Une partie de l’équipe de Campustech était à Essen cette année pour explorer les nouveautés ou les curiosités en jeux de société. Mais est-il intéressant d’aller à Essen pour le jeu de rôle ?
Un objet culturel particulier
Au contraire des jeux de plateau, où il y a un effort d’édition pour réduire la dépendance à la langue, en rendant les composants de jeu aussi neutres que possible et où le travail de localisation idéal est d’ajouter un feuillet de règles dans la langue du client, les jeux de rôle sont comparables aux livres. Ils sont basés entièrement sur le dialogue, sur la description.
Même si Essen se veut un festival international, la langue principale reste l’allemand et la langue véhiculaire est l’anglais. Les autres langues européennes (français, espagnol, italien, néerlandais ou polonais surtout) côtoient dans un sabir ludique le coréen, le mandarin ou le japonais. Difficile pour les loisirs ludiques qui ne passent pas par l’impartialité de la tuile, la carte ou la figurine de se faire une place. Le jeu de rôle est un peu le laissé-pour-compte d’Essen.
Les Américains et les Anglais ne viennent pas. On a bien vu Cubicle 7, il y a quelques années, pour lancer la 4e édition du jeu de rôle Warhammer et, de temps en temps Chaosium, mais c’est tout. Chaosium était d’ailleurs présent sur un très petit stand pour… un jeu de plateau bientôt en financement participatif : une adaptation de Terreur sur l’Orient-Express, avec un train 3D en écorché.
Les Français se réservent pour le FIJ de Cannes ou Octogones à Lyon. Même si Don’t Panic Games, présent sur le salon, annonçait l’arrivée prochaine de Cowboy Bebop et le lancement imminent de Ghost in the shell.
Donc que reste-t-il ?
Les jeux de rôle allemands
Ils sont représentés via leurs éditeurs historiques comme Truant spiele et Uhrwerk verlag dont les mises en avant principales sont des traductions. En production originale, le classique Das Schwartze Auge (le fameux Oeil noir) est bien présent sur le site de Ulisses spiele.
Les jeux de rôle canadiens
Etonnament, le Canada était représenté sur un petit stand par Compose dream games, qui distribue en ligne de nombreux jeux plutôt confidentiels ou ayant acquis un peu de renommée comme The quiet year, Monsiterhearts, Be like a crow, de différentes origines.
Les jeux de rôle italiens
La scène italienne semble bien dynamique et présentait des traductions anglaises de leurs différents jeux.
Mana project studio
La nouveauté chez Mana project studio, c’était Cowboy Bebop, accompagné de pas mal d’accessoires (dés ou jetons de poker). Leur financement participatif, en partenariat avec Don’t panic games, vient d’être livré. La version française arrivera vers janvier.
Acheron games
Cet éditeur présentait deux gammes: Brancalonia, traduite en français par le Studio Agate, et Inferno, un cadre de campagne pour la 5e édition dont l’action se situe dans l’enfer de Dante, dans lequel les joueurs vont descendre peu à peu. Un livre du joueur et un livre du maître décrivent la campagne, tandis qu’un artbook compile pas mal d’illustrations, qui accompagnent le texte de Dante en italien et en anglais.
Inferno était épuisé avant la fin du salon mais il semble que la traduction française se profile sur Ulule bientôt.
Need games
L’heureux éditeur de Fabula ultima, récompensé aux derniers Ennies par le prix du meilleur jeu, était venu avec le premier supplément pour celui-ci. Ce jeu de rôle vous ouvre les portes du JRPG, acronyme qu’on associe plutôt au jeu vidéo et désignant ces jeux souvent japonais, à univers fort et immersifs comme Final Fantasy ou NieR Automata. Ou pour ceux qui ont des ados, Genshin Impact. Le supplément en question, Fabula ultima atlas: High fantasy, infusera encore plus de magie et d’extravagance propre au genre.
2 Little mice
Voici encore un projet qui vient en vagues de financement participatif : Household. Un superbe coffret, pour la première vague, contient le livre de base, un supplément de contexte et règles et une campagne. Dans Household, les joueurs interprètent des petites fées de différentes origines qui affrontent les innombrables périls d’une maison abandonnée. Ils sont à peu près grands comme des fourmis et chaque pièce du foyer est un royaume à part entière, dans une ambiance de XIXe siècle. Un cygne est pour eux le plus grand des dragons blancs. Pas de traduction française en vue, en revanche. Le marché français a déjà Les Héritiers, dans une atmosphère similaire.
Les jeux de rôle suédois
Et maître des lieux : Free League Publishing. Il remportait tous les suffrages, autant par la richesse des gammes que la quantité de nouveautés. Pour L’Anneau unique : Tales from the lone lands, la campagne en Eriador, et sa conversion pour la 5e édition. La première campagne pour Vaesen : The lost mountain saga. Pour Forbidden lands : Book of beasts, un bestiaire et The bloodmarch, une campagne décrivant une nouvelle région de ce monde si particulier. Pirate Borg, le nouveau jeu de cette série punk, après le médiéval-fantastique et le cyberpunk.
(Je reviendrai d’ailleurs bientôt sur cette drôle de trilogie.)
Ils mettaient aussi en avant Alien, dont le fichier pdf de Building better worlds vient d’être livré aux contributeurs, et Blade Runner, en attendant Fiery angels, la deuxième enquête qui prolongera le fil de la campagne The Immortal Game, initié dans la boîte de démarrage, et Replicant Rebellion, un gros supplément sur l’underground réplicant. Par contre, pas d’exemplaire de Davokar awakens, pour Symbaroum, qui clotûre l’immense campagne The Chronicle of the Throne of Thorns.
Donc, Essen, une destination de rôliste ?
Oui, si vous êtes multi-classé plateau, écran, figurine. Sinon, un jour suffira amplement pour en faire le tour. En espérant que d’autres éditeurs se décident, sachant que l’anglais est alors le medium indispensable. Quoique… si vous êtes fans d’accessoires, dés, dioramas, plans de bataille, alors vous passerez encore quelques heures à déambuler dans les allées à la recherche d’un d20 clignotant ou d’une mallette en cuir spéciale maître de jeu.