Quand Catch-Up Games sort un nouveau jeu, mon attention est à son maximum : le studio Lyonnais nous a sorti pépite sur pépite dernièrement, entre Faraway, couronné de l’As d’Or Initié et Courtisans, prouesse éditoriale. J’aime beaucoup les orientations graphiques prises par Catch-Up. Le petit dernier sorti de l’écurie se nomme Rivages, un jeu à cocher assez original et très abouti dans sa proposition. Voici donc ma critique et mon avis sur Rivages !
Fais comme si j’avais pris la mer
Rivages est un jeu à cocher, dans lequel vous allez explorer des îles et leur biomes. En utilisant des cartes exploration représentant différentes couleurs, vous tenterez de cocher des zones de même couleur, d’entourer des bâtiments, de relier des points et d’autres objectifs. Une fois l’île suffisamment exploitée, cochez une case bateau et découvrez les rivages d’une nouvelle !
En cochant certaines cases, en réalisant quêtes et objectifs, vous marquerez des points de victoire. Attention si le rythme est tranquille, le jeu est assez court : en 20 minutes la partie sera conclue.
J’ai sorti la grand voile
J’ai immédiatement scruté la qualité de l’édition, pour voir si Catch-Up était capable de maintenir ses standards encore une fois. Et la réponse est : oui. Dans tous ses aspects, Rivages est une réussite. Graphiquement, grâce à l’illustrateur Naïade, dont les qualités ont été depuis longtemps prouvées avec des titres comme Tokaido, Seasons, Diferencio, le prochain Dead Cells, Sobek…
Dans l’iconographie, dans les différents biomes ou bâtiments, sur la couverture, tout est frais et bien réalisé. Les contrastes et la colorimétrie sont flashy sans être grossiers.
Du côté éditorial c’est un sans-faute : les feutres sont de qualité, les chiffonnettes sont fournies. Les îles et les cartes exploration sont solides et claires. La règle fait 4 pages à peine et les règles sont claires. Un sac en tissu permet de piocher des trésors. Il se dégage de Rivages une vraie personnalité, un feeling, dû à un mix entre qualité éditoriale, graphismes et toucher.
Car tout ça tient en à peine…20€. C’est ça qu’il faut avoir en tête. Comme pour Courtisans et Faraway, Catch-Up a réussi à bourrer des idées et leur réalisation dans une boîte à 20€. Bien joué.
J’ai glissé sous le vent
Comment réaliser un jeu à cocher qui ne répète pas inlassablement la même formule ? C’est l’une des questions que l’auteur Joachim Thome (Wild Space, Colorado, les Tribus du Vent) a dû se poser. Et ses réponses sont intéressantes. Rivages propose un gameplay dans lequel le terrain que l’on coche n’est pas unique : vous pouvez explorer plusieurs îles dans Rivages.
Ces îles vous donnent une quête principale et des objectifs, qui peuvent être par exemple de relier des cases dans un certain ordre, ou de cocher un type de biome en particulier. Ces objectifs et quêtes vous donnent des bonus en points de victoire, ou déclenchent des combos avec trésors et longues-vues.
Autre élément de gameplay central : les cases que l’on peut cocher à chaque tour sont déterminées par des petites cartes, que l’on se passe entre joueurs à chaque fin de tour, et qui posent pas mal de dilemmes :
- quelle est la meilleure combinaison pour moi ?
- qu’est-ce que je laisse à mes adversaires ?
- est-ce que je prends la ligne 1 ici pour espérer compléter avec la ligne 3 plus tard ?
Ca reste léger, on est pas dans l’analysis paralysis non plus, car Rivages est un jeu accessible et dans un range familial/initiés. L’une des orientations stratégiques réside dans le choix de bien exploiter une île ou d’essayer de papillonner un peu, et d’explorer 2, 3 ou 4 îles. Car un bonus de 4 points de victoire attend le plus explorateur des joueurs. En gros, tout fait scorer, ce sont les micro-dilemmes et autres opportunités qui vous orienteront.
Enfin, sur le côté de votre île, un plateau intitulé arbre de sagesse (double face)recense les statues de pierre que vous avez cochées, et vous accorde des points de victoire de plus en plus élevés, ou des bonus sur sa face B.
Et si tu crois que c’est fini
Rivages se joue rapidement, en 20 minutes environ, et j’ai trouvé qu’il lui manquait 5 à 10 minutes pour nous donner un sentiment de complétion un peu plus marqué. On a le temps d’explorer deux îles au maximum, et on aimerait pouvoir s’étendre un peu plus.
Niveau rejouabilité, aucun souci puisque le nombre d’îles est conséquent, et les cartes à cocher aléatoires. On fera quand même toujours plus ou moins la même partie. En ce sens je ne placerai pas Rivages aussi haut dans mon classement personnel des jeux à cocher que Welcome to The Moon (le meilleur) ou Newsboys (mon pêché mignon).
Mais à 20€ il reste une proposition très bien foutue, solide dans son gameplay, et agréable à jouer. Avec sa durée contenue et son rythme tranquille, Rivages est un vrai bon jeu, destiné à un public qui découvre la mécanique des jeux à cocher, ou qui aime les petits jeux pas trop complexes pour se détendre. Rivages a aussi un mode solo, que je n’ai pas pu tester et que je n’ai pas pris en compte pour cet avis.
Bien aidé par la touche Naïade, et le savoir-faire de Catch-Up pour sublimer un jeu, je recommande Rivages sans sourciller !
Rivages – dès 8 ans – 1 à 5 joueurs – Mode solo – 25 min – Prix : 18€