Dans Marrakesh, vous placez stratégiquement vos assistants dans les différentes zones de la ville afin d’y récupérer de précieuses ressources et autres keshis (??!) ou pour activer l’action associée au lieu. Développez-vous et tentez d’améliorer vos actions mais n’oubliez pas : vous ne pourrez pas être le meilleur partout !
Ma vie
Cet été, j’ai eu l’immense plaisir de partager la table de jeu de THE Queen du secteur (en tout cas pour moi !), j’ai nommée Girl dot Game que vous connaissez sans doute pour sa chaîne Youtube ou Twitch, son compte Insta, ses articles sur Campustech, ses cosplays, ses interventions publiques, son implication lors de différentes manifestations ludiques… Bref vous la connaissez non ? (Suivez-là c’est une perle !).
Et, comble de bonheur, qui vient nous présenter un petit jeu dont il a reçu sa précieuse édition collector méga cool de luxe de la mort qui tue ? Un autre ami belge connu sous le pseudo Hunivers Boargame (HB) présent sur Youtube, Twitch ou encore Insta pour ses mises en lumière incroyables (Suivez-le c’est un dingue !). Autant vous dire que si la partie s’est déroulée sans encombre, le décompte à la fin m’a été fatal en revanche…
J’ai récupéré quelques points par ci par là quand les deux boss s’en sont ramassés des pleines brouettes !
Le matériel
Je vais essayer de faire court mais pas évident parce qu’il y en a dans tous les sens. Je vous présente ici l’Essential Edition qui, pour réduire un peu le coût d’achat, a forcément vu modifié un peu les éléments du jeu. Si l’ergonomie en est un peu alourdie (pour avoir testé la Deluxe), l’expérience reste aussi plaisante et la mécanique est identique évidemment !
- Un plateau central où compter les points (pourtour) avec la rivière, les portes de la ville disponibles à l’achat, l’escalier du Palais et celui de la Mosquée
- A côté de lui seront disposés : la tour à keshi (??!), les tuiles Parchemin, Bureau de change et Marchandise ainsi que les différentes ressources du jeu (dattes, eau, Dinars et keshis ??! )
- Enfin, chaque joueur aura son plateau perso avec des tuiles Oasis placées aléatoirement sur la zone correspondante (Sahara) et des tuiles Ravitaillement qui indiquent les ressources à payer en fin de manche. Trois assistants (les trois autres sont en position sur les escaliers et la rivière du plateau central). Et enfin, derrière son paravent, 12 keshis en bois (??!) de chacune des couleurs.
- Après il y a des bidules pour les extensions mais on va déjà se concentrer sur le jeu de base pour aujourd’hui !
Commençons par le commencement
La question que tout le monde se pose est : “c’est quoi un keshi ?”. Attention, vous êtes prêt pour la minute de culture générale ? Alors c’est parti :
Un keshi c’est… rien ! Ça n’existe pas… Ce sont juste de petits cylindres en bois (et carton pour l’édition de ceux qui ont pas de thune), des pions quoi ! Voilà, après tout ce suspens de dingue, on va pouvoir se concentrer sur le jeu en lui-même.
Et quel jeu ce Marrakesh !
L’idée ici n’est pas de détailler l’ensemble de tous les points de règle mais plutôt vous faire une idée général du jeu pour savoir s’il est susceptible de vous plaire donc ne vous étonnez pas s’il en manque des bouts et ne criez pas au scandale, ça sert à rien, suis sourde et j’aime pas les pleurnicheurs !
Une partie se déroule en 3 saisons chacune composée de 4 tours.
Voici comment se découpe 1 tour de jeu :
- Choisir secrètement 3 keshis
- Récupérer des keshis et améliorer les zones de son plateau perso
- Utiliser les assistants
- Vérifier le bonus rivière
Voilà, c’est bon tu sais jouer ! Nan j’déconne, voyons ça en détail à présent !
Le choix des keshis
Tous en même temps, révélez les 3 petits cylindres en bois colorés que vous avez sélectionné parmi ceux cachés derrière votre paravent. Placez vos assistants sur les zones de votre plateau de la même couleur que les keshis en question ! Rassemblez tous vos pions et balancez-les dans la tour.
