La nouvelle édition chez Flammarion des Mémoires du marchand des impressionnistes de Paul Durand-Ruel est l’occasion de redécouvrir ce personnage dans l’ombre des grands maîtres de la fin du 19 e siècle. Et si la vie d’un grand marchand et collectionneur d’art vous tente vous pouvez aussi jouer à Art Society de Mitch Wallace.
Mémoires du marchand des impressionnistes
Paul Durand-Ruel est un Visionnaire. C’est lui qui inventa une nouvelle façon de faire connaître les artistes. Il a posé les bases du marché de l’art tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Edouard Manet, Claude Monet, Renoir, Camille Pissarro, Berthe Morisot… Paul les rencontre tous et défend leur travail avec passion.
Au 19e siècle, en plus du Salon officiel, d’autres voies émergent pour le commerce de l’Art. Au cœur de cette évolution se trouve Paul Durand-Ruel, qui devient le principal marchand des impressionnistes qui rejettent les conventions académiques.
En 1872 Albert Wolf écrit un article particulièrement acerbe lors de la première exposition qui leur est consacré :
La rue Le Peletier a eu du malheur. Après l’incendie de l’Opéra, voici un nouveau désastre qui s’abat sur le quartier. On vient d’ouvrir chez Durand-Ruel une exposition, qu’on dit être de peinture. Le passant inoffensif, attiré par les drapeaux qui décorent la façade, entre, et à ses yeux épouvantés s’offre un spectacle cruel. Cinq ou six aliénés, dont une femme, un groupe de malheureux atteints de la folie de l’ambition, s’y sont donnés rendez-vous pour exposer leurs œuvres. Ils prennent des toiles, de la couleur et des brosses, jettent au hasard quelques tons et signent le tout.
Dès les années 1870, Paul Durand-Ruel saisit l’importance d’ouvrir le marché de l’art en dehors des circuits traditionnels parisiens. Il inaugure une galerie à Londres en 1870 puis à Bruxelles et commence à exposer des œuvres impressionnistes aux États-Unis : un nouvel eldorado de l’art. L’exposition new-yorkaise d’avril 1886, intitulée « Œuvres à l’huile et au pastel par les impressionnistes de Paris », marque un tournant. Elle est saluée par des critiques. Dès lors, hors du carcan parisien la légitimité des peintres impressionnistes s’impose à l’internationale et par la même en France.
À la fin de sa vie, il pouvait écrire dans ses mémoires:
Enfin les maîtres impressionnistes triomphaient comme avaient triomphé ceux de 1830. Ma folie avait été sagesse. Dire que si j’étais mort à soixante ans, je mourais criblé de dettes et insolvable, parmi des trésors méconnus…
Paul Durand-Ruel a écrit ses mémoires à plusieurs reprises et ce sont ces descendants, Paul-Louis Durand-Ruel et Flavie Durand-Ruel qui ont combiné les divers écrits dans lesquels Paul Durand-Ruel raconte sa vie et nous livre un témoignage passionnant sur son époque et l’Histoire de l’art.
« Ce n’est pas sur les bancs de l’école ni dans les milieux académiques qu’on trouvera les jeunes artistes qui aient des visions intéressantes. C’est parmi ceux qui ne cherchent leurs inspirations qu’en eux-mêmes, dans la contemplation des merveilles toujours nouvelles de la nature, et dans l’étude approfondie des chefs-d’œuvre des grands maîtres de tous les temps. »
De 1871 à 1873, Paul Durand-Ruel découvre le travail d’Edouard Manet, Claude Monet, Camille Pissarro, Edgar Degas, Auguste Renoir, puis Berthe Morisot et Mary Cassatt.
Monet témoigne en 1924 :
Sans Durand, nous serions morts de faim, nous tous les impressionnistes. Nous lui devons tout. Il s’est entêté, acharné, il a risqué vingt fois la faillite pour nous soutenir. La critique nous traînait dans la boue ; mais lui, c’est bien pis ! On écrivait : ces gens sont fous, mais il y a plus fou qu’eux, c’est le marchand qui les achète !
(A Giverny, chez Claude Monet / Marc Elder, 1924)
Il est visionnaire par ses idées novatrices. En effet, il donne accès à ses appartements de la rue de Rome, qui abritent sa vaste collection personnelle d’œuvres impressionnistes. À une époque où les expositions sont généralement payantes, Durand-Ruel accueille gracieusement le public dans son domicile familial. Sa collection personnelle, véritable rétrospective de l’impressionnisme, lui permet notamment de séduire de nouveaux clients au sein d’un cadre plutôt traditionnel et rassurant.
Mémoires du marchand des impressionnistes de Paul Durand-Ruel aux éditions Flammarion.
Art Society
Dans Art Society, vous êtes un amateur d’art qui tente d’impressionner ses pairs en rassemblant chez vous la collection d’art la plus en vogue de toutes ! Un joueur choisit les œuvres à mettre aux enchères (le nombre de joueurs + 1) mais uniquement en connaissant la taille des tableaux. Puis une fois les tableaux révélés, les enchères débutent.
Les collectionneurs choisissent simplement un panneau entre 1 et 20 pour un usage unique. La plus haute enchère permet de choisir l’œuvre en premier. L’œuvre qui n’aura pas été choisie par les joueurs ira au musée et fera augmenter la côte de son type (4 différents).
Ensuite vient la phase de pose de tuile. Si les cadres identiques vous rapportent des bonus s’ ils sont placés côte à côte, en revanche, le même type de tableau ne vous fera pas marquer les œuvres : c’est un faux pas. La partie s’arrête quand un joueur ne peut plus poser ses œuvres. Les scores sont déterminés en fonction des œuvres déposées au musée tout au long de la partie et de la ligne de vue de votre mur : les meilleurs emplacements.
C’est un excellent jeu ! Si les enchères sont très simples, la pose de tuiles est la mécanique principale. Et ça fonctionne parfaitement. Avec un peu de prise de risque, l’interaction est légère et les scorings malins. On adore le thème et la réinterprétation de chefs d’œuvres classiques… ça fait complètement sens en plus d’être décalé !
Art Society, un jeu de Mitch Wallace, illustré par Giacomo Vichi, Sofia Rossi, Veronica Grassi, Angelica Regni, Doris Shermaghi, Max Kosek et édité chez Mighty Boards.