Après un premier retour sur les jeux aperçus, évoqués ou joués de façon superficielle, abordons cette fois ceux qui m’ont franchement emballée et/ou ont sérieusement suscité mon désir de réessayer (au calme !). Accrochez-vous, on va pas mal voyager !
Chez Actarus
Un éditeur que j’aime beaucoup pour la qualité de ses jeux et son envie de sublimer la simplicité en la rendant à la fois ludique et fédératrice ! Une fois encore (deux fois même !), Gérald Cattiaux nous présente des titres captivants dans leur présentation et agréables au niveau des sensations. Je découvre en rédigeant mon article qu’il est même l’auteur de l’un d’entre eux.
Serenity
D’abord Serenity encore à l’état de proto mais dont le visuel promet d’attirer l’oeil grâce au travail lumineux de Christine Alcouffe (ici le rendu est tout dégoûtant, ne vous y fiez pas !). A chaque tour, une couleur est révélée et chacun doit déplacer un jeton correspondant. Ces fameux jetons ont également des valeurs, l’idée est d’essayer de ré-agencer sa grille au départ aléatoire pour faire des collections en respectant si possible l’ordre numérique.
Je sais je sais, ça a l’air franchement mou quand on nous l’explique mais c’est hyper plaisant à réaliser et puis il y a évidemment un système de scoring et de course qui pimente le tout. Ce n’est pas conçu pour les gros joueurs ! Il faut le réserver au grand public mais surtout le partager à tout âge !
Carnival of Sins
L’autre c’est Carnival of sins et, soyons clairs, c’est avant tout sa beauté qui m’a attirée. Les dorures j’aime, le décor en ton sur ton j’adore, l’élégance en noir et blanc, je fonds ! La présentation, au contraire, m’aurait fait fuir si Gérald n’avait pas insisté un peu … Et il a bien fait ! Ici tout le monde a la même main de cartes avec des effets simples et facilement mémorisables. A chaque tour, le joueur actif lance un lot de dés (à 3, 4, 6, 12 faces …) puis chacun joue une carte face cachée.
Quand vient le moment de révéler, les participants découvrent au fur et à mesure qui récupère quel(s) dés ou vole le plus chanceux ou relance un dé qu’il soit dispo ou réservé etc. C’est du guessing oui mais avec peu de pouvoirs différents et une immédiateté qui empêche de réfléchir trois heures et génère des réactions vives dans un sens comme dans l’autre ! Les manches sont rapides, les points faciles à compter, le besoin de revanche évident !
Chez Lumberjacks
Alice de l’autre côté du miroir
Un jeu très attendu et dont on ignore toutes les subtilités tant qu’on n’y a pas joué soi-même ! Saluons d’abord l’effort de changer un peu le look de cette petite curieuse d’Alice, merci encore Christine Alcouffe qui est ici non seulement à l’initiative des illustrations mais aussi co-autrice avec Ludovic Maublanc. Dans ce Flip&Write, tout ce qu’il y a de plus classique au premier abord : on révèle une carte, on gribouille sa feuille.
Oui mais : les formes à cocher susceptibles d’apparaître au recto sont représentées au verso (pas que du pif donc …), les éléments à gagner sont répartis un peu partout (on s’étale du coup) mais certaines zones gagnent à être complétées avant les autres (alors on se restreint un peu finalement) et en même temps la valorisation des points ne peut se faire qu’en chopant des trucs d’un côté comme de l’autre de sa feuille ! Mais alors comment fait-on ?
Eh bien dans Alice de l’autre côté du miroir, de façon tout à fait thématique, on mange des Gâteaux pour agrandir les formes à dessiner, on boit des Potions pour les diminuer mais on emprunte aussi des passages secrets (Miroirs) pour retourner sa fiche et continuer ses coches. Sur une face comme sur l’autre, il faut aller récolter des petites choses qui ne seront rentables qu’en les équilibrant ! Les voyages sont limités et obligent donc à tout bien optimiser pour réussir sa chasse aux trésors. Heureusement, des Bonus peuvent être attribués pour nous aider dans cette quête mais à condition d’avoir cumulé suffisamment de symboles !
J’ai trouvé ça vraiment hyper plaisant et je meurs d’envie de faire mieux que ma catastrophique première partie (à en croire le nombre de fiches, je ne suis pas la seule à être passée au stand, j’ai d’ailleurs moi-même vendu expliqué le jeu à un groupe installé en attente !). Autre chose : un mode par équipe existe pour lequel on ajoute les Gardes de la Reine de coeur (grosses figurines en bois), rien que pour ça, je veux absolument l’essayer !
