Nous y sommes. La saga culte Alien initiée par Ridley Scott en 1979 est de retour sous le contrôle du réalisateur Fede Alvarez et nous promettait un retour au source mérité après un Alien Covenant détesté par un grand nombre de fans. Alors qu’en est-il de ce sixième épisode ? Pari gagné ?
(Attention, cet article contient plein de spoilers)
Un épisode respectueux du matériel de base
La volonté première de Fede Alvarez est assez claire. Faire un Alien plus proche du premier, Romulus étant situé chronologiquement entre le premier et le deuxième Alien. L’ambiance se veut plus anxiogène et viscérale, ce que pouvait nous offrir le premier film de Ridley Scott.
Un scénario classique mais efficace aux enjeux profonds
Les chercheurs de Weyland Utani récupèrent la dépouille flottante dans le vide sidéral du xenomorphe éjecté par Ripley a la fin du premier film et opèrent tout un tas de recherches sur son corps au sein d’une station spatiale en orbite autour d’une de leur planète minière. Évidemment notre xenomorphe préféré n’est pas mort et se promène au sein de la station, massacrant tout le monde sur son passage.
Sur la planète en dessous, des jeunes désespérés de quitter leur piètre vie de mineurs exploités par Weyland, élaborent un plan pour pénétrer la station en orbite et trouver un moyen d’échapper à leur planète. La mort les attend donc au bout.
Le scénario apparaît comme basique mais pourtant très proche du premier. Ce qui démarque notamment le film, c’est sur son approche de sujets assez profonds comme la condition humaine, l’esclavage et le rapport de l’homme à la machine.
Ces thématiques sont parfaitement représentées par deux personnages attachants en la personne de Rain (jeune Ripley en devenir) et de son “frère” Andy, androïde, seul souvenir de ses défunts parents. Au-delà du lien qui les unit, Alavarez reprend les gimmicks propres à la saga, la méfiance envers les androïdes et leur possible dualité.
En effet, Andy est tiraillé entre sa volonté de protéger Rain et de remplir la mission de Weyland (twist que je ne vous révélerai pas ici mais qui implique un visage que l’on connaît tous, amené de façon assez grossière mais dont l’importance dans le scénario n’est pas négligeable). Ainsi, Fede Alvarez montre qu’il comprend le matériau de base et voit en la saga Alien un moyen détourné d’aborder des sujets forts tout en invitant le spectateur dans un train fantôme aussi efficace que bien mis en scène.
Une mise en scène redoutable
Il n’est plus à prouver que Fede Alvarez s’est imposé ces 10 dernières années comme un maître de l’horreur notamment avec son remake ultra gore d’Evil Dead et de son non moins violent Don’t Breathe. Que les détracteurs des effusions de sang se rassurent, Alien Romulus est violent mais moins gore qu’on aurait pu le croire. On sent Fede Alvarez moins sadique qu’à l’accoutumé, peut être n’était ce pas ce qu’il recherchait ici.
Ce qui marque surtout après le visionnage d’Alien Romulus, c’est la propension qu’a le film à livrer des moments marquants à l’instar du couloir de Facehuggers que nos protagonistes doivent traverser en silence ou le final tout simplement cauchemardesque qui ne manquera pas de faire crier quelques fans, mais toute œuvre doit bien faire parler d’elle.
Attaché à la notion d’authenticité, Alvarez a tenté au maximum de limiter les effets numériques et s’est entouré de membres ayant travaillé sur les deux premiers Alien afin de créer des xénomorphes plus vrais que nature. En ressortent des scènes viscérales et diablement réalistes favorisant une immersion totale dans cette station déserte. Les images d’horreurs sont légions et les références pleuvent.
Un film (trop) référencé ?
On l’a vu, Fede Alvarez veut revenir aux origines de la saga et plaire aux fans de la première heure et ainsi opérer une forme de mea culpa et ignorer (du moins en partie) ce qu’a été opéré par Prometheus et Alien Covenant. Pour ce faire, il n’hésite pas à faire pleuvoir les références plus ou moins subtiles aux précédents volets. Le retour d’un visage bien connu des fans jusqu’aux punchlines, parfois forcées, venant des précédents opus. Certains fans seront aux anges, d’autres y verront une forme d’opportunisme mais il serait dommage de réduire ce que le film a à offrir aux spectateurs.
Alien Romulus a toutes les armes pour être un très bon film Alien et est déjà un très bon film en soit. Sa mise en scène redoutable et soignée, ses thématiques et son esthétique générale nous font facilement oublier un Covenant peut être beau mais sacrément bordélique.
Je ne saurai que mieux vous conseiller d’y foncer et n’oubliez pas… dans l’espace personne ne vous entendra crier.