Pas matheuse pour un sous, ça ne m’a jamais empêchée d’aimer les jeux de logique et de déduction. En solo comme en groupe, en coop’ ou en compétition, il y a de quoi faire dans le milieu du jeu de société. Je vous présente les trois derniers qui ont enflammé mon coeur !
Kronologic ou comment rendre le Cluedo captivant !
Depuis la sortie de l’excellentissime Turing Machine, il y a un nom que l’on voit tourner partout : celui de Yoan Levet, auteur prolifique en matière de casse-têtes à savourer à tout âge. En plus d’être une personne particulièrement agréable, on dirait que la bricole coincée entre ses deux oreilles n’arrête jamais de turbiner pour notre plus grand plaisir ! Mais ici, c’est bien le duo d’auteurs formé avec Fabien Gridel qui revient sur le devant de la scène.
Kronologic enfile un costume de jeu d’enquête pour régaler nos yeux de ses sublimes décors de l’Opéra de Paris et nous plonger dans l’ambiance des années folles. Mais ne vous méprenez pas, vous pourriez en être déçus : c’est bel et bien un jeu de logique et non quelque chose de narratif !
Chacun dispose d’un plan de l’Opéra où il prend note des premières infos révélées dans l’introduction. Par la suite, en tenant compte des règles spécifiques du scénario en cours, les enquêteurs en herbe pose des questions au jeu avec un nouveau système ingénieux créé par ces deux génies du raisonnement. Ainsi, en superposant une plaquette Personnage ou Horaire avec une carte Lieu, le joueur obtient une information à partager et une autre confidentielle.
C’est purement mécanique et réflexif. On ne se sent pas immergé dans une histoire palpitante. Pour autant, le plaisir est immense si on apprécie ce type de réflexion. Le jeu est d’une élégance folle, le matériel agréable à manipuler, le système intelligent sans être lourd de manipulations. On se mesure aux autres tout en partageant des infos, il faut donc bien estimer quelle question poser afin que celle-ci nous révèle suffisamment de données sans trop en offrir à nos adversaires. Chaque niveau de difficulté propose cinq scénarios différents et, étant donné le style, autant vous dire que vous pourrez les faire et les refaire sans vous souvenir des résolutions. C’est aussi ce qui le différencie d’un vrai jeu d’enquête et n’est pas pour nous déplaire !
On a déjà hâte de voir les prochaines boîtes, dans des périodes et univers différents, rejoindre nos étagères ! Je parle en détail de tout ça dans cet article sur Kronologic.
Infiltraîtres : il n’est pas celui que vous croyez !
Revenez !!! Oui, vous qui vous détournez parce que vous pensez avoir un jeu de bluff devant les yeux ! Non non et non ! C’est juste le thème du jeu « les traîtres » mais en aucun cas vous n’aurez à vous méfier les uns des autres ! Au contraire…
Dans Infiltraîtres, on cherche tous ensemble à retrouver ces fameux traîtres parmi les cartes. On est donc dans du coop’ : soit on réussi la mission main dans la main, soit on meurt perd comme des m …
Le matériel est canon : des illu façon BD hyper stylées, des plaquettes effaçables pour prendre des notes et même un Gun ! Mais noooon ! Pas pour tirer sur les joueurs ! Pour tirer sur les Traîtres quand on pense avoir déduit la couleur et la valeur de ceux-ci. Car dans ce jeu, tout est question de comparaison et d’élimination d’indices à partir des valeurs et couleurs des cartes que l’on va confronter. Je vous explique cela un peu mieux dans mon avis sur Infiltraîtres.
Le gros plus avec Infiltraîtres, c’est que vous pourrez refaire indéfiniment le scénario de votre choix parmi une vingtaine ! Ou, carrément décider de jouer en campagne en enchaînant les parties jusqu’au bout de la nuit. Petit à petit, on affine sa façon de poser des questions ou donner des indices, on veille à la pile qui s’amenuise et risque d’écourter notre affaire, on tente le tout pour le tout et on s’adapte aux petits points de règle spécifiques.
C’est hyper prenant, on a envie d’enchaîner pour toujours faire mieux et découvrir les nouvelles contraintes à respecter. Surtout ne vous fiez pas à ce nom qui en a fait fuir certains ou aux règles qui parlent de « multiplicateurs » ou « diviseurs », je vous assure qu’une fois lancé dans la partie, on n’y pense plus. On compare des numéros tout simplement sans penser du tout aux mathématiques et pour ce qui est du thème, finalement, vous vous apercevrez que le titre n’est pas si mal choisi. L’ambiance va avec et on a réellement la sensation d’accomplir des missions secrètes au fil de nos réussites (et nos défaites !).
