Avec sa nomination surprise à l’As d’Or de Cannes 2024, ce jeu mêlant pose d’ouvriers et confrontation s’est imposé sur ma table. Mais il ne ressort que difficilement malgré le fun et la réflexion qu’il procure… et pas que parce que ce n’est qu’un jeu exclusivement en 2 VS 2.
La config idéale de La Famiglia
2 VS 2
Je crois beaucoup à la notion de configuration idéale (d’ailleurs sur Campustech.fr on vous la donne dans les articles). Les jeux où toutes les configurations sont bonnes sont assez rares… il vaut mieux privilégier le nombre de joueurs optimal pour profiter (au secours l’ajout de joueurs neutres par exemple). Et ici la configuration idéale c’est 2 VS 2.
Du courage
Et c’est aussi la seule ! Non, vous ne pourrez pas jouer à 2 ou à 3 ou en solo… et quand je vois certains jeux où on sent que l’auteur a forcé pour intégrer une version 2 joueurs qui ne tient pas la route… je trouve cela courageux. D’autant qu’on ressent bien dans les mécaniques de jeu qu’il a été pensé pour 4 et équilibré en ce sens pour fournir exactement ce qu’il doit offrir aux joueurs.
Un jeu clivant
Une Famiglia pour qui ?
Pour autant cette nomination de Famiglia me surprend tant ce jeu n’est pas fait pour tout le monde. Déjà il vous faut 4 joueurs (enfin 3 plus vous). Dans ces 4 joueurs, il vous faut des joueurs habitués à du jeu expert car il faudra vraiment programmer, anticiper, ne rien laisser au hasard… Et… il ne vous faudra pas des pleureuses car le jeu est méchant… très méchant !
L’interaction à son paroxysme
J’ai rarement vu une interaction si destructrice ! Le but est de contrôler des territoires dans une guerre de la mafia sicilienne des années 80… normal donc me direz-vous… Oui sauf que là non seulement vous allez prendre des territoires et détruire les unités ennemies mais vous pourrez raser une région où un adversaire avait placé un ordre (j’y reviendrai) réduisant ses efforts dans toute la manche pour cette région à néant ! Ça fait très mal !
4 manches ou moins
6 territoires à contrôler
Mais revenons au but du jeu. Vous devrez avec votre coéquipier contrôler 6 régions à la fin d’une des 4 manches pour gagner immédiatement. Si au terme des 4 manches il n’y a pas eu cette condition c’est l’équipe à contrôler le plus de régions qui l’emporte. Pour contrôler une région il suffira d’en posséder 2 des 3 territoires. Le contrôle d’une région apporte également un puissant bonus à choisir parmi les 7 de la partie (mais il y en a plus dans la boite).
ou 5 !
Un truc sympa c’est que votre équipe peut gagner aussi si un seul joueur contrôle 5 territoires (comme une sorte de condition de victoire individuelle). Cela peut résulter d’une belle entente dans l’équipe où un joueur fait plutôt le support ou d’une team qui ne s’entend pas et où un joueur fait tout le taf comme un grand !
Coopération bienvenue mais facultative
On ferait pas ça pour ça?
Il vaut bien sûr mieux coopérer et le jeu est intelligent pour ça : il fournit une petite carte du jeu (représentant la Sicile) et les actions possibles afin que vous puissiez discuter avec votre coéquipier assis à côté de vous des plans et stratégies en montrant les lieux visés. Très malin.
Ouais fait ton truc
Mais au delà de ça on joue vraiment son jeu et on a jamais vraiment l’impression d’être contraint par le choix de notre coéquipier. On peut vraiment être autonome (même si demander de l’argent à votre camarade sera parfois nécessaire : vous récupérez une pièce et lui en perd 2. Même se coordonner sur les attaques est utile mais pas forcément obligatoire.
Ça te dit pas d’expliquer comment on joue ?
Oui, pardon, parlons du bas
Famiglia repose sur de la pose d’ouvriers. Vous allez prendre des disques sur un tableau en colonnes et les poser en bas sur une action pour la bloquer et la résoudre (attention la règle aurait pu être ici plus précise on va sur n’importe quelle case du bas !). En utilisant un disque d’un autre joueur vous devrez payer à l’autre une pièce.
Et aussi du haut
Vous pouvez aussi prendre tous les disques de la colonne (minimum 1) et payer très cher pour faire l’action du haut (de la colonne cette fois-ci). Une action forcément plus puissante et qui permet de placer aussi un ordre sur le plateau. Ce timing de « vider la colonne » sera aussi primordial pour tenter de priver un adversaire d’une dernière action (et vider plus vite votre plateau personnel).
Un gameplay finalement simple
Recruter
Les actions sont finalement plutôt simples. Il faut juste se faire à l’iconographie. On va pouvoir prendre des miliciens derrière notre paravent puis les placer sur la carte sur un territoire vide ou que nous possédons. La construction n’est pas en reste avec les labos de drogue pour faire de l’argent et se protéger, les voitures pour taper plus fort et les bateaux pour taper plus loin.
Notre plateau personnel
On va pouvoir aussi placer des ordres sur des territoires différents et parfois sur le même. Notre plateau personnel va se vider grâce à certaines actions et cela augmentera la force de nos futures actions (qui se réfèrent aux valeurs de notre plateau, asymétrique d’ailleurs, avec 6 familles jouables). Ainsi on va libérer de nouveaux ordres, plus puissants, plus rapides.
Le royaume des ordres !
