Quand Ravensburger annonce un nouveau TCG avec la licence Disney, je crois à une blague ou à un énième paquet de lessive featuring Vaiana. Puis, en voyant le logo en gros sur le Palais des Festivals de Cannes l’année dernière, et en comprenant mieux leurs ambitions, j’étais un peu plus intrigué. Très vite le jeu a été en rupture, et ne l’ayant pas précommandé au shop je suis tout simplement passé à côté.
Mais samedi grâce à Romain j’ai enfin pu mettre les mains dessus, et jouer plusieurs games à la boutique du Décompte à Gap, avec les decks de base. Voici donc mon avis sur Lorcana, à chaud !
L’univers de Disney bien rendu par Lorcana
Premier contact avec les cartes, (ou plutôt avec les sleeves premium Dragonshield) et première impression positive : Lorcana est beau, le feeling old school de la plupart des cartes lui donne un côté chaud et original. Je suis plutôt hermétique à la cosmogonie Disney, mais j’aime tout de même le côté peinture/dessin des vieux dessins animés de Walt Disney. Beaucoup moins fan des illustrations plus récentes de type Vaiana ou Petite Sirène. Une fois le jeu enrichi de plusieurs chapitres, d’accessoires dignes de ce nom, l’expérience Lorcana devrait être plutôt positive visuellement.
Les cartes sont lisibles, les effets se comprennent facilement. Il ne se dégage pas vraiment d’impression nette sur les familles/essence d’encre. Pour les fans, le texte de lore et les objets, les chansons doivent bien fonctionner.
Le gameplay
Point fort de Lorcana par rapport à sa cible potentielle, ce gameplay simple, évident. Je rapprocherais ça de l’expérience Hearthstone : on comprend assez vite le jeu, la mécanique est fluide. Bien sûr avec les decks de base (et avec 60 cartes dedans) on ne ressent pas beaucoup de combos ou d’effets d’intention du deck en question (contrôle, swarm, counter). Ok un deck contrôle on le sent un peu, mais on ne sent pas la synergie de cartes. Bien sûr avec d’autres cartes issues de boosters ce sentiment s’effacera probablement.
La mécanique principale d’encre est très intéressante, et rend le jeu agréable aux gamers. Cette économie vous force à bien gérer votre courbe de pose de cartes et de « monnaie » pour les payer, et ne pas vous essoufler t6 ou t7. Dans Lorcana, chaque tour vous pouvez poser un terrain une encre : une carte que vous mettez dos tourné devant vous, et qui vous servira de monnaie pour en invoquer d’autres sur votre zone principale. Poser des cartes comme encre vous les fait sacrifier d’une part, mais vous permet d’avoir de quoi jouer les prochains tours. Cependant, si vous jouez une encre à chaque tour et que vous invoquez aussi, au tour 6 ou 7 vous n’avez plus de main et vous vous condamnez à top deck pour continuer à jouer…
C’est un apprentissage, et les cartes des sets de base sont probablement trop faiblardes pour mettre en place des mécanismes de pioche plus réguliers.
Autre mécanique un peu étrange : les personnages que vous invoquez ont ce que les joueurs de Magic appellent le mal d’invocation : ils arrivent sur le board et vous devez attendre un tour pour déclencher leurs effets. Ok. Dans Lorcana, un personnage qui n’est pas engagé (c’est à dire qu’il n’a pas été incliné ou tap en anglais) ne peut pas être défié (=ciblé). Ce qui fait que si vous êtes proche de la victoire, je ne vois pas comment l’adversaire peut vous empêcher de gagner. Car quand vous invoquez un personnage, il survit forcément tant qu’il n’est pas engagé, et à votre tour il part à l’aventure et marque ses points de lore. J’ai l’impression que si on atteint 15-16 points avec un peu d’avance on a forcément gagné dans Lorcana. Les cartes de base (hormis 2 dragons) ne permettent pas de gérer le board adverse non-engagé.
