J’avais peur des jeux Experts…mais ces 3 jeux m’ont fait changer d’avis !

Trop dur pour moi... Le livret de règles doit être imbuvable.. Les parties risquent d'être hyper longues... Grosse boîte = matériel dans tous les sens et pictogrammes à en vomir ! Autant d'idées préconçues qui me dissuadaient de m'approcher trop près de la cour des grands jusqu'au jour où...

3 jeux experts

Je n’ai fait mes premiers pas que tardivement dans le milieu ludique mais, rapidement, j’ai senti que les party games n’allaient pas être ma came. Très vite, je leur ai préféré des jeux avec un minimum de réflexion, d’analyse, de challenge. Pour autant, j’ai eu tendance à rester longtemps dans ma zone de confort : le niveau familial voire initié (occasionnellement). Les grosses boîtes c’était sûrement pas pour moi ! Et puis un jour… Coup de foudre, papillons dans les yeux et coeur qui s’emballe : je me suis laissée séduire par les jeux experts ! La faute aux 3 que je vous présente ci-dessous.

Earth : Ca te dirait de tableau-builder bébé ?

Earth de Maxim Tardif, édité chez les Lucky Duck Games, a été le premier à me taper dans l’oeil. Bon déjà, il faut dire que les photos de Conor McGoey envoient le pâté ! Quand on voit la couv’, on a tout de suite envie d’en savoir plus ! Ce n’est évidemment pas sa seule qualité. Dans Earth, finalement pas tant de matériel que ça… Essentiellement des cartes, un gros gros paquet de cartes. Certaines présentent des ressources, d’autres des capacités, des évènements, des objectifs communs, des objectifs perso et toutes comportent des picto et des couleurs.

La manipulation de ces cartes constitue la base du jeu. Chacun va devoir agencer une grille de maxi 4×4 et faire en sorte qu’elle soit la plus rentable possible en matière d’actions et de génération de points de victoire ! C’est ce qu’on appelle la construction de moteur sous forme de tableau. Le thème ici a son importance, on est dans la nature, l’écosystème et tout et tout donc vas-y que j’te fous du compost par là, et que j’te pose des germes partout et aussi que je fais pousser des plantes en veux-tu en voilà. Tout est très cohérent (et beau je l’rappelle) ce qui facilite la compréhension des règles.

Entre ça et la promesse de tours rapides où chacun est actif à tout moment, il n’en fallait pas moins pour me faire pétiller les yeux. Votre stratégie sera différente à chaque partie et vous finirez forcément avec une petite dose de frustration qui vous donnera irrémédiablement envie d’y revenir. Par ailleurs, le mode solo offre une satisfaction évidente avec peu de changements par rapport au jeu de base ce qui permet de s’entraîner et revenir plus fort que jamais (ou pas !).

earth boite
ludum

Marrakesh : Et voyager aux pays des 1001 parties ça te fait envie ?

Marrakesh de Stefan Feld, édité chez Queen Games et distribué en France grâce à Atalia, est celui des trois que j’ai le plus joué et dont j’ai toujours envie de refaire une partie !

Si le look de la boîte est un peu plaqué, pas vraiment sexy, je trouve le matériel très attirant avec ses couleurs acidulées dans tous les sens et à la fois bien réparties. Je marche beaucoup au visuel personnellement et le fait d’avoir des zones découpées par couleurs et des jetons qui leur correspondent m’aide à intégrer les règles. Ces dernières, justement, sont parfaitement lisibles et compréhensibles par tous. Elles-mêmes reprennent d’ailleurs ce système de répartition par couleur pour mieux s’y retrouver et ça c’est un vrai bonheur quand on veut vérifier un point pendant le jeu !

Dans Marrakesh, les joueurs vont « tout simplement » devoir optimiser à fond leurs actions. Peu de choses à faire durant un tour de jeu : choisir des Keshis, les placer sur son plateau personnel et en activer l’effet puis faire l’action du lieu où nos assistants ont été disposés auparavant. Le principe n’est pas compliqué puisqu’en général on récupère des machins, on échange des trucs, on avance sur des pistes… Oui mais, c’est l’anticipation et la bonification de tout cela qui rendent le jeu complexe.

Les parties sont pétées de micro-dilemmes, les choix des uns impacteront sur celui des autres, l’aspect course est présent sur certaines pistes et l’effet combo sur d’autres. On voudrait pouvoir faire un peu de tout mais une trop grande dispersion peut nous faire perdre de précieux points face à des joueurs aguerris qui arrivent à visualiser rapidement le meilleur coup possible.

Pour moi, Marrakesh possède toutes les qualités pour plaire aux plus calculateurs comme aux novices pour peu que ces derniers acceptent que leurs premières parties ne soient que des phases d’apprentissage en vue de s’améliorer et peut-être un jour, prendre l’ascendant sur les plus forts (un jour un jour !).

marrakesh
ludum

Barcelona : Et si finalement on reconstruisait tout toi et moi ?

