Si vous êtes passé à côté de la série The Bear (disponible sur Disney+), vous avez manqué une oeuvre à part dans le paysage actuel des séries télé.
The Bear, la série
C’est l’histoire de Carmy Berzatto, un ancien chef étoilé qui revient à Chicago pour reprendre la sandwicherie de son grand frère Michael, qui vient de se suicider. Il y retrouve une faune de personnages bariolée, avec lesquels il va devoir composer pour sauver ce qui peut l’être.
Ce qui frappe immédiatement, c’est l’atmosphère qui rappelle des films des années 1990-2000 comme Smoke de Wayne Wang ou Coffee and cigarettes de Jim Jarmush : des dialogues parfois anodins, parfois profonds où les aspirations des personnages transpirent. D’ailleurs la sélection musicale est à l’avenant : Radiohead, REM, Pearl Jam, les Breeders, entre autres, illustrent ces parcours de vie sous tension. Le tout étant indissociable du cadre : une ville qui vit, bruyante, active, imposante.
Les acteurs se surpassent et rendent chaque rôle intéressant et attachant. On apprend à les aimer, qualités comme gros défauts.
Deux saisons sont disponibles, avec des ambiances légèrement différentes mais toujours soumises au stress continu de la tenue du restaurant et de son impact sur la vie et les espoirs de ses employés. Certains regrettent que la deuxième saison soit plus construite comme une success story mais je la vois plus comme un hymne à la résilience: familiale, amoureuse, professionnelle,… avec ses nombreux ratés et ses quelques réussites.
Laissez-vous happer par la frénésie du coup de feu et puis… créez votre propre saison avec Chicago’s kitchen.
Chicago’s kitchen, le jeu de rôle
Le jeu est directement né de l’amour de son auteur pour la série.
Chicago’s kitchen est un jeu de rôle en solo où vous allez incarner la propriétaire d’un restaurant au travers de plusieurs saisons. Après un joli survol de la ville elle-même (ses spécificités culturelles, ses quartiers, ses personnalités, ses spécialités,…), on vous propose de créer votre brigade.
Le principe du jeu est celui, en vogue, du journal intime. Comme dans d’autres jeux déjà passés en revue ici comme Chroniques d’un vampire millénaire, La voie du corbeau ou Les cernes du temps, vous allez réagir à des accroches générées par le jeu et broder, improviser autour de celles-ci pour adapter votre propre histoire.
En plus du côté narratif, Chicago’s Kitchen propose un système de compteurs (argent, cadre, réputation, nourriture, service) qui définissent la santé de votre restaurant, que vous allez tenter de garder à flot. Votre brigade sera détaillée par cinq rôles, chacun se distinguant par une compétence et un passif à gérer.
Mais ce côté mécanique, d’ailleurs léger, est surtout l’outil qui va vous aider à nourrir des situations riches, rythmées à chaque saison (printemps, été, automne, hiver) par 4 événements.
La combinaison des secrets du restaurant et de son propriétaire, et des personnalités qui le font vivre rendra chaque incident unique. D’autant plus que des petits lancers de dés rajouteront l’imprévu qui guette à chaque épisode.
Il ne s’agit en fin de compte que de créer une histoire, pas de jouer contre le jeu, même si vous finissez par mettre la clé sous la porte. Et encore, dans ce cas-là, il est possible de vous compromettre pour relancer votre affaire.
Voilà donc un petit jeu à petit prix, très riche et qui a bien compris les codes de son inspiration et des séries américaines modernes en général.
Chicago’s kitchen, un jeu de rôle de Jérôme Mioso, aux Fondations de l’Imaginaire. (9,90€)
