Le destin unique d’Alexandra David-Néel, première occidentale à entrer au Tibet, ses explorations audacieuses, sa quête spirituelle, ses écrits fascinants ont fait d’elle une figure captivante et féministe d’avant-garde. Redécouvrez cette personnalité haute en couleurs dans la bande dessinée de Fred Campoy et Mathieu Blanchot et le jeu Cartaventura : LHASSA de Thomas Dupont, Arnaud Ladagnous et illustré par Guillaume Bernon et Jeanne Landart.
Une vie avec Alexandra David-Néel de Fred Campoy et Mathieu Blanchot
L’aventure débute en 1959, alors qu’Alexandra David-Néel, devenue une vieille dame autoritaire et impotente, engage Marie-Madeleine Peyronnet, une jeune femme modeste et peu éduquée, pour l’assister au quotidien. Dès le début, Alexandra ressent une connexion particulière avec Marie-Madeleine. Quant à cette dernière, elle ignore encore que sa vie va prendre un tournant inattendu.
C’est à travers les yeux de Marie-Madeleine, devenue la narratrice de cette histoire, que nous plongeons alors dans le récit. Adapté des mémoires de Marie-Madeleine Peyronnet, secrétaire particulière d’Alexandra David-Néel pendant une décennie, l’histoire nous dévoile la vie quotidienne aux côtés de l’aventurière dans sa villa de Digne, appelée « Samten Dzong ». Sanctuaire abritant les souvenirs de 14 années passées en Asie, c’est une demeure sombre, habitée par des rats et des araignées, où s’entassent malles, livres et souvenirs de voyages.
Malgré l’aspect lugubre des lieux, c’est ici que les deux femmes vont tisser des liens et se découvrir mutuellement. Entre les sautes d’humeur d’Alexandra et la fascination de Marie-Madeleine pour la culture et l’intelligence de sa patronne, une relation unique et intrigante va se développer entre elles-deux.
Marie-Madeleine est littéralement captivée par le destin extraordinaire d’Alexandra. En tant qu’orientaliste, exploratrice, journaliste et écrivaine, Alexandra David-Néel a marqué l’histoire en devenant le premier occcidental à pénétrer à Lhassa en 1924, bravant l’interdiction d’accès aux étrangers. Son périple l’a conduite à travers le monde, explorant des contrées telles que l’Inde, le Tibet, le Japon, la Chine, et d’autres régions de l’Asie. Profondément immergée dans la culture asiatique, elle fut ordonnée nonne bouddhiste au Tibet. Les écrits d’Alexandra David-Néel ont joué un rôle crucial en sensibilisant le public occidental à la richesse de la spiritualité orientale.
Le récit de Thomas Dupont et Arnaud Ladagnous alterne entre vie quotidienne avec une vieille femme despotique et étrange, graphiquement en noir et blanc, et les souvenirs de voyages, en couleur, qui nous plongent dans la fascinante beauté glaciale des paysages tibétain. Un album particulièrement réussi qui rend encore plus fascinante cette femme d’exception.
Une vie avec Alexandra David-Néel de Fred Campoy et Mathieu Blanchot
Cartaventura : Lhassa
Cartaventura est une série de jeux narratifs de poche où les joueurs, munis de cartes bâtissent leur propre aventure. Les joueurs y endossent le rôle du héros et explorent un scénario avec plusieurs fins possibles. Il faudra à coup sûr y revenir à plusieurs reprises pour dévoiler la totalité des intrigues proposées.
Dans Cartaventura Lhassa, direction le Tibet sur les traces d’Alexandra David-Néel en 1916.
Il est à remarquer que Thomas Dupont, et le scénariste Arnaud Ladagnous, se sont entourés de spécialistes : le scénario Lhassa a été réalisé avec l’aide de la Maison Alexandra David-Neel. Ici l’intrigue se centre sur un journaliste qui cherche à échapper à l’horreur des tranchées de la Première Guerre mondiale. Après avoir été captivé par l’œuvre d’Alexandra David-Néel consacrée au bouddhisme, le journaliste entreprend un voyage en Asie à la quête de cette dernière.
Il est animé avant tout par le désir de trouver la paix intérieure. Son périple, ponctué de rencontres déterminantes pour la poursuite du voyage, le conduit du Sri Lanka à l’Inde et au Tibet, finalement jusqu’à la cité mystérieuse de Lhassa. C’est tout un microcosme et une société tiraillée par les conflits extérieurs et les enjeux politiques locaux qui s’ouvrent à nous.
Les articles envoyés pour son journal lui permettent de subvenir à ses besoins…mais entre témoignages lénifiants et désir de montrer la rudesse des conditions de travail dans les plantations de thé, les choix sont cornéliens…
Ce sont eux qui justement vont façonner cette histoire, se dévoilant progressivement à travers la révélation et la lecture séquentielle des cartes du jeu. Les cartes avec un symbole éclair demandent une lecture immédiate, tandis que celles avec le symbole plan doivent être disposées sur la table, en les juxtaposant aux autres cartes indiquées par la rose des vents. De cette manière, le plan de notre aventure prend forme petit à petit sous nos yeux, exposant les divers choix qui se présentent.
Comme plusieurs options s’offrent régulièrement à nous, il est impossible d’explorer l’intégralité des cartes. La fin de la partie est déclenchée lorsque la carte indiquée comme étant la dernière est lue. Comme plusieurs fins sont possibles, il n’y a finalement ni bonne ni mauvaise conclusion. A vous de prendre un chemin différent lors de vos prochaines parties.
Pour moi l’immersion est totale et la beauté des illustrations de Guillaume Bernon et Jeanne Landart en font un très beau compagnon de voyage. La rejouabilité est bluffante pour un jeu de cette taille. On a envie d’emprunter d’autres routes, d’interagir autrement avec d’autres personnages et de trouver nous aussi notre paix intérieure.
Cartaventura : Lhassa de Thomas Dupont et Arnaud Ladagnous, illustré par Guillaume Bernon et Jeanne Landart.