Expéditions est la suite chronologique de Scythe, se déroulant dans le même univers. Néanmoins, bien qu’il s’inscrive dans un univers commun, le jeu est très différent de son grand frère, et je vais donc prendre soin d’expliciter ses différences.
Après Scythe, la guerre est finie
Pour le contexte, la guerre secouant l’Europe dans Scythe est finie, mais un événement vient troubler l’actualité : une météorite s’est écrasée en Sibérie, entraînant d’étranges phénomènes sur la faune et la flore locale. Le Dr Tarkovski, éminent scientifique, finance alors une expédition de recherche afin d’enquêter sur cette météorite.
Lorsque tout contact avec le Docteur est rompu, des vétérans de la guerre fondent alors leurs propres expéditions, afin de s’aventurer en Sibérie, d’enquêter sur le phénomène, et de retrouver les traces de Tarkovski. L’attention internationale se concentrant sur cette affaire, ceux pouvant élucider ce mystère se couvriraient alors de gloire.
Un héros, un mecha, plein de possibilités
Expéditions propose donc à un panel de 1 à 5 joueurs d’incarner un héros, et de prendre les commandes d’un bon gros mecha ! La plupart de ses héros sont d’ailleurs des personnages issus de Scythe, assurant donc une continuité chronologique, thématique et visuelle avec le jeu précédent. Néanmoins, les ressemblances s’arrêtent ici. Là où Scythe était un jeu de contrôle de territoire, une sorte de 4X, Expéditions est cette fois un jeu de Tableau et d’Engine Building se basant sur un système de cartes, proposant donc une expérience de jeu et des sensations différentes.
Pas de plateau de jeu défini, mais on a la place ici un ensemble de tuiles hexagonales posées face cachées. Chaque joueur dispose donc d’un héros et d’un mécha uniques, disposant chacun de capacités propres, ainsi que de trois actions lors de leur tour :
- Se déplacer
- Rassembler
- et Jouer des cartes
Se déplacer vous permet de traverser les différentes tuiles face visible, et de révéler les tuiles faces cachées. Lorsque ces tuiles sont révélées, un certain nombre de jetons corruption sont placés sur cette tuile, rendant son utilisation impossible. Il vous faudra d’abord vous débarrasser de ces jetons corruptions afin d’utiliser les bonus de la tuile.
La deuxième action, Rassembler, vous permet justement de gagner les bénéfices de la tuile sur laquelle vous vous trouvez: vous pouvez donc recruter des nouveaux membres d’équipage (symbolisés par des meeple de différentes couleurs), gagner des cartes, et augmenter les statistiques de votre mécha.
La troisième action, jouer des cartes, vous permet de jouer une suite de cartes en votre possession, et de gagner les bonus qu’elles offrent. Chaque carte offre un effet pouvant être déclenché en y plaçant un certain type de membre d’équipage sur la carte. Les cartes sont de trois types :
- équipement
- quête
- météorite
Les équipements offrent des bonus d’amélioration permanents, tandis que les quêtes et les météorites vous permettent de marquer des points.
Engine building
Expédition est donc typiquement un jeu de combo et d’engine building, où le nombre de possibilités à votre disposition va augmenter tout au long de la partie, intriquées à votre progression. Les manières de se renforcer et de gagner des points sont multiples, et il faudra que les joueurs prennent soin de ne pas s’éparpiller, afin d’être le plus efficace possible.
La partie s’achève lorsqu’un joueur a placé 4 étoiles sur la carte, ce qui s’accomplit de différentes manières (8 choix possibles, parmi lesquels réussir 4 quêtes, posséder un certain nombre de météorites, d’équipement, avoir récolté des jetons corruption, etc). Les scores sont alors calculés, et le gagnant est le joueur possédant le plus de points. Expédition dispose également d’un mode solo vous faisant concurrencer deux méchas contrôlés par le système de jeu.
Le jeu a obtenu un Seal of Excellence de la part de Dice Tower (j’ai d’ailleurs aperçu ce géant de Tom Vasel à Essen), et les retours outre-atlantique sont très positifs, le jeu ayant un score actuel de 7.9 sur BGG (1400 notes au-dessus de 8, pas mal du tout). Attention, Expéditions n’est pas un jeu d’affrontement. Les interactions ne résident pas dans le conflit et les attaques contre les autres joueurs.
L’interaction entre participants est limitée, comme souvent dans le tableau building. La narration, quant à elle, se fait de manière environnementale, via le matériel et les sublimes illustrations de l’artiste Jakub Rozalski. C’est une approche différente d’un univers établi, celui du monde pas du tout bucolique de Scythe. Une nouvelle facette, celle d’Expéditions, y est présentée.