Temple code, oubliez le Mastermind !
Et revoilà de nouveau ce tritureur de méninges, j’ai nommé Yoan Levet. Le père d’Archéologic (entre autres) qui se base plus sur les repères dans l’espace et la reconstruction d’un véritable puzzle logique.
Ici, la base du jeu repose sur celui que l’on a tous connu enfant : le Mastermind. Il va falloir retrouvé chacun un code de 3 couleurs. Pour cela, l’auteur nous offre encore un sytème malin et ultra ludique : les joueurs disposent une carte devant eux sur un support de façon à ce que seuls les autres aient connaissance de leur propre code secret. Puis, tour à tour, les décrypteurs de l’extrême, comparent le dos d’une carte parmi celles révélées avec le dos de la carte posée devant eux. Sur ce verso, des indications !
Si l’ancêtre de Temple code utilisait la main d’un des joueurs (le condamnant ainsi à ne pas jouer) pour révéler petit à petit la solution finale, ici, c’est ce système de comparaison qui fait tout le boulot ! Donc chacun est actif à tout moment. Le jeu vous révèle 2 ronds bleus ? Vous savez que 2 des éléments de la carte ainsi utilisée correspondent à votre code. Le jeu vous révèle 1 triangle ? Vous avez 1 élément qui correspond mais n’est pas à la bonne place ! Le jeu ne dit rien ? Aucun des 3 symboles de cette carte n’apparaît dans votre code à vous !
Que c’est futé ! Et fascinant par ailleurs… Il fallait y penser n’est-ce pas ?!
Les parties de Temple code sont rapides et dynamiques. A tout moment, les joueurs sont plongés dans la réflexion : est-ce que je prends cette carte pour lever un doute ? Ou celle-ci qui laisserait trop d’informations importantes à cet ennemi adversaire ? Peu de matériel donc peu de mise en place et c’est justement pour cela qu’on a envie de l’avoir.
Pour être honnête, je m’étais dis au départ que je ferais l’impasse sur celui-là ayant déjà d’autres jeux de déduction à consommer. Mais l’auteur, un véritable dealer, a diffusé des grilles de logique à la pelle sur insta que j’ai dévoré et tenté de résoudre au plus vite comme si j’étais en compétition avec moi-même ! C’est devenu mon shoot de plaisir quotidien, je suis déçue quand il n’y en a pas et j’attends impatiemment que revienne la prochaine grille qui poussera mon cerveau à s’activer !
Temple code est facile à sortir, l’univers et le visuel sont plaisants et attirants, les manipulations accessibles et efficaces. C’est un petit plaisir à s’offrir en solo pour démarrer la journée ou la terminer en beauté avec une stimulation suffisamment difficile pour nous challenger et agréable pour l’apprécier posé dans son canap’. Mais c’est aussi un bijou à partager avec la famille et les amis : en compét’ contre les plus féroces ou en coop’ avec les plus jeunes. Au final, une boîte qui ne fera pas doublon avec les autres et risque de vous rendre vite accro comme Mélissa !
J’en déduis que vous en avez envie ?
Si vous êtes arrivés jusque là, c’est que vous n’êtes pas insensibles à ce type de jeu et que, vous aussi, prenez plaisir à titiller votre matière grise.
Ce qu’il y a de plus incroyable dans les titres que je vous ai présenté ici, c’est qu’on peut se contenter de jouer sans trop se prendre la tête… Bon bien sûr, en dehors de l’aspect logique présent évidemment. Mais on peut surtout affiner cette capacité en évaluant quelle est LA bonne question à poser qui apportera plus vite la solution ou éloignera les autres de leur résolution.
C’est hyper gratifiant comme sensation : non pas de dominer un groupe mais plus de se surpasser soi-même et se surprendre à faire des connexions cohérentes et percutantes qui finalement nous prouvent que nous avons des capacités de raisonnement en nous que l’on ignore parfois…
Et si, comme moi, vous êtes intrigués et fascinés par les systèmes de communication astucieux qui poussent la réflexion et offrent le sentiment d’être fortiche quand on en capte le fonctionnement, jetez un oeil sur le jeu « Expressions » porté par Instaplay (une équipe qui accompagne la création de projets à l’international) mais qui n’a pas encore trouvé preneur pour une édition française : je lance un appel ! On en veut !
