L’univers de Magic the Gathering (MTG) est apprécié depuis 30 ans pour sa richesse mécanique et son lore foisonnant. Récemment, son aura semble diminuer, avec un lore très dilué et une stratégie commerciale centrée sur les profits court terme. Une partie des extensions Magic prévues pour 2025 seront des produits Univers Infinis, et il est clair que Wizards of the Coast favorise les collaborations avec d’autres franchises au détriment des histoires et des personnages originaux de Magic.
L’IP de MTG sacrifiée pour le profit ?
La stratégie actuelle de Wizards of the Coast révèle des failles grossières dans la gestion de l’univers de Magic. L’introduction croissante de sets collaboratifs tels que ceux d’Univers Infinis montre une volonté de maximiser les profits au détriment de l’originalité et de l’authenticité qui caractérisaient autrefois le jeu. Cette tendance est confirmée par les résultats financiers de Hasbro, qui a besoin de Wizards of The Coast pour se maintenir à flot.
Avec le set du Seigneur des Anneaux, qui a constitué la plus grosse vente Magic de l’histoire, on voit bien que les actionnaires de la firme Hasbro souhaitent réitérer ce type de partenariat, tant les bénéfices sont grands. A court terme.
Mais à long terme, que valent les partenariats avec des licences comme Final Fantasy, Fallout ou la pire d’entre toutes, Marvel ? Certes on fait se croiser des cosmogonies bankables, mais pour les joueurs, à quoi ressemblera Magic dans 5 ans d’Univers Infinis ? A des crossovers avec Bob l’éponge ou Barbie ? Cette dilution semble néfaste dans le temps, car la perte d’identité est une vraie menace pour tout produit un peu geek.
La faiblesse fondamentale de l’IP de Magic
Le succès de Magic the Gathering repose sur son gameplay (toujours incroyable au demeurant) et non sur son lore. Contrairement à d’autres jeux où le lore est intrinsèquement lié au produit, l’univers de MTG a toujours été très varié. Forcément, après 30 ans d’exploitation, il est naturel que les histoires se diluent. Mais Magic réussit peut-être moins sa saisonnalité actuelle, avec des arcs se déroulant sur un an ou plus. ces derniers mois, nous sommes passés de dinosaures avec Ixalan, à des Hors-la-loi avec Croisetonnerre, en passant par du post-apo avec Fallout, et du féérique avec Bloomburrow.
Les joueurs de Magic s’y perdent un peu et boycottent parfois des extensions pendant 6 mois. Le nombre d’extensions devient tout aussi problématique, et les joueurs ne peuvent plus suivre pour la grande majorité.
Mais là où la force de Magic ne faiblissait pas, c’était sur son gameplay ô combien élaboré par plus de trois décennies de maestria. Sauf que récemment, Star Wars Unlimited ou Altered sont venus donner un coup de frais, de très frais même, et en boutique on voit des joueurs switcher. Ce ne sont pas les univers qui les faisaient rester, mais bien les mécaniques, et si d’autres acteurs viennent avec des mécaniques très innovantes et un lore très maîtrisé, alors le géant vacille.
Comparaison avec d’autres TCG
Contrairement à des univers comme celui d’Altered ou Lorcana, où le lore est essentiel et profondément intégré dans chaque aspect du jeu, MTG pourrait facilement exister sans son contexte fictif. Cela souligne une différence fondamentale dans la conception et la perception du jeu par rapport à d’autres franchises TCG où le background enrichit et motive l’engagement des joueurs.
Quel avenir de Magic ?
L’avenir de l’univers narratif de Magic semble à la croisée des chemins. Avec des extensions au lore de plus en plus secondaire, MTG risque de perdre ce qui faisait la singularité de son univers. Bien sûr, le jeu est tellement implanté auprès de millions de joueurs qu’il n’est pas prêt de se casser la gueule. Magic, c’est solide. Mais cette dilution de son identité narrative pourrait lui jouer des mauvais tours, face à de concurrents qui prennent des parts de marché.
Le problème de Wizards of the Coast (ce qui a pu être une force aussi) c’est d’être coincé dans un groupe hyper capitalistique, Hasbro, qui utilise le levier Magic dans un contexte de crise. Les résultats de Hasbro au global conditionnent en partie la ligne éditoriale de Magic, qui implémente des Univers Infinis de manière plus régulière. Au prix de la perte de sens.
Magic est donc à un tournant. Alors que le jeu continue de prospérer grâce à ses mécaniques de jeu exceptionnelles, son jeu organisé et sa distribution mondiale très bien huilée, ses errements thématiques tournés vers les profits à outrance ou plutôt le sauvetage de meubles, pilotés par Hasbro, pourraient lui coûter beaucoup.