Vous aimez les associations d’idées ? Les jeux coop’ où l’essentiel réside dans les échanges ? Les illustrations loufoques libres d’interprétation ? Vous devriez kiffer KipourKoi et je vais vous dire ici pourquoi !
Touchée en plein cœur
La toute première fois que j’ai entendu parler de ce jeu, c’était dans une vidéo de l’équipe du Passe-Temps (boutique spécialisée de Toulouse célèbre notamment grâce à sa chaîne YouTube). L’équipe présentait alors les jeux qui seraient en avant-première au Festival l’Alchimie du jeu ! Au premier abord, me suis dis « ouais bon, j’adore ce genre de trucs mais j’en ai déjà plein… ». C’était sans compter sur le dynamisme des vendeurs qui ont joué leur partie sous les feux des projecteurs.
J’avoue avoir tout de suite été séduite par les visuels atypiques et les discussions engendrées par ceux-ci : vidéo
Le chouchou du moment
Me suis donc rendue à ce festoch, bon pas que pour KiPourKoi mais quand même, avec la nette intention de l’essayer ! Et je n’étais pas la seule à l’attendre alors autant vous dire qu’on a rempli la table et la magie a opéré ! Direct !
C’est tout un monde qui s’ouvre à nous quand on soulève le couvercle de cette charmante petite boîte : de drôles de Zigotos nous attendent à l’intérieur, on ne sait pas dire tout de suite si on les trouve beaux, moches, gentils, méchants etc. En fait, c’est justement ça qui est appréciable : ce ne sont pas des personnages tout lisses. Ils ont du charisme, quelque chose d’attendrissant, d’intrigant. Certains peuvent même « déranger », interroger… Bref, ils ne peuvent pas vous laisser indifférents !
Une première boîte a été achetée le jour même et on l’a tellement fait tourner le soir que d’autres ont suivi le lendemain ! On était unanimes : c’est LE jeu de notre festival 2024. La preuve en est : tout le monde a écrit un mot doux en souvenir dans le couvercle de mon exemplaire personnel !
C’est bien beau mais c’est Koi ?
Dans KipourKoi, les joueurs votent secrètement pour un des six Zigotos présentés lors d’une manche en fonction d’une situation donnée. Par exemple « à qui appartient ce slip ? », « qui pourrait avoir fait cette bêtise ? », « qui saute le plus loin ? ».
Je sais je sais : ça a l’air naze dit comme ça… Vu et revu, sans intérêt… Mais je vous jure que les personnages prennent vie sous vos yeux et que les débats débiles engendrent de sacrés fous rires !
Quand on obtient la majorité absolue, le personnage élu est mis de côté. Et quand la réponse est unanime, on gagne en plus un jeton Connexion. En revanche, si on n’est pas tous d’accord, on en perd un. Et on fait ça sur plusieurs manches.
Plus de jeton = partie finie = perdu !
A l’inverse : si on réussit à mettre 6 perso de côté, on arrive à la manche finale. Comme pour les autres : une situation est révélée et il faut élire le Zuper-Zigoto ! Mais cette fois il faudra absolument être unanime ! Chaque erreur fait perdre un jeton et comme dit plus haut : plus de jeton, fini !
Il faut cultiver la différence et non l’indifférence !
Une de mes premières remarques en jouant à KipourKoi a été : « alors ça je veux le faire jouer à l’hôpital ! ». Oui parce que je fais pas que jouer non plus , figurez-vous que je bosse dans le domaine de la psychiatrie adulte. J’anime régulièrement des groupes notamment en utilisant le Jeu comme support.
Les personnages biscornus de KipourKoi, dans leur symbolique, m’ont immédiatement fait penser avec tendresse aux personnes que j’accompagne. La vision qu’ils ont d’eux même est bien souvent morcelée, déformée, abîmée . Le regard que leur porte la société est encore trop souvent négatif : on les imagine différents, on les trouve bizarres, on suppose même qu’ils sont dangereux… Mais ne sommes nous pas tous l’étranger de quelqu’un ? Sommes-nous sûrs de ne pas être un peu bizarre aussi face aux épreuves, à la douleur, à la peur … ?
Au delà de l’amusement procuré par ce jeu, j’ai senti un réel potentiel : une façon de joindre nos deux mondes qui devraient pourtant ne faire qu’un. Et pour l’avoir expérimenté en atelier, je peux vous dire que j’ai vécu une de mes plus belles expériences en 12 ans dans ce service. Parler du corps sans laisser approcher le sien, rire d’un aspect sans se sentir viser par l’humiliation, donner son ressenti sans avoir l’impression d’être décortiqué et puis interagir et puis s’amuser et puis imaginer et puis et puis…
Quel vent de fraîcheur ce jeu ! Apporté par une vision nouvelle : différente justement mais à portée de TOUS ! De tous oui ! Car petits et grands pourront le partager et, par ailleurs, je ne pense pas que la barrière de la langue soit un frein non plus à cette expérience : les illustrations parlent d’elles-mêmes…
POUR KI et POUR KOI
J’aime l’idée générale de ce jeu : une petite boîte discrète et une mécanique déjà bien connue mais sublimée par des illustrations qui chamboulent et viennent titiller quelque chose en nous qui se situe entre l’innocence de l’enfance et les blessures de la vie. Il amène à aborder des sujets intimes et des ressentis personnels sans se sentir soi-même visé ou charcuté. Et mieux : on en rit volontiers et naturellement grâce à la distance qu’il y a entre ces zigotos couchés sur le papier et notre propre vécu.
Un support à partager à tout âge et dans différentes configurations : en soirée, en classe, en groupe discussion…