier, illustré par Jonathan Aucomte, Manu Gorobeï et Davy Mourier, édité chez Lumberjacks Studio.