Mon avis sur Art Society : attention, peinture fraîche

Enchérissez pour les meilleurs tableaux et faîtes prospérer votre galerie dans Art Society ! Un jeu de pose de tuiles et d’enchères paru chez Lucky Duck Games.

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Par : Frédéric Domain

Dans : Critiques et Avis

Art Society jeu critique avis

Mon avis en bref

Art Society est un jeu superbement édité, avec des mécaniques d'enchères et de pose de tuiles au coeur de son gameplay. Elégant et fluide, c'est un jeu tourné vers un public familial. Son système de scoring, trop aléatoire, n'est cependnant pas assez convaincant pour les joueurs experts en demande de contrôle.

Dans Art Society les joueurs vont collectionner des tableaux dans leur galerie, en essayant de les combiner sans faire de faute de goût. Pour acquérir ces oeuvres, le jeu propose un système d’enchères. Serez-vous le meilleur collectionneur ? Voici mon avis et ma critique d’Art Society.

Ceci n’est pas une édition de prestige

Le travail éditorial sur ce jeu est clairement dans le haut du panier. A commencer par la boîte, dont la face avant est double-couche. L’intérieur de la boîte révèle des compartiments feutrés, qui accueillent les tableaux dans des compartiments attitrés. C’est superbe, et ergonomique. Les tableaux eux-mêmes sont des reproductions humoristiques ou décalées d’oeuvres existantes.

4 genres picturaux sont présents dans le jeu et représentés par des étiquettes en bas des cadres : les Scènes urbaines (bleues), les Natures mortes (jaunes), les Portraits (rouges) et les Paysages (verts). Les tableaux ont différentes tailles et formes (horizontales et verticales).

Pour les joueurs, un plateau individuel de bonne facture représente la galerie. Les emplacements de tableaux sont bornés par des pointillés embossés, qui les maintiennent suffisamment pour qu’ils ne bougent pas. Jusque dans les moindres détails, l’édition d’Art Society est soignée.

Au niveau de l’ergonomie, c’est toujours un sans-faute : les typos et l’iconographie sont claires et classes. Les jetons, cartes d’enchères ou tout autre petit matériel ont reçu le même traitement minutieux.

Seul petit bémol : le rangement en fin de partie n’est pas optimisé, et on se retrouve à bourrer un peu le matos dans ce fond feutré qui semble assez fragile. J’aurais aimé des gametrays à la manière du fantastique Empire’s End.

Le gameplay étoilé

Le tour de jeu d’Art Society est simple :

  1. un joueur va choisir les tableaux à acquérir, en fonction de la place et de la taille qu’il souhaite (on ne voit que le dos des tableaux quand on les choisit)
  2. les joueurs enchérissent, puis en commençant par l’enchère gagnante, sélectionnent un tableau et le posent dans leur galerie
  3. le tableau qui n’est pas choisi va faire monter sa couleur sur une piste de réputation, piste qui déterminera le scoring de fin de partie

Art Society est donc un jeu qui se base sur deux mécaniques :

  • les enchères
  • la pose de tuiles en tableau-building

Enchères

A chaque tour, les joueurs vont donc poser face cachée une carte d’enchère, dont la valeur est située entre 1 et 20. Chaque carte d’enchères jouée ne sera pas récupérée. Vous allez donc devoir gérer ces valeurs et ne pas cramer vos 18-19-20 trop vite, puisque plus le jeu avance, et plus l’espace dans votre galerie manquera.

enchères art society

Pose de tuiles

Justement dans cette galerie, vous allez devoir exposer les tableaux que vous avez gagnés aux enchères, avec des contraintes de pose :

  • un tableau doit tenir dans le quadrillage de votre galerie
  • vous devez éviter de faire toucher les bords de tableaux de la même couleur d’étiquette (sinon ils ne comptent pas dans le score)
  • vous essayer de faire correspondre des cadres identiques (ça vous donne des bonus de décoration, des petites tuiles pratiques pour boucher les trous)
  • une rangée appelée ligne de vue vous donnera des points bonus pour chaque tableau de la couleur en vedette

Un assistant est là pour vous aider si votre enchère aboutit à un tableau que vous ne souhaitez pas ou pas tout de suite : entreposez-le dans un coin de la galerie, et accrochez-le plus tard.

Le gameplay d’Art Society vous fait donc naviguer entre enchères basiques et pose de tuiles. Et ça marche plutôt bien : compléter sa galerie est agréable, et optimiser cadres et couleurs se fait sans trop de difficulté. Mais.

Le radeau du scoring

Le gros problème d’Art Society réside dans son système de scoring. La couleur qui n’est pas choisie lors des enchères fait ainsi monter ladite couleur sur une piste, d’autant de cases que sa valeur (les tableaux ont une valeur entre 3 et 9). La couleur la plus en vue fera scorer x5 + 3 points par tableau de la même couleur dans la ligne de vue.

Mais on a globalement très peu de contrôle sur ça, puisque les tableaux sont tirés aléatoirement déjà, et aussi car les contraintes de poses ne vous laissent pas beaucoup de choix au final. Il faudrait sacrifier complètement votre tour pour éventuellement faire monter la couleur qui vous intéresse, si elle est présente dans les tableaux présents au moment de choisir.

Donc au final on va poser pour respecter les contraintes et éviter les fautes de goût, tout en mettant le maximum de couleurs dans la ligne de vue et constater à la fin quelle couleur score le plus.

Bien sûr, cette critique du scoring concerne les joueurs initiés/experts. Si vous jouez en mode détente le jeu tourne superbement bien, et ses qualités éditoriales comme sa fluidité de gameplay restent super-staisfaisantes. Mais il manque à Art Society, à mon goût, cette finition dans la scoring pour donner du contrôle aux joueurs.

piste de réputation art society

Ma galerie sur l’herbe

Pour qui alors, ce Art Society ? Je dirais par conséquent pour un public familial et initié, celui qui cherche un jeu fluide, agréable, et feel good. Ses atouts éditoriaux et graphiques, sa facilité de mise en jeu, lui confèrent des qualités indéniables. Sa propension à laisser le hasard décider du scoring final est son seul défaut à mes yeux. Une mécanique aurait pu donner du contrôle au joueur qui enchérit le moins, ou pour l’enchérisseur du milieu, sur cette piste de réputation. Mais peut-être que l’analysis paralysis aurait alors monté de trois crans ?

Pour les experts, et les allergiques au hasard, je vous conseille de vous ruer sur l’excellent Empire’s End, dont le système d’enchères et le caractère punitif vous ravira les neurones, au détour d’un petit incendie ou d’une épidémie de peste.

Ah, et le jeu ne fonctionne pas bien à deux, comme pour tout jeu d’enchères mieux vaut y jouer à 3 ou 4 !


art society
ludum

Etiquettes : Art society | jeux d'enchères | lucky duck games | pose de tuiles


Infos :

Editeur : Lucky Duck Games

Créé par : Mitch Wallace

Illustré par : Max Kosek, Sofia Rossi

Nb joueurs : 2 à 4

Idéal à : 4

Age mini : 10 ans

Durée : 60mn

Caractéristiques :

Complexité : 3

Thématisation : 4

Interactivité : 3

Edition

4

Mécaniques

3

Rejouabilité

3

Originalité

3

Note

13

Comment sont notés les jeux ?


Points Positifs

L'édition sensationnelle

Un jeu familial et fluide

Faire une galerie sans faute de goût

Points Négatifs

Le scoring aléatoire punitif

Le jeu n'est pas bon à deux joueurs


Frédéric Domain


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