Dans le dernier roman de Pascal Marmet, Commandant François Chanel, la mystique africaine complique une enquête où les apparences sont souvent trompeuses et où la beauté est synonyme de noirceur. De même, le commissaire Ricciardi, imaginé par l’écrivain italien Maurizio De Giovanni est hanté par les esprits : il voit et entend la dernière pensée des morts. Il entre de nouveau en scène dans un scénario écrit par Maurizio De Giovanni, Flaminia Brasini et Virginio Gigli dans MurderParty – Le baisser de rideau
Commandant François Chanel
La découverte du corps de l’ex-femme d’un ancien préfet dans son luxueux appartement, entourée de la collection d’art africain de son défunt époux, consterne jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat. Le préfet lui-même ayant perdu la vie quelques mois auparavant, y a-t-il un lien mystérieux entre ces deux événements ?
C’est au commandant Chanel du 36 quai des Orfèvres de tenter de résoudre l’enquête…
Deux suspects ont cambriolé l’appartement : sont-ils les meurtriers?
Tout les sépare : Laurent déambule en solitaire dans le hall de la gare de Lyon. C’est alors que Samy, un escroc au tempérament bien affirmé, le remarque instantanément. Avec l’intention évidente de tirer avantage de la candeur de ce jeune homme, Samy le convainc de le rejoindre pour cambrioler un appartement des beaux quartiers de Paris, désert pendant l’été.
En pénétrant dans l’appartement, ils découvrent un authentique sanctuaire des Arts premiers, saturé d’une atmosphère étouffante et regorgeant de trésors. Cependant, leur incursion prend une tournure inattendue lorsqu’ils font face à la propriétaire des lieux. Victime d’une chute dans les escaliers, elle est gravement blessée, et c’est Laurent qui lui vient en aide avant que nos deux complices ne prennent la fuite. Laurent emporte avec lui une mystérieuse statuette habilement dissimulée dans un tiroir secret. Quelques heures plus tard, la collectionneuse est retrouvée sans vie, victime de cinq balles tirées à bout portant. La question se pose : la belle Albane, veuve du Préfet, était-elle vraiment ce qu’elle semblait paraître ? enfin des événements mystérieux se déroulent gare de Lyon, précisément à l’endroit où Laurent a dissimulé son précieux butin.
Une troisième enquête s’ouvre pour le “Commandant François Chanel”, et c’est passionnant.
On évolue dans un univers urbain mais à la limite du merveilleux. L’auteur, Pascal Marmet, donne ici une importance particulière aux mythes et rites africains ce qui crée une atmosphère envoûtante à l’affaire somme toute classique que le commandant Chanel va démêler avec panache.
On ne peut qu’apprécier ce commandant qui se distingue par son originalité. Son esprit créatif et sa capacité à penser en dehors des sentiers battus en font un être complexe, entre sensibilité et froideur apparente.
Avec le temps et le recul, il comprit que le visage n’exprimait rien de bien avéré, et que l’homme était ses actes. Toutefois, l’art de la morphopsychologie lui permettait de s’orienter par des signes invisibles à l’œil non averti.
Après trente ans d’exercices et de visages, sa conclusion était sans appel : il y a des têtes de fourbe pleines de bonté comme des visages d’ange des plus dangereux, il y a des mâchoires carrées timides et des mentons fuyants militaires
Un personnage qu’on aime détester pour son machisme mais qui fait preuve d’une grande sensibilité artistique et une humanité touchante : On ne peut qu’apprécier le duo détonant composé du taciturne commandant Chanel et d’une jeune marginale au verbe haut qu’il prend sous son aile dans l’hôtel miteux et délabré qui lui sert de maison.
La fluidité de l’écriture de l’auteur offre une expérience de lecture agréable, marquée par un équilibre habile entre une intrigue complexe et des touches de mysticisme qui captivent. L’amour de l’écrivain pour ses personnages, même les plus secondaires, se ressent, et les chapitres, brefs et rythmés, propulsent l’intrigue de rebondissement en rebondissement, maintenant ainsi un suspense captivant.
