D’après plusieurs articles sur le sujet, vous savez que chez Campustech, on est quelques-uns à kiffer les jeux de logique et de déduction qui mettent notre cervelle à l’envers et nous font palpiter le coeur d’un amour féroce ! Je vous donne mon avis sur une petite nouveauté qui me séduit tout particulièrement : Infiltraîtres !
T’en veux ?
Des propositions, c’est pas ce qui manque ! Et chacune a son petit truc en plus qui titille notre curiosité et nous donne envie de nous prêter à l’exercice. Dans l’équipe, Nath vous a parlé d’Archéologic qui joue plutôt sur les représentations dans l’espace, Laurent de The Lost code qui apporte une touche de fun et de course, Mélissa du récent Temple code qui revisite le Mastermind et en font un jeu absolument addictif.
Quant à moi, je vous ai exposé mon amour pour le merveilleux Turing Machine qui fascine par son matériel, son thème et son système qui déboussole au départ mais vous apporte une sensation de satisfaction tellement intense quand vous parvenez à trouver le code que vous avez forcément envie de tester le niveau supérieur.
Origames, qui nous avait déjà fait le plaisir de (co) éditer le sublime Kronologic, débarque aujourd’hui avec Infiltraîtres qui, lui aussi, vous pousse à franchir des paliers mais cette fois en coopérant avec vos partenaires de jeu. Car, contrairement à ce que laisse présager le titre, les traîtres ne sont pas parmi nous !
Cherche le déclic
J’entends souvent que les jeux de déduction sont faits pour les matheux mais je ne suis pas tout à fait d’accord avec ça. Peut-être ont-ils des facilités à saisir le truc et faire dérouler la machine sans encombre mais ce n’est pas pour autant que cette mécanique passionnante leur est réservée et n’apportera pas de plaisir à d’autres ! La preuve en est : je suis une quiche en maths, si mes profs de dans l’temps me voyaient penchée sur ce type de problèmes, ils seraient les premiers à rire et m’encourager à grand coup de « c’est peine perdue ma pauvre ! ».
Et pourtant j’adore ce genre de réflexion ! Je ne saurais pas expliquer pourquoi mais j’ai toujours pris plaisir à me triturer les méninges sur des jeux de logique qui utilisent essentiellement des chiffres. Je crois que ce qui m’emballe le plus c’est surtout l’idée de bien saisir l’information donnée, classer, éliminer, comprendre la subtilité du truc et prendre mon pieds quand vient le moment de se dire « mais oui c’est ça la bonne question à se poser pour tout déclencher ! ».
Alors, si vous voulez mon avis : testez par vous-même, ne vous interdisez pas de découvrir par peur de ne pas y arriver. C’est justement ce qui est valorisant d’essayer et de trouver tout seul, comme un grand, le sens de ses actions. Pour cela, Infiltraîtres est idéal parce qu’ils vous permet de digérer les règles étape par étape. Un gros point positif !
Infiltrons le jeu !
Nous sommes donc des agents, membres d’une organisation secrète et allons gagner ou perdre tous ensemble ! Pour cela, il nous faudra trouver un certain nombres de Traîtres représentés par des cartes uniques avec une couleur et une valeur pour les identifier. Tout commence par trois scénarios d’entraînement en mode tranquilou, on découvre le principe puis, vous avez la possibilité d’augmenter la difficulté et même, le coeur du jeu : un mode campagne !
Si les premières parties permettent d’acquérir les bases et se déroulent relativement bien avec peu de cibles à retrouver et des couleurs écartées pour ne pas trop complexifier la chose… C’est un autre programme qui vous attend dans les parties suivantes. Vous risquez de suer du front et pas qu’un peu !
Infiltraîtres est simple à prendre en main. A son tour, il n’y a qu’une action à faire :
- Récupérer une carte Traître (parmi celles déposées au centre de la table face cachée)
- Donner une info sur le Traître qu’on aurait précédemment récupéré
- Demander une info sur le TraÎtre qu’un autre joueur a devant lui
- Piocher de nouvelles cartes
- Eliminer un Traître en l’identifiant
Vous l’aurez compris, la boîte comporte un gros paquet de cartes ! Celles-ci serviront à la fois de cibles (les Traîtres) et d’indices.
La racine carré de l’hypoténuse est égale à quoi déjà ?!
Dans Infiltraîtres, la base ce sont ces cartes justement. Toutes comportent une valeur écrite en gros et une couleur : cela symbolise une identité (unique donc !). Mais toutes, affichent également, dans une écriture plus discrète, des multiples ou des diviseurs de ce fameux gros numéro. Nooon ! Pars pas ! N’aie pas peur ! Dis-toi que ce sont simplement d’autres chiffres et d’autres nombres pairs ou impairs voilà c’est tout (ça va ça quand même ?).
