Le duo d’auteurs avait déjà renversé le milieu ludique avec l’excellent Turing Machine chez le Scropion Masqué. Ils reviennent aujourd’hui avec un jeu d’enquête et de déduction logique qui a fait sensation dans les festivals depuis Vichy 2023. Voici le premier volet d’une nouvelle trilogie à venir en co-édition chez Origames et Super Meeple : Kronologic Paris 1920.
Beauté divine !
Comment ne pas fondre devant les illustrations de Arch Apolar et Yann Valeani qui, avec leurs couleurs saturées, la finesse des détails et le caractère des personnages réussissent à capter l’oeil du passant jusqu’à ce qu’il ne puisse plus s’en détacher ?
La première fois que j’ai vu cette boîte, tout est devenu flou autour de moi, mes forces m’ont abandonnées et je me suis sentie attirée par une force invisible contre laquelle je ne pouvais lutter. Le coup de foudre total ! Il fallait que j’en sache plus, tout de suite, maintenant !
Ma curiosité a vite été récompensée puisque le matériel est à la hauteur de la couverture. Vous trouverez dans cette boîte, entre autre, un plan de l’Opéra de Paris qui a collaboré avec les éditeurs pour coller au thème et apporter plus de réalisme à l’ensemble, de sublimes paravents en guise d’aides de jeu ainsi que d’étranges plaquettes perforées (tiens tiens, ça ne vous rappelle rien… ?).
Au coeur des années folles
Dans cet épisode de Kronologic, vous voilà projetés dans l’effervescence des années 1920 en pleine Capitale. Trois petits coffrets renferment chacun cinq enquêtes à résoudre au sein de l’Opéra, décidément c’est le bordel là-dedans… pire qu’un train fantôme : il y a au moins un mort dans toutes les pièces !
Des règles spécifiques ainsi que de nouvelles conditions de victoire vous seront révélées au fur et à mesure mais pour ce qui est de la base : vous devrez forcément résoudre l’affaire avant les autres pour prétendre à la victoire !
Vous vous en doutez, le niveau de difficulté n’aura de cesse de s’accroître au fil des scénario.
Aussi haletant qu’un Charleston !
Les tours de jeu sont simples : un joueur décide d’effectuer une vérification à propos d’une Heure spécifique ou d’un Personnage. Ces deux critères vont toujours être comparés à un Lieu précis du plan : La Servante est-elle venue sur Scène ? Combien de personnes étaient en Coulisses à la troisième Heure ? Le joueur actif saisit donc la carte Lieu en question.
C’est là qu’interviennent les fameuses plaquettes perforées :
- Les bleues correspondent aux Heures. Si le joueur glisse sa carte Lieu derrière, il saura qui ou combien de Personnages étaient présents ici à telle heure
- Les rouges correspondent aux Personnages. Si le joueur choisit de glisser sa carte Lieu derrière, il découvrira quand ou combien de fois un Personnage est passé par là
On reconnaît bien là tout l’esprit tordu le génie de ces deux auteurs ! Vos neurones risquent de faire des triples saltos arrières et venir se scratcher sévère dans le fond de votre boîte crânienne. La petite fiche ne sera pas de trop pour prendre des notes.
Cette dernière reprend le plan de l’Opéra (foyer de tous les vices apparemment !) et vous permet de noter heure après heure le parcours des uns et des autres. Prenez le temps de réfléchir à votre prise de note voire de l’adapter à votre propre logique (et sens de la relecture !) car démêler vos déductions sera un jeu dans un jeu (rigolez… vous verrez !).
Chacun aura sa part du gâteau !
Les enquêteurs auront les sens en éveil durant toute la durée de la partie. En effet, personne ne restera inactif pendant le tour des autres puisque celui qui vérifie un critère bénéficie toujours d’une information privée et d’une qu’il devra partager avec tous !
Vous comprenez mieux maintenant quand je vous parle de la gymnastique intellectuelle que cela demande de griffonner ses trucs, faire des hypothèses, rester à l’écoute, tirer des conclusions, vérifier des détails, retracer un parcours etc. Bref, c’est le feu là-dedans mais que c’est bon !