Commandant François Chanel, de Pascal Marmet
MurderParty – Le baisser de rideau
Un autre gradé qui ne cesse de nous surprendre, c’est le commissaire Ricciardi. Il est le personnage principal d’une série policière écrite par l’auteur italien Maurizio De Giovanni et il revient dans deux MurderParty chez Carnio Creations & PixieGames : Le baisser de rideau et Péché Mortel.
Avec le commissaire Ricciardi, nous flirtons aussi avec le fantastique. Ici pas de mystique d’Afrique mais un don pour le moins surprenant : il voit et il entend la dernière pensée des morts, ceux de mort violente. Il le décrit lui-même comme le FAIT.
Mais c’est autre chose qui donne aux enquêtes du commissaire Ricciardi toute leur saveur : c’est la description des personnages eux-mêmes, jamais stéréotypés et pourtant tellement bien caractérisés. Et puis il y a Naples, dont l’auteur aime à décrire les odeurs, l’atmosphère, les lieux emblématiques et les histoires d’un glorieux passé.
Ce sont tous ces personnages complexes et fragiles et Naples que l’on retrouve avec plaisir dans Murder-Party Pocket : le baisser de rideau. Qui a tué le beau Domenico Brancaccio, célèbre acteur de théâtre italien ?
Naples, 1932. Une personne a été tuée et chacun d’entre vous est l’un des 6 suspects. L’affaire a été confiée au commissaire Luigi Alfredo Ricciardi de la préfecture de la police royale de Naples, aidé comme d’habitude par le fidèle sergent Raffaele Maione. Le meurtrier se cache peut-être parmi vous, et c’est à vous d’aider le commissaire à découvrir qui l’est. Serez-vous capable de le faire avant la fin du temps imparti ?
Au début de partie, chaque joueur se verra assigner le rôle d’un suspect à incarner à travers une carte Personnage. Les indices cruciaux à la compréhension de l’enquête et sa résolution sont dispersés dans des cartes liées aux suspects et qui seront dévoilées secrètement à trois moments distincts du jeu. Les joueurs devront user de réflexion, collaborer, partager leurs informations avec parcimonie, tout en cherchant à comprendre la vérité au-delà des apparences.
Lorsque tous les indices auront été révélés, les joueurs devront ensemble désigner le coupable et le mobile à travers une série de questions. Plusieurs choix sont possibles mais attention parmi les suspects, se trouve le meurtrier qui connaît son rôle dès le début du jeu, déterminé à détourner l’enquête et à s’échapper impunément.
Suivant le nombre de joueurs, le jeu peut se jouer en mode Murder avec rôle play ou en mode Enquête ! L’application nous guide à travers un tutoriel très clair et offre une immersion sonore des plus réjouissante. De plus le timer nous invite à recentrer nos déductions et nos discussions pour être le plus efficace possible. Pas besoin de prendre des notes, un calepin virtuel est toujours disponible et récapitule les indices principaux.
En somme un scénario très facile à mettre en place, de jolies illustrations, l’atmosphère unique des années 30 dans un théâtre napolitain où la réception vire au drame, des personnages complexes et souvent torturés et tout cela en collaboration avec l’auteur Maurizio De Giovanni. Une invitation à nous plonger dans la Naples d’avant guerre pour notre plus grand bonheur.
Une deuxième Murder Party Pocket – Péché Mortel offre une plongée dans l’univers sulfureux de la plus grande maison close napolitaine dirigée d’une main de fer par madame Manon…Ici aussi les apparences sont souvent trompeuses…
MurderParty – Le baisser de rideau de Maurizio De Giovanni, Flaminia Brasini, Virginio Gigli, illustré par Yuri Cagnardi, Alessandro Costa et edité chez Carnio Creations & PixieGames