De nombreux joueurs souhaitent initier leurs enfants à leur passe-temps : les jeux de rôle. Et s’il est de bonne pratique de renseigner l’âge conseillé sur les boîtes de jeux de plateau, le jeu de rôle échappe encore à cette catégorisation. Il s’aligne sur les pratiques du livre, se bornant souvent à la mention « réservé à un public mature », si le thème est trop sensible.
Le jeu de rôle : un loisir à multiples compétences
L’une des questions les plus fréquentes à propos du jeu de rôle est donc : à partir de quel âge peut-on en faire ? Et c’est sûrement une réponse très difficile à donner.
Parmi les compétences invoquées en jeu de société, on se focalise souvent sur des compétences très scolaires : savoir calculer ou lire, la motricité, la gestion… alors que le jeu de rôle fait aussi intervenir des aspects moins mesurables comme le fait de se projeter, d’improviser, d’interagir collectivement avec le récit. Des choses assez naturelles qu’on retrouve plus à la cour de récréation que dans la salle de classe.
Les jeux de rôle pour les plus jeunes favorisent ces aspects, en simplifiant les systèmes de règles, s’il en reste. Ils mettent en avant des aspects qui semblent couler de source dans les jeux destinés aux plus grands mais passent souvent après le corpus de règles et l’univers : la collaboration ou l’empathie pour les autres joueurs.
Les âges recommandés par ces jeux commencent à 5 ans mais cela devra être modulé selon l’expérience de jeu souhaitée : un univers plus complexe ou plus nuancé, plus de second degré ou de références, plus de simulation, …Voici donc une sélection de 4 jeux de rôle, absolument pas exhaustive, pour les plus petits et leurs parents.
Mon premier jeu de rôle
L’éditeur Don’t Panic Games a choisi de se lancer lui aussi dans l’aventure du jeu de rôle. Cowboy Bebop sera bientôt disponible, à la suite d’un financement participatif réussi plus tôt dans l’année. En attendant, il a aussi fait le choix de traduire le jeu américain Color My Quest, qui a été nommé pour les Ennies 2023 comme meilleur jeu familial mais a eu la malchance de tomber face à Avatar Légendes.
Color My Quest reprend tous les codes d’un Zelda sur Gameboy : des personnages mignons, des monstres… un peu moins mignons mais quand même, une carte à explorer et des capacités simplifiées. La préparation de la feuille de personnage sera la première aventure, dont les outils principaux ne seront pas des dés mais les crayons de couleur et la paire de ciseaux. (Avouons-le, c’est aussi le plaisir des joueuses et joueurs plus âgés mais ils troquent le rose et l’orange pour le rouge et le noir.) Les compagnons animaux et les monstres subiront le même traitement, tout comme la carte modulable.
Le jeu sera donc aussi intéressant dans sa mise en place et la construction de son mini-univers que dans sa résolution, plus classique, basée sur l’exploration et les rencontres. À tester dès que vos enfants préfèrent colorier un petit héros que griffonner sur les couvertures de vos jeux de rôle…
En version française, Mon premier jeu de rôle reprendra le jeu de base mais il sera aussi possible d’acquérir les livres de coloriage et les livres d’apprentissage de l’écriture. La campagne de financement participatif est en cours jusqu’au 10 octobre ici et vise à promouvoir la gamme à un prix attractif. Le produit final sera disponible pour les fêtes de fin d’année.
Trouilleville
Quand j’ai commencé à feuilleter Trouilleville, ce n’est pas en tant que rôliste, mais lecteur porté par la poésie et la couleur des illustrations. Trouilleville est un village caché au milieu de la Silencieuse, une immense forêt peuplée de créatures étranges et riche de lieux fantastiques. Ses habitants sont des monstres qui profitent de la relative tranquillité des lieux, qui va bientôt être brisée par l’arrivée de bûcherons. Et c’est là que les joueuses entrent en jeu.
Après une courte introduction sous forme de bande dessinée, la lectrice est guidée à travers une petite aventure solo qui lui fera découvrir les règles du jeu et la confrontera aux premiers choix. En fait, le livre a toutes les caractéristiques d’un jeu de rôle classique : description des familles de monstres, règles de simulation, encyclopédie du monde proche avec des idées d’aventures, gros scénario en plusieurs parties.
Il semblera donc très familier aux parents rôlistes, tendance D&D. Heureusement pour les amateurs de système plus narratif, ce classicisme est équilibré par une mise en page lumineuse et un univers extrêmement attachant et coloré, de petits vampires et de petites savantes folles qui s’échignent à résoudre les problèmes de tout le monde, à commencer par ceux de la gentille Baba Yaga. Eh oui, elle n’a pas besoin d’être toujours une vieille cannibale qui pourchasse les enfants dans un pilon volant.
Vue la richesse des options et des règles, il nécessitera la guidance d’un joueur aguerri mais son univers est très accessible, comme fait de contes du soir, en un volume qui ressemble aussi à un livre d’histoires. Entre les portraits de famille (le petit golem de compost est si mignon) et les étagères en pleine page, l’immersion est immédiate. Un deuxième volume est disponible, décrivant le Marais de Clairbrun. Aux éditions Makaka.