La phase de résolution
Une fois la planification faite (toutes les actions ont été jouées) on va retourner tous les ordres placés sur le plateau et les résoudre. Tout d’abord des ordres où on se renforce, puis des ordres où on se tape. Et avant même de vous parler de comment on se tape il me faut revenir sur l’initiative des ordres dans ce jeu.
Le plus important du jeu
Et là c’est un point qui me fâche. Vous allez avoir des ordres très puissants que vous allez débloquer. Et la puissance rime avec l’initiative. Vous pourrez donc laminer un territoire adverse et tuer toute la programmation du territoire en déclenchant cet ordre avant. Tout ceci est anticipable bien sûr puisque même si les ordres sont mis faces cachées on sait ce que les adversaires ont débloqué (et on a même une aide de jeu pour)… mais ça fait vraiment mal si on se plante. Ainsi la course pour débloquer ses meilleurs ordres bat son plein (et est vraiment trop importante).
Baston
Une première attaque cool
On va résoudre son attaque (liée à un ordre) en comparant crâne et défense, peu importe le nombre de troupes engagées. Les ordres donnent des crânes, la valeur de la voiture qu’on va mettre aussi. En défense on prend en compte la valeur du gilet pare balles présent sur un ordre qui aurait été donné par le défenseur et les labos de drogue. Cela entraine des pertes, c’est limpide à calculer, à anticiper.
Et sinon on passe en force chouette
Si cela n’a pas suffit (et même si cela n’a rien fait) on peut finir en force. On perd 2 cubes de troupes, puis on enlève un défenseur pour un attaquant. Et comme on calcule bien dans cet eurogame de pose d’ouvriers on finit forcément par gagner (sinon on va attaquer un autre territoire hein puisque l’ordre ne dis pas où on va attaquer).
Et sinon M.O.D.O.K
Oui M.O.D.O.K, voilà à quoi m’a fait penser « l’attaque en finesse » proposé par ce jeu. Je me rappelle je regardais tranquillement AntMan et la guêpe Quantumania et je passais un moment correct (non je kiffais déso vous pouvez me juger) et là à l’arrivée de M.O.D.O.K je me suis dit « quoi ? hein ? qu’est-ce que c’est que ce truc? »
Non ça ne va pas
L’attaque en finesse
Donc l’attaque en finesse c’est au lieu de passer en force et de perdre 2 cubes on s’arrête pour faire un mini-jeu de bluff avec 3 cartes ! Pourquoi ? Non mais pourquoi faire ça ? Laisse moi jouer à calculer s’il te plait… On prend donc chacun une de ses 3 cartes et on la propose à l’adversaire qui peut la prendre ou pas. Les conséquences : selon qui a 1 ou 2 cartes au final et ce qu’il y a dessus on aura des pertes/gains allant de 0 à 4 troupes.
Heureusement on joue sans
Et en fait on a pas envie de faire ça. C’est cool de jouer à ce jeu en calculant nos attaques et en changeant si les ordres révélés ne nous avantagent pas. On veut pas ajouter cette mécanique nous. Et au final on ne joue quasi pas avec sauf dans de très rares cas (et on s’amuse pas vraiment de ça). Attention ça plaira à d’autres bien sûr hein mais moi en l’expliquant j’étais déjà dans un mode bon les gars franchement on fera ça « si jamais » hein.
Nan mais vraiment c’est cool
Au final ce jeu est une incroyable expérience, tendue, où on peut réfléchir fort avec son coéquipier (ou pas d’ailleurs) et où on peut calculer des coups vraiment épiques. Si votre table est friande d’interaction et de calcul le jeu est fait pour vous. En plus on ressent tellement bien le thème ! Par contre dans le cas contraire fuyez le jeu parce qu’un joueur vous le balancera à la tête quand vous aurez détruit le territoire avant qu’il joue son ordre si précieux pour lui ! Et pitié ne jouez pas avec M.O.D.O.K.
Merci pour cet article et ce point de vue que notre table a partagé (en particulier le MODOK)
Néanmoins contrairement à vous, on a senti qu’en fin de partie accrochée il était quasi indispensable de s’en remettre à ce système, car le passage en force est trop coûteux.. ça nous a pas mal gâché les 2 expériences que nous avons tentées.
Ah et le jeu est long, si long (peut-être est-ce nos joueur/ses), au grand minimum 4h
PS : une petite remarque de courtoisie sur la forme de l’article.. tout le début est au masculin (les joueurs experts..). Soit.
Et l’utilisation du terme « pleureuse » au féminin m’a semblé maladroit, vous voyez sûrement ce que je veux dire)
Rien de grave mais s’il est possible de ne pas féminiser un adjectif déconsidérant, ce serait top je pense 🙂
Salut, alors merci de rebondir sur la ref de MODOK déjà ahah. On a considéré que le cout ludique de semi bluff était trop important par rapport au coût des 2 cubes… mais aussi on passait souvent via des combats qu’au crâne… ou alors c’était vraiment des grandes manoeuvres. On n’a pas tenté de petits coups en douce en passant par les cartes du coup.
Pour l’écriture au masculin j’avoue ne pas être du tout dans l’écriture inclusive mais je t’assures avoir une grande considération pour les joueuses. Pour le terme « pleureuse » j’y ai pensé figure toi mais je n’ai jamais entendu parler de « pleureur ». Pour autant je n’associe pas du tout le terme à un genre particulier… je suis d’ailleurs la plus grand pleureuse qui soit à la table de jeu.