Magic The Gathering a toujours fait le grand écart : Le jeu ? La collection ? Les 2 ? Jusqu’à très récemment dans l’histoire du jeu, la question ne s’embarrassait pas d’une réponse personnalisée : il n’existait qu’un type de booster, le booster de draft, et si vous vouliez collectionner des cartes, il fallait acheter masse de boosters (le mieux était de choper un display et de prier très fort).
Mais ça c’était avant, avant la multiplication des versions de cartes, avant les collections alternatives, les mini-sets dans les sets et l’arrivée du booster collector et du booster d’extension. A partir de là, le marché s’est scindé en plusieurs segments et tout cela s’est fait au détriment du booster de Draft.
Très rapidement, pour les joueurs lambda, il est apparu qu’en dehors de l’occasionnel draft (entre potes ou en compet), en dehors des Avant-premières, le booster de draft avait perdu énormément de son intérêt. Qui a envie de voir s’empiler des centaines de communes, quand il est possible d’ouvrir jusqu’à 5 rares ou mythiques dans un Booster d’extension ? Wizards s’est piégé tout seul (où alors, il s’agit d’un savant projet de préparation, en vue de nous faire accepter un unique type de booster, plus couteux) et a été contraint de revoir son offre.
C’est ainsi que nous allons bientôt inaugurer le booster de jeu. Il arrivera en Février 2024, à l’occasion de la sortie du set « Meurtres au manoir Karlov ». Un changement que j’ai, dans un premier temps, accueilli avec joie. Mais avec du recul, est-ce vraiment une bonne opération ?
Que nous réserve ce nouveau booster ?
Le booster de jeu entend concilier les joueurs et les collectionneurs avec un produit unique, plus adaptable, plus tout-terrain. Voici la composition :
- 1 cartes rare ou mythique
- 3 cartes uncos
- 6 cartes communes
- 1 carte commune ou de la liste (donc rareté aléatoire entre mythique, rare, unco ou commune)
- 1 carte de terrain
- 1 carte non-foil à rareté aléatoire (mythique, rare, unco ou commune)
- 1 carte foil à rareté aléatoire (mythique, rare, unco ou commune)
- 1 carte de jeton ou de marqueurs ou carte publicitaire ou carte d’illustration
Le tout pour environ 5.50€.
En comparaison, un booster de draft contenait, en général :
- 1 carte rare ou mythique
- 4 uncos
- 9 cartes communes
- 1 carte de terrain
- 1 jeton
Prix du produit : 3.90€
Alors qu’un booster d’extension contenait plus ou moins :
- 1 Rare ou Mythique
- 1 carte foil à rareté aléatoire (mythique, rare, unco ou commune)
- 2 cartes à rareté aléatoire (mythique, rare, unco ou commune, 2 raretés identiques sont possibles)
- 1 Unco en version alternative ou 1 commune ou unco recto-verso ou autre spécificité du set
- 3 Uncos
- 3 Communes
- 1 Terrain
- 1 carte d’illustration
- 1 carte de jeton ou carte pub ou carte de la Liste (1 booster sur 4 a des chances de contenir une carte de la Liste)
Facture d’un tel booster : 5.50€
( Ne vous fiez pas aux illustrations des produits, dans la réalité, les draft boosters double feature coutent un rein et le set boosters commander master coutent l’équivalent d’un chalet dans les alpes suisses.)
En l’état, le booster de jeu semble se placer comme le meilleur des 2 mondes : du meilleur loot que dans un booster de draft, plus de cartes qu’un booster d’extension. Mais si on regarde le truc à l’envers, on se retrouve plus ou moins avec un booster d’extension (on verra le taux de drop à l’usage, mais en substance, un booster d’extension aligne entre 12 et 13 cartes + 1 illustration, tandis qu’un booster de jeu propose 14 cartes + 1 slot variable entre illustration, pub ou jeton) qu’il sera possible de drafter ou au contraire, avec un booster de draft amputé d’une carte, pour un prix beaucoup plus élevé.
A partir de là, le constat est simple : le draft devient bien plus couteux que par le passé.
Parlons argent deux minutes
Deux possibilités : en paquet scellé ou en booster draft. Pour l’exemple, nous allons prendre à chaque fois, une table de 4 joueurs.
Paquet scellé
Dans ce format, chaque joueur possède 6 boosters et constitue un deck de 40 cartes dans son coin, avant de jouer en 1 vs 1. Il faut donc avoir 24 boosters. En boosters draft, on est sur environ 94€ (23€ par personne), en booster de jeu, on passe à 132€, soit 33€ par personne. Une hausse de 10€ par tête ( un peu plus de 2 boosters de draft en moins)…
Booster draft
Ce format demande à chaque joueur de posséder 3 boosters, tout le monde ouvre le premier booster, y pioche une carte, et fait passer à son voisin de gauche, quand il n’y a plus de cartes, tout le monde ouvre son second booster, pioche une carte et passe à son voisin de droite, rebelote avec le troisième paquet, en repartant vers le gauche. Ensuite chacun constitue un deck de 40 cartes, avant de jouer en 1 vs 1. Il faut donc posséder 12 boosters. En boosters draft, on est sur environ 47€ (12€ par personne), en booster de jeu, on passe à 66€, soit 16.5€ par personne. Une hausse de 4.5€ par tête (en gros 1 booster de draft en moins)…
Et je vous parle même pas du prix des displays qui n’en finissent pas de monter.
A qui profite ce produit ?
Pas aux drafteurs. Ceux qui avaient l’habitude d’acheter des boosters d’extension n’y verront que peu de différences. Mais en supprimant son produit d’appel historique, celui qui permet de jouer le plus simplement, et le plus modestement, en ne proposant plus que des boosters de jeu et des boosters collector, en multipliant les éditions limitées, les cartes à tirages restreints, voir les cartes uniques (comme l’anneau du set Lord of the ring qui a tant fait parler de Magic, non pour la qualité effective du set mais pour l’aspect événementiel de la quête autour du précieux artéfact),
Wizards entérine le fait que Magic The Gathering est de plus en plus un produit de collectionneur et de moins en moins l’excellent jeu qu’il est sensé être.
artwork image à la une : https://www.artofmtg.com/art/monstrous-rage/