Des auteurs comme Evelyn Waugh ont très tôt utilisé l’humour et l’ironie pour critiquer les attitudes condescendantes et paternalistes des Européens envers les Africains. Aujourd’hui je vous parle du récit d’Evelyn Waugh : Hiver africain, voyage en Ethiopie et au Kenya (1930-1931) et du jeu Ecosystem: Savanna de Daniel Dávalos, Steve Schlepphorst et Matt Simpson.
Hiver africain, voyage en Ethiopie et au Kenya (1930-1931)
Evelyn Waugh est réputé pour ses œuvres satiriques et ses critiques mordantes de la société britannique. Cependant, ses expériences sur le continent africain et les récits qui en découlent constituent une partie fascinante de sa production littéraire.
Dans les années 1930, Waugh entreprend plusieurs voyages en Afrique, visitant des régions telles que l’Éthiopie, le Kenya et le Congo belge, notamment comme correspondant pour le « Daily Mail ».
L’Afrique, avec son exotisme, offrait une échappatoire fascinante contrastant fortement avec la vie anglaise.
Deux jours plus tard, je pris un train pour le Gloucestershire, où je rencontrai un ami qui travaillait pour un quotidien londonien. Je me mis à lui vanter les mérites du voyage que je projetais (…) Il me dit qu’il pouvait peut être s’arranger pour m’obtenir un poste de collaborateur subalterne au journal.. En rentrant du week-end, j’allais donc voir le rédacteur en chef de la rubrique Etranger et à l’issue de cet entretien je me retrouvais pour la première fois de mon existence journaliste accrédité (…)
Mais Waugh ne fait pas preuve de romantisme dans ses descriptions. Dans Hiver africain, voyage en Ethiopie et au Kenya (1930-1931) il dépeint plutôt une Afrique authentique, avec un regard souvent empreint d’ironie et de critique vis-à-vis du colonialisme et des prétentions européennes.
Il embarque pour l’Abyssinie afin d’assister au couronnement du nouvel empereur. Les cérémonies, les officiels et les différentes délégations sont croqués avec un humour savoureux.
En fait je songe toujours à Alice au pays des merveilles quand je cherche un parallèle historique à Addis-Abeba (…)c’est uniquement dans Alice que l’on trouve cet étrange univers où la réalité est transfigurée et galvanisée, où les animaux ont des montres dans les poches de leur gilet, où la royauté arpente le terrain de croquet aux cotées du bourreau et ou les litiges prennent fin dans une envolée de cartes.
Les personnages rencontrés et les nombreuses mésaventures de l’auteur sont décrits avec brio : qu’il s’agisse de bureaucrates locaux, d’aventuriers de toutes sortes, des tracas de la bureaucratie, du climat ou des imprévus du transport sous les tropiques.
Comment se fait-il que, parmi tant de terreurs et d’épouvantail imaginaires, nous accordions si peu d’importance à l’horreur absolue où nous plonge l’ennui? Il me semble qu’on a jamais parlé suffisamment de cet aspect des voyages. Personne ne peut savoir ce qu’est réellement l’ennui avant d’être allé sous les tropiques. Dans la vie civilisée, l’ennui est banal et temporaire (…) toutes ces horreurs qui nous incitent à gagner les contrées les plus reculées de la terre ne sont que violettes et anagallides comparées aux horreurs flamboyantes qui fleurissent et prolifèrent dans la pénombre et l’humidité torride des sanctuaires tropicaux où nous cherchons refuges.
L’œuvre de Waugh sur l’Afrique est caractérisée par une satire des systèmes coloniaux. L’auteur critique la vision occidentale qui perçoit l’Afrique à travers un prisme d’exotisme et de supériorité. Il dévoile, comme si de rien était , l’ignorance et la condescendance des colons, tout en capturant les complexités d’un continent en pleine mutation.
Evelyn Waugh : Hiver africain, voyage en Ethiopie et au Kenya (1930-1931), Petite bibliothèque Payot.
Ecosystem : Savanna
Pas le temps de s’ennuyer avec Ecosystem Savanna : nous partons pour la savane du Serengeti. Les joueurs choisissent à tour de rôle des cartes représentant la biodiversité de la prairie africaine et les disposent dans un « écosystème » de 4×5 devant eux : des zèbres, des gazelles, des éléphants, des guépards, des lions…
On gagne des points en faisant profiter les herbivores des points d’eau ou en plaçant les carnivores proches de leurs proies. Il va falloir diversifier la chaîne alimentaire pour maximiser les bonus.
Une fois que tous les joueurs ont complété leur grille personnelle de 20 cartes, ils comptent les points de leurs écosystèmes en utilisant les règles spécifiques à chaque type de carte. Le jeu récompense les joueurs pour la construction de chaînes alimentaires cohérentes. En effet, dans Ecosystem Savanna les cartes proies sont retournées une fois chassées et peuvent profiter aux charognards s’ils se trouvent à proximité.
De la même façon que “Ecosystem” et “Ecosystem Reef”, “Ecosystem Savanna” est un excellent jeu de draft, simple, rapide et efficace. Une belle gamme avec des illustrations immersives et une boîte éco-responsable sans insert ni emballage plastique.
Ecosystem: Savanna, un jeu de Daniel Dávalos, Steve Schlepphorst et Matt Simpson, illustré par Mesa Schumacher et édité par Genius Games.