Mon petit poney : Tails of Equestria
Sur les étals de jeu de rôle, il jure. Entre Alien et Conan trône ce livre aussi coloré qu’une vidéo d’aérobic des années 80, avec des illustrations à l’avenant. Et avant la lecture, qui donne l’impression d’avoir pris le catalogue Haribo en intraveineuse, on se demande : Qui voudrait interpréter un petit poney à part des enfants de 5 à 10 ans ou des adulescents nostalgiques qui aiment le 36e degré ?
Je dirais que ce sont exactement les publics auquel il s’adresse, mais avec finesse et intelligence. Le lecteur est accompagné en douceur à travers les concepts du jeu de rôle, qu’ils soient techniques (règles, évolution des personnages, utilisation des dés) ou pratiques (mise en place d’une partie, conseils pour la narration). Un bel exemple de présentation didactique, que les parents peuvent encadrer ou qu’un jeune joueur pourra lui-même aborder.
Deux aspects m’ont particulièrement ravi :
Le premier est que la collaboration est stimulée. Les symboles d’amitié, des bonus de soutien lors des épreuves, sont partagés et ne se régénèrent que lorsque les poneys font preuve de générosité ou d’entraide. Chaque poney est encouragé à se différencier mais pas au détriment de ses compagnons.
Enfin, il s’attaque à un poncif du jeu de rôle : l’inflation du combat et le fait qu’il soit souvent monté en épingle. Dans Tails of Equestria, on essaiera toujours de trouver une solution qui évite la violence. Il n’y a donc qu’un petit paragraphe appelé Bagarre qui règle ce genre de conflit de manière concise. Et le gros scénario qui clôt le livre confronte les joueurs à de nombreuses situations où la résolution viendra plutôt de leur astuce ou de l’application de valeur positives. Ils devront s’y occuper des animaux de compagnie de poneys célèbres. Le plus angélique n’est pas celui qu’on croit…
Moins puéril qu’il n’y paraît, Tails of Equestria initiera les plus jeunes à un véritable loisir collectif et coopératif.
Et puis avoir l’occasion de s’appeler Strawberry Fizz le Pégase, c’est inestimable. Vos enfants auront tout le temps d’interpréter Salem le Ténébreux, assassin elfe noir quand ils auront 15 ans (ou 35, on en connaît tous).
Chez Black Book Editions.
Donjons et chatons
Le petit dernier. L’exemple typique d’œuvre qui, sous son apparence enfantine, parle à toutes les générations.
Donjons et Chatons est un jeu d’aventure prenant place dans un univers où les humains ont disparu, laissant la nature et les ruines derrière eux. Dans ce monde post-apocalyptique, les animaux, tels que chats, chiens et rats, ont évolué en empruntant des caractéristiques des anciennes sociétés humaines. Au milieu de cette ère médiévale fantastique, ces créatures vivent selon une règle : un animal qui parle ne mange pas un autre animal qui parle. Le jeu offre un mélange de conte, de magie, d’anciennes technologies et d’aventures imprévisibles.
Récemment paru au Studio Deadcrows, vous pouvez trouver notre article à son propos : Donjons et Chatons la miagie d’un jeu de rôle pour enfants.
Super sélection !
J’initie ma fille petit à petit !
Elle a surkiffé Color My
Quest !
Quelle brillante idée !!
Elle a adoré trouilleville également et donjon & chaton !
Celui qu’elle a préféré je crois que c’est « Petits Détectives de Monstres » qui est vraiment topitop 😍
Génial cet article pour nos p’tits monstre, l’aventure qu’on vie avec eux en faisant du JDR est vraiment unique ! Ça mérite d’être plus présent !
Merci.
Il y a Toon aussi jouable à tout âge, qui se trouve assez facilement.
Ils sont bien chanceux en tout cas avec tous ces univers !
Bonjour, merci pour vos articles très intéressants et votre intérêt pour Donjons et Chatons.
Trickytophe, auteur de l’équipe des Studios Deadcrows.
Hello ! Merci et pas de souci, Alex a aussi parlé de Donjons et Chatons ici : https://www.campustech.fr/donjons-et-chatons-miagie-jeu-de-role-pour-enfants/
On est d’ailleurs très chauds pour relayer vos news et vos publications !
Merci. J’ai aussi beaucoup aimé Nautilus et Aquablue.
N’oublions pas ptits pirates chez la loutre roliste qui est un petit bijou de jdr enfant qui aurait très bien pu trouver sa place ici aussi.
Il manque clairement « petits détectives de monstres » et sa version pré-ado « incroyables détectives de monstres » chez la loutre roliste. Le premier se joue dès 3 ans et il est materisable par des enfants !
Super sélection j’ai aussi testé avec ma petite fille CoraQuest
Je vais probablement acheter Dongeons et Chatons