Chez Origames
Les Caprices du Roi
J’ai tellement aimé Les caprices du Roi que je suis retournée le faire découvrir le lendemain aux copains ! Un petit goût de Fantaisy Realms sans en être une pâle copie du tout ! On compose ici sa main de cartes pour améliorer son score, la ressemblance se limite à ça et à la simplicité des tours : je prends, je pose. En dehors de cela, des contraintes de scoring qui se révèlent au fur et à mesure et oblige à se ré-adapter, casser ce qu’on a construit et tenter de faire au mieux.
Les pouvoirs des (très belles) cartes sont facilement intégrés et s’appliquent lorsqu’on les défausse pour certains, en les révélant pour d’autres ou encore en les combinant en fin de partie. Le renouvellement des exigences du Roi assurent des parties différentes et des stratégies variées !
Chez Atalia
Royal Society of Archeology
On passe sur du plus costaud avec Royal Society of Archeology qui mérite le détour malgré ma difficulté à appréhender les règles sur l’instant. On retrouve ici Guillaume Tavernier, le fameux qui m’a présenté la gamme incroyable De Architectura que j’évoque dans l’article précédent. Sa touche de couleurs pastels offre une douceur à l’oeil qui cherche en permanence un bon emplacement. Le thème historique est superbement traité par l’auteur Eric Jumel qui a mis toute sa passion du sujet au service de son jeu et des actions possibles. Je vous invite à le découvrir plus en profondeur si vous avez l’occasion car mon retour sera forcément trop bref pour en percevoir toute la richesse.
Nous disposons de trois Personnages que l’on envoie déclencher des actions avec plus ou moins de puissance selon plusieurs critères à gérer et développer au fil de la partie. Programmer judicieusement son tour devient vite une urgence si on ne veut pas se laisser distancer. Explorer, apprendre, chercher des Reliques, financer des Mécènes, obtenir des fonds ou encore vendre à des Musées …
Tout est intéressant mais je vous rappelle que vous n’avez que très peu d’Ouvriers ! La cohérence des liens entre les différentes zones de jeux nécessite observation et concentration mais aucun doute qu’une fois bien intégrées, les règles déroulent sans problème ! En tant qu’archéologue obtenir du Prestige est essentiel mais sans les Connaissances vous n’êtes rien ! Au bout du compte, seul le résultat le plus bas des deux déterminera votre classement pour la victoire ! C’est donc toute une gestion d’équilibre !
Chez Darucat
Bon alors question accueil chaleureux, avec David Bertolo il y a du niveau … Ce mec me rappelle inconsciemment qu’il y a encore (parfois) du bon en l’Homme (avec un grand H calmez-vous !). D’une gentillesse rare, il bavarde avec nous et se montre à l’écoute de nos retours sans aucun barrage ni ego démesuré !
Et puis quand en plus il tente de nous corrompre à grand coup de caramels goût canelé tout droit sortis d’ailleurs qu’un supermarché … Là ça devient compliqué de lui résister ! Compliments mis à part, c’est une maison d’édition qui a en plus le mérite de peaufiner à fond ses jeux en prenant le temps qu’il faut pour les rendre efficaces et délicieux (un peu comme des caramels goût canelé quoi …).
C’est ici qu’est né Héredity ainsi que toute sa déclinaison par la suite : vous savez ces jeux narratifs post-apocalyptiques qui vous prennent par la main pour vous faire profiter avant tout des sensations et de l’histoire sans lourdeur ni grosse difficulté mais avec des dilemmes moraux qui conduisent à divers embranchements possibles.
On a d’ailleurs évoqué le sujet avec David et je peux vous dire que la prochaine boîte promet d’être toute aussi sensationnelle. L’univers et l’esthétique changeront complètement pour nous propulser à l’époque des Westerns dans la peau d’adolescents qui découvrent un Monde parallèle plein de mystères … et de dangers !
Charuma
Mais pour cette fois, on a joué à tout autre chose : Charuma encore en work in progress comme vous pouvez le constater ! Joliment illustré par Simon Caruso, ce petit jeu de plis apporte un twist intéressant qui pourra dérouter les grands amateurs du genre et amuser les novices ! Une phase d’enchère à chaque début de manche consiste à miser (avec ses points !) sur la main de cartes qui nous intéresse. Puis vient la phase des plis avec seulement une partie des cartes qui rejoignent notre main, le reste étant visible de tous.
