Hasbro a annoncé vouloir intensifier la publication de ses sets Univers Infinis chaque année. Le PDG de Hasbro, Chris Cocks, a annoncé des plans pour l’expansion de Magic : L’Assemblée avec un renforcement de l’offre crossovers estampillée Univers Infinis. La compagnie prévoit de sortir deux sets chaque année, chacun présentant des collaborations avec des franchises populaires afin d’élargir l’attrait du jeu et de stimuler une croissance significative au sein de la marque.
Une manière policée de dire que Magic veut réitérer le succès du Set du Seigneur des Anneaux, qui a cartonné et qui remplit de joie les actionnaires, qui ont besoin de ses rassurer vu qu’Hasbro licencie des milliers d’employés. Après Doctor Who ou Warhammer, Magic tente d’intégrer diverses cosmogonies dans son jeu de cartes, diluant par la même occasion son propre lore.
Magic vise deux crossovers par an
S’appuyant sur l’incroyable succès de leur partenariat avec Le Seigneur des Anneaux, qui a généré plus de 200 millions de dollars de revenus en moins de six mois, Hasbro vise à répliquer ce modèle commercial en introduisant deux grands crossovers chaque année à partir de 2025. Le prochain à arriver étant Fallout en mars, avant Assassin’s Creed en juillet 2024 et Final Fantasy en 2025.
Bien que les détails spécifiques d’autres partenariats n’aient pas encore été divulgués, on peut imaginer qu’Hasbro ratissera large, pour explorer toute opportunité au sein des royaumes de la culture populaire s’étendant à divers genres, y compris le film, la télévision, la littérature et d’autres sphères de jeu. Prenant ainsi le risque de noyer le lore de Magic après 2 ou 3 ans de tels crossovers.
Les actionnaires et le board ont probablement des impératifs financiers à gérer, ce qui empêche de prendre des décisions long terme sur l’ADN même de Magic. Je sui prêt à parier que le jeu ira lorgner vers Marvel, vers Fortnite, Lego et d’autres univers bankables d’ici 2026. Magic paye les pots cassés des autres branches d’Hasbro, et le board d’Hasbro tire sur les mamelles de sa vache à lait la plus productive.
Et comment feront les joueurs si 2 sets sur 6 (pour l’instant) sont complètement injouables ou non-compatibles avec plusieurs formats ? Hasbro semble s’en laver les mains, et faisant tendre son jeu vers la collection pure. Et je comprends la tentation quelque part, et j’ai moi même très envie de voir ces cartes Magic x FF, mais jusqu’où peut-on rincer le lore de Magic en l’associant à des IP complètement à part ?
Exister au format numérique
Hasbro cherche certes à renforcer la présence et la réputation de Magic dans l’espace numérique et de sortir du carcan de jeu de niche (une énorme niche certes). Reconnaissant la valeur et la préférence pour les offres numériques parmi les publics d’aujourd’hui adeptes de technologie, la compagnie cherche à fournir aux fans une expérience en ligne, réduisant davantage l’écart entre le jeu de cartes traditionnel et le jeu virtuel. Et à exister dans des espaces qu’elle occupe peu.
Magic : L’Assemblée a déjà connu un succès considérable dans sa transition vers les plateformes numériques, avec des options populaires telles que Magic Online et Magic Arena, de plus en plus tendance. Pour capitaliser sur cet élan, Hasbro prévoit de renforcer encore davantage la présence numérique de Magic en introduisant de nouvelles fonctionnalités, modes de jeu et contenus spécifiquement destinés aux joueurs numériques, tout en attirant les nouveaux venus peut-être dissuadés par le format de jeu de cartes physique.
Donjons et Dragons concerné aussi
Cette stratégie s’étend au-delà de Magic pour Wizards of The Coast, avec d’autres jeux sous la bannière Hasbro. La compagnie s’intéresse particulièrement à tirer parti de l’intérêt renouvelé monumental pour Donjons & Dragons (D&D) en diversifiant les partenariats de contenu tiers et en renforçant le côté numérique. Deux indicateurs forts pour ça : le succès critique (mais pas tout à fait commercial) du film Donjons et Dragons, l’honneur des voleurs ; et le succès mondial énormissime de Baldur’s Gate 3.
En résulte cette année une nouvelle édition de Donjons et Dragons appelée One D&D pour l’instant, ainsi que le développement de plateformes virtuelles pour jouer aux jeux de rôle papier. Elargir l’expérience traditionnelle de jeu de rôle sur table semble être une option sérieuse pour WOTC. Hasbro cherche aussi à se lancer dans différents formats – des jeux vidéo aux romans graphiques, des séries animées aux productions en streaming en ligne – D&D est prêt à s’aventurer audacieusement en territoire inconnu.
Comment revitaliser la division jouets ?
Au milieu de tous ces plans d’expansion ambitieux dans le secteur du jeu, Hasbro ne néglige pas l’importance de revitaliser sa division de jouets chérie. Avec un objectif clair de contrer les récentes baisses des ventes au détail, la compagnie se concentre sur la revitalisation des jeux sous licence et la diversification de ses offres. De là à imaginer des Nerf Fallout ou des Monoply GO ! Assassin’s Creed ?
La direction stratégique de Hasbro met l’accent sur deux piliers centraux pour le succès : l’innovation et l’attention aux tendances mondiales. Cette approche implique non seulement de développer de nouveaux produits qui résonnent avec les consommateurs, mais aussi de surveiller de près la dynamique du marché et de s’ajuster pour rester à l’avant-garde de l’industrie. Ca reste mal barré tant le jeu-vidéo et les univers virtuels semblent avoir pris le pas sur les jouets traditionnels !
Ces plans visant à renforcer Magic à travers les crossovers Univers Infinis, à renforcer leur présence numérique, et à étendre d’autres franchises bien-aimées telles que Donjons & Dragons cette strat ressemble plus à un all-in du board qu’à une stratégie long-terme. Hasbro a perdu 1 milliard en 2023. En s’aventurant à ce point dans dans de nouveaux royaumes, j’ai peur que Magic perde sa fan-base, car tout le monde sent arriver la douille.
Facile à dire et à commenter, certainement plus difficile quand on tient les rênes d’une multinationale aussi capitalistique qu’Hasbro.