En suivant le projet Avatar Légendes, je me suis demandé ce qui en faisait le succès, surtout que beaucoup de participants ne connaissaient pas le jeu de rôle, pensant qu’il s’agissait d’un jeu de cartes ou un jeu vidéo. Et pourtant, ils ont participé, portés par une « licence » moins populaire chez nous.
En lisant les commentaires, on comprenait vite que la série avait bercé leur enfance, qu’il s’agissait d’une madeleine de Proust ultime. Parce qu’Avatar est également une œuvre au succès critique, dû à ses scénarios élaborés, abordant des thèmes adultes sous une forme adaptée aux enfants avec beaucoup d’humanisme.
Avatar, un jeu pour les (grands) enfants?
C’est un monde où le génocide est utilisé comme arme d’hégémonie. Où un général d’armée, profondément affecté par la mort de son fils à la bataille, prend sous son aile son neveu idéaliste, dont le père lui préfère une criminelle de guerre. Où, entre traditions et progrès industriel, les puissants jouent sur les croyances pour maintenir leurs privilèges. Où un industriel soutient en secret une guerre civile pour obtenir des contrats d’armement. Où un gang de terroristes sème la terreur pour défendre une idéologie anarchiste. Où une junte militaire renverse une monarchie qui ne profitait qu’aux classes supérieures, pour instaurer un gouvernement totalitaire.
Mais c’est aussi un monde dont les héros sont portés par un indéfectible optimisme, par de vrais liens d’amitié, par une envie profonde de faire ce qui est bien et ce qui est juste. Des héros qui doutent souvent, mais se soutiennent. Cet esprit positif se retrouve dans le jeu, où les valeurs des personnages doivent respecter cette approche. Ils ne tuent pas, sont amicaux entre eux.
Un univers riche : de Kyoshi à Korra
Un autre point est la richesse de cet univers, inspiré de toutes sortes de traditions et, ce qui le différencie de beaucoup d’univers fantastiques, il balaie plusieurs périodes donnant accès à des thématiques ou des ambiances très différentes. On peut découvrir l’âge médiéval de Kyoshi, où les nations émergentes sont noyautées par des syndicats du crime, jusqu’à la période de Korra, nid de corporations industrielles naissantes prenant le pas sur les états.
Le système repose sur le caractère et les motivations, ce qui décontenancera les vétérans habitués à des compétences précises, mais découle sur des résolutions très descriptives.
La narration est fortement centrée sur le personnage, ses dilemmes intérieurs et les relations qu’il noue avec ses amis ou ses ennemis. Quant aux scénarios, ils adoptent généralement le format bac à sable, où les éléments de l’intrigue sont disponibles comme des blocs de construction à ajuster aux personnages et à leurs priorités. Voilà un jeu extrêmement cohérent, beau et moderne, des intentions à la réalisation. Et Arkhane Asylum Publishing (l’éditeur derrière la version française des pépites Alien, Tales From The Loop ou Mutant Year Zero) vient d’annoncer en assurer la traduction.
En anglais, le supplément sur Republic city, qui développe l’ère de Korra, c’est-à-dire la deuxième série animée dans cet univers, sera bientôt livré à ceux qui en ont fait la précommande.
La campagne participative commencera le 5 octobre sur GameOnTabletop.