Les tours conservent la base de ce type de jeu : quelqu’un demande une couleur, on est obligé de suivre sinon on pisse. Mais ici on peut aussi jouer des pairs et comme chaque numéro est présent deux fois, en cas d’égalité, celui qui a posé le plus tard dans le tour l’emporte. Autre point intéressant : l’As est le plus faible sauf en face d’un dix ! Moi qui n’aime ni les plis ni les enchères, autant vous dire que ça n’était pas gagné et pourtant je me suis véritablement amusée ! Une proposition surprenante et savoureuse (oui ! comme les caramel goût canelé !).
Chez Repos production
All-in
Dans le genre petit jeu de cartes déstabilisant, la charmante Hélène nous a présenté All-in qui nécessitera également quelques parties avant sans doute de bien maîtriser le truc ! L’idée ici est de récupérer des cartes pour se constituer la plus forte main de poker (avec une combinaison gagnante quoi !). Sauf que pour acheter de nouvelles cartes plus intéressantes, il faut en défausser de chez soi et donc éventuellement casser ce qu’on avait précédemment préparé. Les cartes ainsi rejetées déclenchent des effets tels que regarder dans le jeu de l’Autre, piocher, estimer la valeur de la main adverse etc. Il y a quelque chose d’hyper plaisant mais de pas évident ce qui me donne envie de retenter dès que l’occasion se présentera !
Dewan
Au passage, j’ai aperçu et suivi l’explication de Dewan, le prochain jeu de Yoan Levet et Johannes Goupy que je regrette fort fort de ne pas avoir pu jouer parce qu’on est typiquement dans ce que j’aime et qui me stimule ! On cherche à placer nos campements dans des zones stratégiques qu’on ne peut atteindre qu’en jouant les couleurs de cartes correspondantes, le tout en étant guidé par ses objectifs personnels.
C’est extrêmement beau et superbement édité, les plateaux personnels creusés permettent de faire glisser les objectifs une fois atteints et révèlent ainsi des bonus désormais accessibles. Hâte de pouvoir y jouer et le partager ce qui devrait se faire facilement tant les règles paraissent accessibles.
Chez Grrr Games
Salamandra
Un autre jeu de Johannes Goupy associé à Pierre Giroux cette fois et superbement illustré par Camille Chaussy : Salamandra. Une proposition originale de pose d’Ouvriers définitive ! Comprenez donc qu’aucun d’eux ne devra être placé sans un minimum de réflexion et d’anticipation car s’ils pourront être activés à différentes phases, ils ne seront en revanche jamais dégagés !
Les gains qu’ils génèrent en terme de ressources non plus ne viennent pas dans notre poche et doivent être systématiquement utilisés quand on les obtient. Une mécanique unique qui déclenche des effets et récompenses en cascade à condition de bien optimiser placement et activation en sachant qu’une course à la majorité et aux objectifs oblige à rester attentif aux choix des autres.
Sweet
Une table plus loin, un tout autre format pour une ambiance totalement différente : Sweet de Gautier de Cottreau et Anthony Martin sublimé par la patte talentueuse de Crocotame et rendu inévitablement attirant par ce tout petit écrin si séduisant ! Un principe de Memory avec des cartes mélangées face cachée au centre de la table, jusqu’ici rien de surprenant. Le premier a réunir une sweet suite de 8 chiffres l’emporte, le soucis c’est que notre tour s’arrête quand on révèle un numéro déjà en possession. A l’inverse, si on retourne les 4 cartes Miel du jeu, on gagne instantanément ! C’est là qu’est le goût sucré de ce petit bonbon qui nous pousse à prendre des risques et à exercer notre cerveau ralenti par les années !
Chez Studio H
Space Lab
Un titre dont je vous ai déjà parlé lors de ma participation à la journée organisée par Hachette : Space Lab et devinez quoi ? C’est encore de Johannes Goupy avec Corentin Lebrat (comme pour Faraway !). On agence ici non plus en ligne mais autour de Capsules qui ont besoin d’être alimentées par certaines couleurs pour délivrer leurs points (de moins en moins intéressants en fonction de l’avancée de chacun).
