Comme pour un film d’aventure aux personnages charismatiques et à l’univers attachant, quand un jeu narratif nous transporte à ce point dans l’histoire on espère, autant qu’on la redoute, une suite à l’intrigue pour revivre encore plus d’émotions. Voyons si l’extension d’Heredity : Souvenirs, nous offre pleinement satisfaction. (Garanti sans spoil !)
La base
Petit rappel : Heredity c’est ce jeu coopératif sorti l’an dernier dont j’avais fait un article après avoir enchaîné les cinq scénarios contenus dans la boîte d’origine. Une famille se débat au coeur de l’apocalypse qui règne désormais sur Terre pour essayer de s’en sortir et remplir une mission principale.
Les joueurs incarnent les membres de cette famille ordinaire et peu (voire pas) entraînée au combat et qui va se retrouver confrontée à des choix cruciaux pour sauver les siens tout en restant fidèle à ses valeurs. L’histoire se déroule sur plusieurs chapitres avec un univers qui évolue au fil des parties et des obstacles de plus en plus complexes qui vous submergent et vous obligent à bien coordonner vos actions pour espérer survivre.
Un système ultra limpide à partir de cartes qui se succèdent comme indiqué par le jeu selon vos décisions et les directions suivies. Une contrainte de temps qui, représentée par une rangée de cartes centrale, vous envoie tout un tas de nouveaux évènements à la tronche pas franchement sympathiques en général.
Le but est, d’ensemble, arriver à répartir nos efforts pour explorer ces terrains hostiles, nous défendre contre les ennemis et atteindre notre objectif final !
Infos exclusives !
Au salon de Vichy cette année, j’ai eu la chance de rencontrer David Bertolo qui gère la maison d’édition Darucat et m’a fait part des petites choses croustillantes qu’on allait bientôt pouvoir se mettre sous la dent ! Et notamment, l’arrivée de l’extension Souvenirs prévue pour décembre 2024 (demain donc !).
L’envie des créateurs était de proposer un préquel à l’histoire vécue dans le jeu de base. Un retour en arrière de dix ans pour découvrir comment les personnages en sont arrivés à vivre totalement reclus dans un climat de méfiance et de danger permanent.
L’idée est de rester dans ce qu’on connaît et de ne pas ajouter de lourdeur ou de complexité mais simplement d’amener les joueurs à vivre de nouvelles aventures. Deux en l’occurence qui peuvent très bien se savourer en plusieurs sessions comme en une seule. Avec mon groupe, on a choisi cette deuxième option pour le coup et c’est ce que je vous conseille vivement ! Quand on y est, on y est : on a les règles en tête et on se plonge dans l’ambiance une bonne fois pour toutes !
Dans tous les cas, l’intrigue est là et vous pousse d’elle-même à aller jusqu’au bout comme si votre vie et l’avenir de la planète en dépendaient !
Des choses qui furent…
Mais alors pourquoi cette extension si pas vraiment de nouveauté ? Eh bien pour le plaisir pardi ! Mes amis et moi avons tellement apprécié notre expérience qu’on s’est jetés dans celle-ci sans aucune crainte, au contraire, plutôt excités de revivre des sensations similaires.
Et niveau narration, on n’a pas été déçus. L’univers est respecté et tout est très cohérent : étant donné que les personnages sont plus jeunes que dans le jeu d’origine (Swan n’est d’ailleurs même pas encore là !), ils ont aussi moins d’expérience et de capacités. En revanche, les enfants étant plus frêles, ils peuvent se faufiler dans des lieux inaccessibles aux grandes saucisses (les adultes). Faire évoluer nos avatars et les équiper constitue l’un des intérêts majeurs du jeu, on se prend au truc de fouiner et se répartir les objets en anticipant nos prochaines actions qui seront peut-être (on l’espère) facilitées grâce à ses nouvelles acquisitions.
On est aussi un peu plus méfiants que la première fois, on prend le temps de discuter et mesurer nos décisions. L’histoire nous laisse d’ailleurs plus le temps de souffler et réfléchir, on se sent moins submergés par le danger. Ca peut être un peu surprenant et on pourrait facilement se dire « tiens, ça en manque un peu sous le pied » mais en réalité, ça respecte totalement la montée en tension associée à la dégradation du monde qui nous entoure.
