La victoire militaire de Tokugawa Ieyasu en 1600 marque le début d’une phase de stabilisation et de pacification de la société japonaise. La Pax Tokugawa inaugure une croissance économique et le maintien de la paix pendant plusieurs siècles. La période connaît alors un bond en avant de la productivité et cela donne naissance à des châteaux imposants au pied desquels surgissent des villes dont la population augmente rapidement.
La Nouvelle Histoire du Japon de Pierre-François Souyri en donne une analyse magistrale et tout à fait accessible. De même, le jeu Château blanc d’Israel Cendrero et Sheila Santos nous transporte dans l’univers de l’imposant château de Himeji, un des plus anciens bâtiments du Japon médiéval.
La Nouvelle Histoire du Japon
Peu nombreux sont les ouvrages en français qui offrent une vue d’ensemble de l’histoire générale du Japon. Ainsi, la sortie d’une nouvelle synthèse sur ce sujet mérite d’être saluée. La Nouvelle Histoire du Japon de Pierre-François Souyri se distingue par la somme des connaissances délivrées, des origines de l’Empire du Soleil levant jusqu’à l’époque contemporaine.
Sur quelque 600 pages, Pierre-François Souyri offre une analyse détaillée et nuancée des événements, des personnages et des transformations ayant marqué l’histoire du Japon à travers les siècles. En mettant l’accent sur des périodes clés comme le Moyen Âge, l’ère Tokugawa et la modernisation du XIXe siècle, il explore également les périodes de conflits et de reconstruction du XXe siècle.
Ce qui nous frappe c’est sa capacité à rendre l’histoire complexe du Japon accessible à un large public. On ressent tout son talent de pédagogue et il parvient à éclaircir des concepts souvent obscurs et des événements complexes.
Le récit, bien que structuré chronologiquement, est en fait principalement thématique. Ainsi, à travers les différentes périodes historiques, il choisit de mettre en lumière certains éléments qui revêtent une importance particulière et il accorde une attention particulière aux minorités et aux classes sociales moins privilégiées, y compris celles des femmes.
Il y démontre comment l’émergence d’une aristocratie foncière a conduit à l’avènement des samouraïs et à la « féodalisation » du Japon au Moyen Âge. Cependant à partir des années 1570 la société japonaise entre dans une nouvelle étape de son histoire que l’on qualifie d’Ancien régime marquée par une stabilisation institutionnelle et un grand essor économique. La Pax Tokugawa.
Vous l’aurez compris : cet ouvrage est une référence incontournable pour tous ceux qui cherchent à approfondir leur compréhension de la culture et de l’évolution du Japon à travers les âges. Pour l’anecdote, le château de Himeji est un trésor national et site du patrimoine mondial de l’UNESCO. Son tenshu (donjon) en bois authentique en fait l’un des douze derniers châteaux japonais de ce type encore existants.
La Nouvelle Histoire du Japon de Pierre-François Souyri
Le Château blanc
Japon, 1761 : province de Harima. Le daimyo Sakai Tadazumi, l’un des conseillers les plus importants du shogunat d’Edo, gouverne la région depuis le château de Himeji. Les différents clans locaux ont donc tout intérêt à s’attirer les faveurs du clan Sakai. Pour accroître leur influence, ils doivent placer des membres de leur famille à tous les niveaux de la vie du Château Blanc, des rôles politiques aux positions militaires, jusqu’aux plus humbles ouvriers paysagistes qui agencent les jardins du palais dans les moindres détails.
Dans le jeu « Le Château Blanc », les joueurs dirigent l’un des clans qui gravitent autour du château de Himeji dans le but de remporter le plus de points de victoire. Pour atteindre cet objectif, ils doivent étendre leur influence à la cour, gérer astucieusement les ressources et positionner stratégiquement leurs meeples ouvriers.
Le plateau central présente le château de Himeji dans toute sa splendeur, divisé en plusieurs sections distinctes. La plus vaste d’entre elles se trouve à l’intérieur du château, abritant la célèbre Salle des Mille Tapis où les courtisans cherchent à grimper les échelons pour se rapprocher du Daimyo et gagner ses faveurs.
Les jardins bien entretenus et l’étang offrent un espace de détente confié aux jardiniers, tandis qu’une autre zone importante comprend les murs et l’extérieur du château, surveillés par les guerriers pour assurer la sécurité. Enfin, la zone des trois ponts est le point de convergence des trois types de dés utilisés pour exécuter les actions.
Au début de chaque manche, les dés des trois couleurs d’action sont lancés et ordonnés du plus petit au plus grand sur les ponts du jardin. Les joueurs choisissent ensuite, tour à tour, un dé et le placent sur l’un des emplacements du plateau principal ou sur son plateau.
Les différentes zones d’actions que sont Le château, l’au-delà des remparts, le puits d’Okiku donnent accès à des ressources ou permettent d’obtenir des actions supplémentaires : envoyez des membres de votre clan travailler dans les jardins, s’entraîner à la défense du château, ou gravir l’échelle sociale de la noblesse. À la fin de la partie, ces membres du clan vous rapportent des points de victoire.
Avec seulement 3 tours de jeu et trois dés par tour, pour un total de seulement 9 dés utilisés pendant toute la partie, les options sont considérablement restreintes. Cette contrainte exige des joueurs une réflexion minutieuse et des choix cornéliens pour optimiser chaque tour de jeu.
Le Château Blanc nous a conquis grâce à une mécanique de dés innovante qui impose pas mal de contrainte : comment je me débrouille pour remporter la partie avec en tout et pour tout 9 dés !!
Une belle rejouabilité car le jeu est extrêmement modulable : les stratégies ne seront jamais les mêmes pour arriver à vos fins.
Le Château blanc d’Israel Cendrero et Sheila Santos, illustré par Joan Guardiet édité par Iello