Tour qui, comme une tour à dés, va vous les recracher sauf que ! Il y a des étages dans ce bâtiment qui vont peut-être, parfois, pas tout le temps mais souvent (assez pour t’énerver !) retenir certains keshis qui tomberont lors d’un prochain tour (peut-être, parfois, pas toujours…).
Récupérer des keshis pour améliorer des zones
Tous les keshis ressortis de la tour sont triés par couleur et mis à disposition jusqu’à ce que chacun d’eux ait été récupéré. En partant du 1er joueur, chacun en prend jusqu’à deux d’une même couleur pour ensuite valoriser la capacité de la zone qui lui correspond. (Nous verrons cela plus loin). On poursuit à tour de rôle jusqu’à ce que tous les pions aient été joués.
Utiliser les assistants
Toujours en suivant l’ordre du tour, les joueurs vont pouvoir utiliser les assistants qu’ils avaient placés lors de la première phase. 2 solutions s’offrent à vous : soit vous prenez un keshi de la couleur de cette zone, soit vous activez l’action du secteur (j’y viens).
Bonus rivière
Selon l’avancée des joueurs sur la rivière, ils choisissent une petite récompense.
Des couleurs en veux-tu en voilà !
Ah ça pour être coloré, c’est coloré ! Faut pas être épileptique parce qu’entre ça et avoir les yeux partout, tu risques de gerber tes tripes quelques fois ! Voyons donc ces différentes zones dont les couleurs correspondent aux keshis :
Bleue : Rivière
Le keshi permet d’augmenter la jauge de votre plateau perso. L’assistant permet d’avancer votre pion sur la rivière du plateau central (en fonction du niveau de votre jauge) et ainsi gagner des bonus
Vert : Le verger de dattes
Le keshi permet d’augmenter la jauge sur votre plateau perso (+ 1 point). L’assistant permet de gagner autant de dattes qu’indiqué par la jauge
Violet : Le Souk
Les keshis oranges, violets et jaunes sont cumulés sur votre plateau perso. L’assistant permet, pour chacun d’eux de faire des échanges de ressources ou d’acheter des tuiles Marchandise (points de victoire). C’est le seul secteur où plusieurs assistants peuvent être placés.
Rose : La grande Place
Le keshi est placé autour du disque sur votre plateau perso (+ bonus associé). L’assistant permet de gagner un des bonus où il y a un keshi (ce bonus est multiplié par le nombre de spectateurs présents sur le disque face à lui)
Blanc : le Palais / Noir : la Mosquée
Le keshi permet d’augmenter la jauge sur votre plateau perso. L’assistant permet de gravir autant de marches de l’escalier du plateau central qu’indiquées par la jauge. Ces escaliers, divisés en 5 sections, permettent de récupérer des bonus chaque fois que vous en gravissez une.
Gris : la Médersa
Le keshi permet d’augmenter la jauge sur votre plateau perso. L’assistant permet d’acquérir des tuiles Parchemin en fonction du niveau de la jauge et du prix en datte(s). Ces tuiles offrent des bonus immédiats ou permanents non négligeables !
Beige : la Médina
Les keshis sont cumulés sur votre plateau perso. L’assistant permet, pour chacun d’eux et à condition de payer le prix indiqué, de placer des portes colorées. Récupérez alors un keshi de cette couleur à utiliser à la fin de votre tour.
Marron : le Sahara
Le keshi est placé à côté d’une oasis sur votre plateau perso que vous révélez. L’assistant permet de récupérer des oasis révélées (à condition d’en payer le prix) et de les placer sur les cases blanches au-dessus du secteur. Si vous recouvrez ainsi un bonus, gagnez-le immédiatement. Les oasis ainsi placées vous permettent de récolter de précieux points supplémentaires lors du décompte final.
Mais, et les keshis rouges alors !
Bien vu bande de p’tits malins, il n’y a pas de zone rouge !
Quand on sélectionne cette couleur en phase 1, on place un assistant où on veut (joker !). Et quand on récupère un tel keshi et qu’on le place dans une zone, il représente un “porteur d’eau” et nous fait donc gagner une ressource à chaque fois qu’on y place un assistant. Quoi ? Comment ça quelle ressource t’offre le porteur d’eau ? Bah une eau !!!