Mes explications ne sont pas claires ? Profitez au moins des photos incroyables de @danslaboitestudio (compte insta) que j’ai glissé dans cet article ou allez vous faire voir la vidéo des p’tits pitchs de Tatiana (Origames) sur youtube :
Le colonnel Moutarde poignardé dans le dos !
Alors oui on l’a tous comparé au Cluedo mais ce serait quand même dommage de le résumer à cela. Ce classique qui a bercé notre enfance avait de nombreux points positifs mais restait tout de même basé sur pas mal de hasard ce qui fait qu’on n’a aujourd’hui pas franchement envie d’y revenir.
On le cite parce qu’il est un peu le père des jeux de déduction et qu’on s’entête encore après toutes ces années (et nouveautés) à chercher Qui ? Comment ? Et où?
Petit changement à noter toutefois : cette fois on cherchera Qui ? Où ? Et A quelle heure ? Aaahh tu vois que c’est pas pareil !
Finis les déplacements hasardeux et longuets et l’attente entre les tours. On est en mode regards en coin et mâchoires serrées, on ne lâche rien du début à la fin !
Logique ? Vous avez dit logique ?
En effet, dans Kronologic il ne pourra pas y avoir de conclusion tirée par les cheveux du style « En se baissant pour relacer ses Air Max, Sherlock a trouvé un poil de cul sur le tapis qui lui a permis de comprendre que la rouquine était bien présente dans cette pièce et patati et patata… ».
Alors je dis pas qu’il n’y a pas de coucheries mais bon, faudra faire vite parce qu’on sait du départ que chaque Personnage bouge forcément d’une pièce à chaque Temps et que les déplacements se font obligatoirement dans une pièce adjacente à la précédente ou en tout cas avec un passage direct ! Enfin… Pour les premiers scénarios en tout cas…
Meurtres en série
Il n’y a que 6 protagonistes dans l’histoire qui vont un coup se retrouver plantés, empoisonnés, mutilés, fracassés, destroyés ; ou alors qui vont se la jouer sérieux, aidants, gentils tout doux (calme-toi la rouquine !)… Difficile de tout retenir d’une affaire à l’autre. On peut donc facilement imaginer pouvoir rejouer les scénarios sans problème !
Bon, après vous risquez d’en avoir ras le balcon de toujours voir les même gueules (aussi jolies soient-elles !). Alors pour satisfaire vos désirs les plus fous (rhoo mais dégage rouqmoute t’es relou à la fin !) : sachez que d’autres boîtes pointent déjà le bout de leur NEZ et promettent d’être tout aussi captivantes que celle-ci mais dans des époques différentes (très différentes …) !
Cyprien, informaticien, pas d’ami
Pas de panique chéri, il y en aura pour tout le monde (allez bim une bastos elle viendra plus nous faire ch… la Fifi) : On peut aussi jouer en solo à Kronologic avec un système de barème qui évalue en combien de coups vous résolvez l’affaire. Les retours ont plutôt l’air positifs à ce niveau-là également !
Conclusion :
Autant vous avertir : ce n’est pas parce que vous kiffez les jeux d’enquête que vous aimerez celui-ci. Si votre plaisir réside dans la narration et les énigmes planquées entre les mots, ce n’est pas ce que vous retrouverez ici. Pas franchement destiné aux littéraires mais plus aux matheux et quand je dis ça, je ne parle pas que des p’tits génies qui savent déchiffrer une équation à douze inconnues ! Mais plutôt de ceux qui apprécient les Sudokus, Logigrams et évidemment Turing Machine ou Archéologic ! Vous avez face à vous un problème, des données et une seule combinaison possible ; à vous de faire au mieux pour trouver la réponse avant les autres et encore la course n’est pas l’élément essentiel pour y trouver du plaisir puisque chacun aura l’occasion de finir l’enquête dans tous les cas !
Kronologic
- Un jeu de Fabien Gridel et Yoann Levet
- Illustré par Arch Apolar et Yann Valeani
- Co-édité chez Origames et Super Meeple
- De 1 à 4, dès 10 ans
