Une nouvelle année commence et vous affrontez d’emblée deux défis :
- vos amis ne veulent pas braver les frimas de l’hiver pour vous rejoindre à la table de jeu et
- une douce mélancolie vous envahit, mélange des bilans de l’année passée et des résolutions de l’année à venir.
Heureusement, deux petits jeux de rôle vont venir à votre rescousse et résoudre ces problèmes. Ils se jouent en solo et vous offrent un petit moment d’introspection tout en douceur.
Les cernes du temps
Sachant mon amour pour les jeux de rôle au format surprenant et les arbres, la formidable Girl Dot Game m’a offert… un jeu de rôle solo où on interprète un arbre. Pas un Ent des Terres du Milieu ou un Homme-Arbre du Vieux Monde, juste un arbre. Et on se laisse porter par le temps qui passe.
Les cernes du temps suit le modèle de nombreux jeux solo qui utilisent un système d’accroches aléatoires. Dans des jeux comme Transformation, A quite year ou Love and barbed wire, disponibles en anglais, on utilise un jeu de cartes classique dont le tirage renvoit à différents types d’événement. Ici, le moteur du jeu est une sorte de tarot de cartes d’arbres, où la symbolique des essences est utilisée pour inspirer l’ambiance de la nouvelle scène.
On commence par définir l’arbre que l’on va interpréter, guidé par ce qu’il représente et la tonalité que l’on souhaite insuffler à l’histoire. On imagine le contexte dans lequel il pousse (au centre du jardin d’Eden, dans un cloître au Moyen Age ou encore dernier de son espèce après l’apocalypse nucléaire). Et puis, selon son espèce, on cadence sa vie, par sauts de quelques années, et on imagine comment il traverse la vie d’une famille, d’une communauté voire d’une civilisation.
On peut jouer au rythme que l’on désire, par exemple en tirant une carte avant d’aller se coucher, pour générer la suite de ce conte éveillé. Sa cadence modulable s’adapte à votre propre soif d’aventure ou à la langueur de vos méditations.
Cette simplicité de mise en place et d’explication et l’évocation immédiate de scènes inspirées des symboles en font un jeu comme je les aime, à la fois extrêmement ouvert et intuitif. Les livrets sont joliment illustrés et extrêmement didactiques, ce qui permet aux débutants de démarrer facilement. Et, finalement, rien ne vous empêche de jouer la jeunesse de Sylvebarbe…
Un jeu d’Erell, aux éditions Posidonia. En français.
Void 1680 AM
Vous avez toujours rêvé d’animer votre propre station de radio, avec une antenne faite de cintres et de râteaux accrochée à la cheminée? Dans ce jeu de rôle solo, vous allez pouvoir inonder le monde de vos goûts musicaux et de vos opinions sur la vie, l’amour, l’actualité, les vaccins et la 5G. Munis d’un paquet de cartes classique et d’un dé, vous créez une liste de douze chansons, liées par la thématique de votre show.
Les tirages de carte (les couleurs de 2 à 9) dirigent le choix des chansons. Par exemple: « La chanson la plus stupide que vous aimiez. Vous ne pouvez pas vous en empêcher. » ou « Une chanson qui vous liait à votre partenaire. » Comme à la radio, vous devez présenter les chansons et en dire quelques mots.
Toutes les trois chansons, un auditeur vous contacte (les figures), parce qu’il a aimé une de vos sélections, ou simplement pour parler. Ce qu’il veut vous dire est suggéré par le type de carte que vous tirez mais, en MC de l’émission, vous êtes libre de la réponse à donner. L’émission se construit crescendo ; puis vous vous dirigez vers une conclusion douce ou amère, selon la voie que vous avez tracée.
Et le mieux est de tout réaliser en direct, casque sur les oreilles, pour ressentir le frisson du live, en pensant aux prochaines chansons pendant la diffusion des précédentes. Il y a une dimension de thérapie musicale qui suit l’impulsion du thème général, qui amplifie l’affect lié à votre programmation.
À la fin, votre show radio tient plus de l’anamnèse que de l’animation mais vous n’écouterez plus vos playlists de la même façon. Vous avez même la possibilité de créer plusieurs épisodes, et d’y retrouver des auditeurs fidèles.
Je retravaillerais sans doute quelques accroches de chansons, afin qu’elles ne soient plus univoques (du genre: « la première chanson dont j’ai appris les paroles »,…) et que l’émission ne tourne pas en rond. Mais, à part ça, rien ne vous empêche de commencer votre premier show pirate depuis votre salle à manger!
Un jeu de Ken Lowery, chez Bannerless games. En anglais.