Ne vous méprenez pas, Barcelona de Dani Garcia, édité chez Pixie Games n’est pas un coop’. C’est bel et bien le meilleur d’entre-vous qui reconstruira cette ville de la manière la plus optimale qui l’emportera !

Ici, bien que merveilleusement bien écrites, les règles sont un poil plus difficiles à se farcir. La multiplicité des actions présentées avec des exemples détaillés et des liens vers des faits historiques réels très intéressants, rendent le tout très lourd et compliqué à mémoriser. Ma première partie a été un peu laborieuse de ce fait car je peinais à me concentrer sur mes choix d’actions en même temps que j’expliquais les règles aux autres.

Et pourtant, passée cette étape, et après m’être créé un petit récap’ qui va bien, j’ai kiffé le système du jeu. L’idée de ce grand plateau central vide au départ et qui prend vie au fil de nos constructions me séduit totalement. L’iconographie est assez dense mais plutôt vite comprise, les tours de jeu ne sont pas bien complexes en soit non plus puisqu’à chaque tour : on pose des jetons Ouvriers qui nous indiquent 2 à 3 actions selon l’emplacement choisi. On applique puis on construit un Bâtiment et enfin on récolte d’éventuels bonus et points.

La difficulté réside plus dans le fait de ne pas laisser trop de belles opportunités aux autres et de profiter soi-même de combo délicieusement jouissives qui rendront vos adversaires vert de jalousie ! Et pour les solistes, vous avez un mode développé avec soin qui offre ses propres spécificités (et un livret rien qu’à lui).

Je ne vais pas vous mentir, Earth et Marrakesh me semblent plus faciles à prendre en main et offrent un plaisir plus immédiat. En effet, dès la première partie, on peut être satisfait de ce qu’on a fait ou tenté de faire même si cela ne nous offre pas la victoire tant espérée. Pour Barcelona c’est différent. On peut avoir la sensation désagréable de ne rien comprendre au départ et de jouer (mal) un peu au pif… Oui mais finalement, c’est chouette aussi d’avoir un second effet Kiss cool !

A la fin de votre première partie, vous comprendrez quel était l’intérêt de développer telle ou telle construction, d’avancer sur cette piste, de privilégier cette action, d’acheter ou d’améliorer quelque chose. Il y a un peu de tout ce que j’aime là-dedans : de la gestion de ressources, du placement, des objectifs, de l’opportunisme etc. C’est riche et complet et quand on commence à saisir à quel point tout est connecté et cohérent, c’est un pur délice d’arriver à enchaîner les actions qui vous font récolter un max de points !

barcelona pixie games
ludum

Plus que « gagner », prends soin de toi !

Faire des jeux ne permet pas que de divertir, rigoler, occuper ! Certains s’en contenteront peut-être, et c’est très bien comme ça mais pour les autres, il y a une autre dimension à prendre en compte. Le fait de vouloir tester ses capacités, relever des défis, se confronter à ses faiblesses et affronter les autres, se surpasser et tout simplement : réfléchir.

Pour ma part, je n’ai jamais été une tronche à l’école pas plus que je n’ai gravi d’échelons dans ma profession. Je suis un élément un peu passe-partout et pourtant j’aime apprendre mais… pas toute seule, pas dans mon coin ! Acquérir des connaissances et les appliquer, je trouve cela plus fun si c’est tous ensemble et main dans la main !

Le monde du jeu de société m’a offert ce plaisir immense de découverte et de partage sans limite. Bien sûr que j’aime gagner mais plus que tout j’aime observer, écouter, retenir la leçon, savourer l’expérience, utiliser les conseils et vivre des émotions fortes !

Un jeu expert n’est pas nécessairement synonyme de sérieux, de silence, de froideur ! Si je me suis approchée à pas de loup vers la table des grands c’est grâce à des personnes qui, en plus de leur intelligence et culture sans limite, possèdent une certaine ouverture d’esprit et un coeur assez grand pour accueillir celui ou celle qui ignore encore qu’au fond, il ou elle possède aussi les outils nécessaires pour comprendre et s’amuser autour d’un plateau bien fourni !

Merci Tatiana, Alex, Hamza, Areti, Nath, Marie, Seb, Emilie, Lydia, Erwan, Camille et tous les autres dont je ne connais pas le prénom mais qui m’ont donné une place et des explications lors de week-ends ou festivals !

Et vous, qui vous a autorisé à entrer dans le Game ?


Mélanie Fragata


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Etiquettes : Atalia | Barcelona | Dani Garcia | Earth | jeux expert | lucky duck games | Marrakesh | Maxime Tardif | Pixie Games | Queen games | Stefan Feld

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