L’appli Lorcana
Si l’outil de scoring est bienvenu, en revanche les règles sont ultra mal détaillées, aucun exemple, rien pour lever les doutes qui viennent forcément lors des premières games…L’appli de Lorcana doit subir un gros lifting pour être digne du jeu. L’ergonomie est bonne, tout est ok, mais les contenus sont faméliques dans l’onglet des règles. L’aspect collection est géré, avec les cartes que l’on a, les cartes que l’on souhaite, et le Lorcanadex des 204 cartes existantes.
Pour qui est Lorcana ?
Je trouve que Lorcana occupe une place confortable entre Pokémon et Magic ! Il ne sera pas aussi intéressant pour les collectionneurs, mais un peu quand même. Il est loin d’être aussi gamer que Magic mais il intéressera les enfants, les familles. Et la licence Disney est un mastodonte mondial en termes de potentialités. Il se peut que le jeu construise d’autres mécaniques, d’autres mots-clés : il va s’étoffer avec le chapitre 2 disponible en novembre. Lorcana est un gateway game du TCG, un jeu de cartes accessible et suffisamment plaisant. Il lui manque de la profondeur thématique, certes, mais Lorcana vient de naître.
Lorcana plaira aux familles un peu joueuses, Lorcana plaira aux joueurs de jeux de cartes qui veulent initier des personnes autour d’eux/elles. Lorcana plaira aux hordes de fan de Disney qui dépensent sans compter dans cet univers. Il suffit de regarder la fréquentation de Disneyland pour s’en convaincre : le parc est insupportable en termes d’organisation et de temps d’attente, trop cher et peu intéressant au niveau de ses attractions. Mais le public Disney s’en fout et ne retient que ses qualités. Avec Lorcana, c’est mieux : le jeu n’a pas de défaut majeur, le jeu est compris en 5mn, le jeu est accessible, beau et fidèle aux personnages de Disney. Comment pourrait-il ne pas marcher ?
Si Ravensburger fait son travail, si le jeu est mieux distribué (si il ne coulent pas dans un procès), si il s’étoffe sans devenir trop expert, Lorcana devrait compter dans le futur. Il propose des produits et decks de démarrage accessibles, et la mécanique de TCG est de toute façon éprouvée. Là où les parents sont hermétiques à Pokémon, il est possible qu’ils jouent à Lorcana en achetant des boosters en caisse. Il manque à Lorcana quelques chapitres (le chapitre 2 : l’Ascension des Floodborn sort en décembre) pour devenir central, il lui manque Pixar pour tout défoncer. Je ne pense pas que Lorcana ira piocher dans Marvel et Star Wars, les autres IP mastodontes de Disney.
Mais imaginez des boosters ou decks Wall-E, Monstres et Compagnie, Winnie l’Ourson ou Blanche-Neige en caisse, et en masse ? Imaginez jouer Toy Story contre Nemo ?
Les défauts de Lorcana
Mon avis est biaisé par un manque évident de parties et de connaissances des cartes. Mais je ne trouve pas de défauts flagrants à Lorcana. C’est un jeu idéalement placé dans le spectre des TCG, c’est un jeu qui ne cherche quasiment pas à prendre des joueurs de Magic ou de Pokémon pour lui. C’est un jeu qui rassemble, et qui existe pour lui-même. Alors certes pour les gamers il est trop léger (je ne connais pas les decks optimisés) et certains patterns ont l’air agaçants. Mais demander à un TCG d’être équilibré et parfait après deux mois d’existence est injuste.
Je pense au final que Lorcana a dans ses bagages les ingrédients d’un TCG bâti pour le long terme. La profondeur de la licence, la simplicité du gameplay, son positionnement dans le genre TCG en font un jeu bien réfléchi. Ravensburger ont-ils assez de ressources pour le marketer à mort, et est-ce que le jeu dispose de suffisamment d’embranchements de gameplay pour durer en termes de mécaniques ? L’avenir nous le dira. Mais ce Noël pourrait être un carton avec le chapitre 2 !
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