Et puis surtout, surtout : en fin de partie, chaque secteur que vous aurez bonifié au max et sur lequel vous aurez un porteur d’eau vous fera gagner 10 putains de points supplémentaires (et ça je n’y pensais plus du tout quand j’ai voulu m’attaquer aux deux dévoreurs de jeux de l’extrême !).
Pensez bien à récupérer des ressources aussi car elles sont toutes hyper importantes (dattes, Dinars et eau) puisqu’arrivés à la fin d’une manche (plus de pion derrière le paravent), il vous faudra nourrir votre peuple. Par ailleurs, le plus avancé sur la rivière gagnera encore un truc mais bon je vous sens ramollir alors on va arrêter là pour les règles du jeu.
Marrakesh : un jeu de Stefan Feld sous acide acidulé !
Vous l’aurez compris, ce jeu pétarade dans tous les sens. D’autres l’ont dit avant moi mais j’aime assez la comparaison pour m’autoriser à la reprendre : on dirait un jeu à cocher géant ! T’as envie de faire un p’ti peu de ça et aussi un p’ti peu de ça, il te faut absolument cette tuile et en même temps tu voudrais bien…
Il y a là une multitude de choix possibles, tous plus séduisants les uns que les autres et pourtant il faudra déterminer un moment donné ce qu’on sacrifie et à quel profit. C’est hyper satisfaisant autant que frustrant et j’aime ce type de sensation, ça me donne immédiatement envie de réessayer pour faire mieux (en tout cas essayer). D’ailleurs, je ne doute pas que le jeu offre une belle courbe d’apprentissage !
Oui il y a du hasard mais ce n’est vraiment pas le coeur du truc. Ca apporte juste un peu plus de tension encore et te permet de parier un peu sur l’avenir (à condition d’avoir mémorisé ce que la tour retient dans son ventre !).
Concernant l’édition, personnellement je suis ravie que celle-ci existe pour ceux qui, comme moi n’ont pas forcément un gros budget (ou ont plusieurs loisirs !) ou encore n’ont pas la possibilité de sortir très souvent ce type d’objet. En revanche, si vous savez déjà que vous allez le poncer jusqu’à la moelle, offrez-vous la “classic édition” qui évite quelques manipulations (échanger des keshis en bois contre ceux en carton) et offre peut-être une meilleure visibilité (encore que…).
Pour finir, je dirais que Marrakesh est un jeu exigeant qui nécessite une grande attention et une capacité à réfléchir sur le long terme. Pour autant, les tours de jeu sont rapides et suffisamment “simples” pour des joueurs amateurs qui voudraient se frotter à du costaud. Personnellement j’ai trouvé cette proposition parfaite pour passer le cap !
L’avis de Girl dot Game :
Avec Marrakesh j’ai eu une belle surprise. J’attendais évidemment un jeu expert, mais plus qu’une éventuelle complexité rasoir, j’ai trouvé une vraie intelligence dans les choix et les combos. Chaque décision, dès le moment où on décide de jeter ses keshi dans la tour, jusqu’au moment où on obtient sa récompense, chaque choix va nous emmener un pas plus loin vers la victoire. Et si le jeu est long, il n’a pas de longueurs inutiles. Les tours entre les joueurs sont rapides, et la tension est constante.
Pour moi c’est un vrai coup de cœur.
L’avis de Hunivers Boardgame :
Quand tu sais que l’auteur a sorti Les Châteaux de Bourgogne, difficile de faire mieux. Et pourtant, Marrakesh arrive à s’imposer dans le game. Il a déjà remporté le Diamant d’or. Et ça ne sera pas le seul prix à mon avis ! Il y a tout ce qu’il faut, et Feld connaît bien la recette : un dosage de frustration, de la pose d’ouvriers, un coulis de fluidité saupoudré d’interaction indirecte entre les joueurs et une pincée de hasard, servi avec une salade de points !
Marrakesh
- Un jeu de S.Feld
- Illustré par F.Vohwinkel et P.Limberger
- Edité chez Queen Games
- De 2 à 4 joueurs
- Dès 14 ans