Donc, au départ, tout doux : les méchants n’étaient pas aussi féroces et aguerris que plus tard dans le temps. Et, en parlant de temps, on garde l’idée de cette ligne de cartes qui s’allongent au fil des tours et apporte son lot de stress et de catastrophes une fois toutes nos actions menées et avant de pouvoir relancer un round.
Le principe des actions reste identique aussi. On dispose toujours chacun de trois jetons par personnage à répartir sur nos fiches : sur un oeil pour observer, découvrir ; sur une main pour saisir, frapper ; sur un pied pour avancer etc. C’est toujours aussi frustrant d’être à ce point limité mais c’est ce qui nous oblige à bien calculer qui fait quoi ? et dans quel ordre ? Chaque blessure étant susceptible de nous priver d’une fonction essentielle !
L’intérêt principal de cette extension est donc de redonner vie à nos héros et découvrir avec gourmandise comment tout a dérapé.
Décevant ou palpitant ?
Si vous espérez du renouveau, un effet de surprise, des retournements de situation ou encore des mécaniques innovantes … Vous risquez peut-être d’être déçu ! Il faut prendre cette boîte pour ce qu’elle est : une suite enfin non un avant … enfin tu vois quoi !
L’idée de ce préquel est de rester conforme à la boîte de base et de ne pas s’éloigner de son ambiance et de son fonctionnement. J’avoue avoir, dans un premier temps, regretté le manque de surprise et puis finalement, je me suis dit qu’il aurait été dommage de dénaturer le jeu et d’en faire trop alors qu’on revenait justement sur les origines du truc.
Les auteurs sont donc restés fidèles à l’ambiance générale tout en adaptant les scénarios à l’époque et c’est très bien comme ça ! D’ailleurs, pris dans l’autre sens, ça me paraît être une formidable porte d’entrée pour tenter l’expérience avec un groupe peu habitué au genre ou en famille avec des ados ! On découvre alors un peu plus tranquillement (et pour un prix modeste), sans grosse difficulté, le principe général du jeu narratif et la nécessité de co-mmu-ni-quer ! On garde ensuite les mêmes règles sans alourdir le jeu pour poursuivre l’aventure avec le même groupe des années plus tard en ayant gagné en expérience ! On évolue en même temps que nos personnages quoi !
Heredity a été ma première expérience dans ce type de jeux coopératifs. Pas de règles complexes à aborder et une réelle passion qui transparaît dans chacun des détails. Un univers dystopique prenant qui invite les joueurs à donner un peu d’eux-mêmes au travers de leurs avatars. Un sentiment de danger et d’aiguilles qui tournent invitant les joueurs à se montrer efficaces et solidaires. On vit des émotions et c’est tout ce qu’il faut attendre d’un jeu comme celui-là.
La promesse est tenue aussi bien dans le jeu de base que l’extension. Prolonger l’aventure aura apporté beaucoup de plaisir à mon groupe. Parcourir de nouveaux lieux aussi, avec la participation d’un illustrateur supplémentaire : Guillaume Tavernier. Toutefois, pour être honnête, sur ce dernier point je n’ai pas été aussi emballée que dans les autres scénarios où chaque endroit dégageait une ambiance particulière. Par contre, les décors sont ici plus lumineux ce qui facilite peut-être la vue d’ensemble et participe à rendre le tout moins sombre en respectant encore une fois la chronologie du récit.
Je recommande vivement à ceux qui ont aimé les premiers chapitres de se jeter sur cette petite boîte et à ceux qui ne connaissent pas encore de s’autoriser à commencer par celle-ci s’ils ne veulent pas prendre trop de risques et aller de surprise en surprise ! Pour ma part, j’ai le même sentiment de nostalgie qui m’envahit quand je referme un bon livre , le coeur lourd de quitter des personnages auxquels je me suis attachée (Adieu Djamal !) mais je me remonte le moral en sachant que bientôt … un nouvel opus devrait faire son entrée dans un tout autre décor … Restez connectés sur campustech.fr pour en savoir plus !