Chaque fois que l’on donne ou demande une info sur un Traître, on le fait en comparant les caractéristiques d’une carte à celles du Traître en question : Si je te donnes un « 15 ROUGE » qui affiche aussi le 3 et le 5, c’est pour que tu m’indiques si le Traître que je dois trouver est ROUGE ? Un 3, un 5 ou un 15 ? A la manière d’un Similo, si tu poses ma carte à la vertical, c’est qu’il y a bien une caractéristique commune, vivement les prochaines infos pour en savoir un peu plus ! Mais si tu penches ma carte à l’horizontal c’est qu’il n’y a pas de points communs, on peut donc commencer à faire des déductions.
Et c’est là qu’intervient le reste du matériel :
- Des petites ardoises effaçables où toutes les couleurs et les numéros apparaissent (On peut donc rayer ROUGE, 3, 5 et 15 !)
- Un gun avec des balles (eh ouais !) pour viser le Traître que l’on pense avoir identifié après quelques tours
Pour rappel, c’est coopératif ! On ne bute pas son voisin mais bien la carte qui est sur le chevalet devant lui ! Pensez bien à ce détail si vous ne voulez pas finir par loucher comme ma copine Emilie qui nous aurait bien fait la peau à tous !
Erreur éditoriale ?
Ce thème justement parlons-en ! La première fois que j’ai vu la boîte me suis dit « pas pour moi ! Ca va être du jeu à rôle caché, aime pas ça ! ». Et puis après quelques infos, j’ai quand même été tester en festival (une partie vite fait et très mal expliquée hélas…) : « ok, sympa. On est plus dans ce que j’aime mais quel dommage ce thème… à revoir donc ! ». Et enfin, j’ai découvert le jeu avec des amis puis enchaîné quelques parties en tête à tête avec ma frangine et j’ai complètement changé d’avis !
L’ambiance est totalement raccord avec les sensations du jeu ! On se sent investi d’une mission sérieuse et mieux vaut ne pas perdre le fil une fois la partie lancée ! Je n’aurais pas cru mais en réalité j’adore ce thème d’autant que les illus sont hyper classes et originales avec un effet BD savoureux. Franchement, tout le monde se plaignait de la Nature, des animaux et des planètes ; là, vous n’allez pas me dire que c’est toujours la même chose ? Le matériel est super quali, le pistolet purement obsolète ajoute une touche de fun mais permet aussi de prendre son rôle plus au sérieux (d’ailleurs les balles sont limitées Emilie ! Donc on n’en éliminera pas autant qu’on veut hein ?).
Prêt pour cette mission agent X ?
Faites-moi plaisir, ne vous arrêtez pas à des a priori stupides et infondés et ne vous fiez pas non plus à ce qu’on a pu vous foutre dans le crâne quand vous étiez gosses ! Laissez-vous une chance de goûter au plaisir intense que procurent la recherche, la communication limitée, les hypothèses, les déductions etc ! J’irais même plus loin en vous disant de persévérer malgré l’échec car il arrivera, à un moment ou un autre, mais la frustration engendre l’envie d’y revenir et de faire mieux ! Ces émotions sont importantes à ressentir dans la vie pour apprendre à se canaliser et à surmonter les épreuves.
Infiltraîtres est une pépite passée sous les radars et je ne comprends pas pourquoi !
Le système est malin et progressif, il y a une véritable courbe d’apprentissage en matière de logique, on apprend à repérer quelle est LA bonne question à poser ou l’information à donner (Tu m’as indiqué que ça ne pouvait pas être ROUGE, pas un 3, pas un 5 et pas un 15 et maintenant tu me donnes le 13 ROUGE donc c’est forcément un 13, reste à trouver la bonne couleur !). Les sensations sont là, on se sent pressés par le temps (et ce sera parfois le cas !), pas le droit à l’erreur. Il faut être attentif, revenir sur les éléments dont on dispose pour recouper les indices entre eux, le timing est dicté par la pioche qui s’amenuise au fil des actions (certaines nécessitent de défausser des cartes) mais on a la possibilité de gagner un peu de temps en y replaçant les Traîtres éliminés (ouf !).
Le thème, revenons-y, rend le jeu moins froid que ceux de son genre. On se prend vraiment au truc, la tension est extrême et on sait que les autres ne nous pardonneront pas nos erreurs d’inattention. D’ailleurs, je conseille d’y aller progressivement et de découvrir le jeu à deux ou trois au départ. Prenez le temps et autorisez-vous à réfléchir à voix haute : « je te donne cette carte pour vérifier telle info. Tu l’inclines donc aucune n’est exacte et je peux alors les supprimer sur ton ardoise ». Après quelques parties, le silence s’installe de lui-même et vous foncez tête dans l’guidon !
Personnellement, depuis que je l’ai découvert, je meurs d’envie d’enchaîner les scénarios qui apportent à chaque fois leur lot de surprises avec des points de règles supplémentaires et du contenu additionnel très intriguant… L’avantage, présenté ainsi, est de pouvoir facilement choisir de jouer une partie dans un mode particulier ou de se lancer dans la campagne sans avoir de rangement et de tri décourageant à faire !
Alors… Vous allez me faire confiance ? Ou pas ?