Ces mêmes cartes colorées comportent aussi des symboles et scorings individuels, il faut tenter de les optimiser au mieux les unes par rapport aux autres pour déclencher des effets durant la partie et gagner des points à la fin. Les dilemmes résident principalement dans la gestion de main que l’on complète en prenant dans la pioche ou la défausse sauf quand on en a déjà cinq en début de tour. Dans ce cas on pose mais chaque Personnage à un coût ! Un coût en quoi ? En cartes pardi ! C’est bien casse-tête et challengeant, on garde un oeil sur les voisins pour ne pas trop défausser ce qui pourrait leur convenir et on on tente de récupérer des Projets pour faire le plus de points possible !
Chez Lucky Duck
A Wild Venture
C’est cette fois-ci un jeu à deux qui a attiré mon attention ! Un visuel drôlement mignon et un peu loufoque mais surtout de la construction de tableau comme j’adore ! Si habituellement cette mécanique exige d’occuper une place indéfiniment quitte à n’être rentable qu’en toute fin de partie, dans A wild Venture c’est plutôt l’inverse : ne vous attachez pas trop à ce que vous construisez car avec le temps … avec le temps va tout s’en va !
En effet, dans ce duel, chacun possède 3 espaces bien distincts à agrémenter au fil de nos pioches : un rez-de-chaussée avec des Bâtiments, le premier étage qui abrite nos Villageois et enfin au sommet, nos Equipements. Tout cela se paye en Argent mais fourni des Provisions à placer sur la carte ajoutée dans notre tableau. Une fois celles-ci consommées ladite carte rejoint notre cimetière pour le décompte de fin de partie. Plusieurs niveaux de construction donc mais aussi trois grandes familles de cartes : les jaunes, les bleues, les vertes qui ont des effets variés et se complètent.
Au fil des tours, on agence sa grille et on créé ainsi un petit moteur efficace pour générer de la thune, piocher plus de cartes ou explorer le plateau. Oui parce qu’il y en a un ! Et il est au moins aussi important que le reste car on peut y récupérer plein de choses dont des Coffres aux trésors et des Coccinelles qui valorisent fortement nos points de fin de partie ! Sans elles, le seul scoring sera la multiplication de notre plus grande famille d’une couleur par la plus petite donc parfois pas grand chose et même zéro si on délaisse totalement une collection (mais je ne pense pas que cela puisse arriver puisque toutes apportent des effets différents mais essentiels !).
Chez Pixie Game
Bon ok, je ne l’ai pas vraiment découvert sur le stand de l’éditeur mais c’est ici qu’on pouvait le trouver ! Nous c’est en soirée qu’on l’a partagé avec l’équipe Campustech. Oui parce que quand on va à un festival de jeux c’est qu’on est passionné au point de continuer le soir !
Dadada
Dadada quel titre improbable ! Au moins autant que ses règles qui invitent les joueurs à créer un nouveau langage en associant des images à des sons. Difficile à pitcher, perturbant en début de tour surtout si vous n’êtes pas du genre à vous exhiber sur la place publique, il offre pourtant une expérience absolument incroyable et hilarante ! Non seulement ça marche mais en plus c’est fun et ça rend l’instant mémorable. En début de partie, on place quelques images autour des Sons dévoilés (Puuu, Flo, Gné, Lee, Jah …) pour nous mettre d’accord sur ce qui suggère le mieux tel ou tel mot.
Par la suite interdit de parler notre langue courante ou d’utiliser les gestes (c’est ça le plus dur !), un joueur tente de nous faire deviner une nouvelle image parmi cinq autres en reprenant l’un ou l’autre ou même plusieurs des onomatopées précédemment sélectionnés et en jouant avec l’intonation et l’intensité (sinon ça ne marche pas !). Il faut le vivre pour le croire mais je pense qu’avec les copains/copines, nos inventions vont perdurer dans le temps et nous servir de code secret en cas de besoin tant on s’est tous bien compris. Un véritable Waaah qui Biiing et fait Tep Tep dans nos Miiips pour toujours !
Et si vous en voulez encore encore ! Restez à l’affût car mon prochain article abordera mes coups de coeur personnels du salon et recommandations sans limite ! Déjà que tous ceux-là m’ont bien emballée, je vous laisse imaginer l’engouement sur les prochains jeux évoqués. En attendant, un petit j’aime sur cet article-là, ça ne vous coûtera pas plus cher ! Merci aux éditeurs pour leur confiance, à l’organisation du Festival et à tous ceux dont j’ai croisé la route ou avec qui j’ai partagé un moment.