Après Vichy qui présente les nouveautés prévues en fin d’année et Essen celles à l’international, il y a Octogônes qui complète et s’adresse à tous les types de joueurs. Je vous fais faire le tour des jeux de société qui m’ont bien emballée.
Bienvenue chez les trolls
Octogônes se déroule chaque année depuis 2010 à Villeurbanne et a pour spécificité de s’adresser en majorité aux passionnés de jeux de rôle et de figurines. On y trouve donc des parties entièrement dédiées à ce public mais suffisamment ouvertes pour que les curieux puissent venir voir ça de plus près.
Des tables recouvertes de livres aux couvertures inspirantes, des scènes vivantes (Actual Play) où improvisent des rôlistes aguerris (Tatiana dot game on t’a vu !), des rangées de créatifs en train de peindre leurs éléments de jeux, du rétrogaming qui occupe tout un coin de salle et même des initiations de combat au sabre laser en extérieur stp. C’était vraiment chouette de voir tout ce qui, généralement, se pratique en comité restreint dans des pièces sombres et humides (je plaisante bien sûr mais avouez que c’est une vision assez commune que l’on se fait de cet univers quand on ne le connaît pas !).
Pour ma part, ça reste le jeu de société, les plateaux, les cartes et les pions qui m’attirent le plus. A ce niveau, malgré la présence de plusieurs éditeurs qui se sont donnés à fond pour nous divertir, ça manquait un peu de diversité et surtout de places …La fille d’un copain s’est même fait refouler à l’entrée alors qu’on était déjà tous à l’intérieur… Espérons que les prochaines sessions, après déménagement à l’Eurexpo de Lyon, permettront d’installer plus de tables et d’augmenter la jauge. Le rendez-vous est déjà fixé en mai 2026, pensez donc à réserver en avance (Maya on compte sur toi !).
Plutôt paillettes, étoiles ou viscères ?
Sur ce festoch, on a mis notre égoïsme dans la poche pour partager ce moment avec les deux filles d’un couple d’amis (on nous a obligé en vrai …). Deux demoiselles avec le cerveau en ébullition aussi adorables que rusées qui ne nous ont pas laissé l’occasion de les écraser facilement, comme si un cerveau d’adulte dominait forcément celui d’un plus jeune, loin de là (méfiez-vous des enfants, ils en ont sous le capot et peuvent vous faire pleurer !).
Moustache : un jeu qui a du poil
Le look ne pouvait qu’attirer la plus jeune : des animaux mignons, des cartes brillantes et des moustaches amusantes. Un jeu de plis coloré dans lequel on saisit immédiatement quelles sont les cartes importantes (avec des étoiles), et quel animal est plus fort que l’autre (le plus gros mange toujours le plus petit). La base est donc vite retenue mais les règles additionnelles qui surviennent en début de manche et se cumulent au fil des tours rendent le tout de plus en plus technique. Les équipes qui changent donnent le ton, on est dans un jeu d’ambiance avant tout, impossible de tout contrôler mais pour ce qui est de s’amuser, le pari est réussi !
Gatsby : des étoiles plein les yeux
L’affrontement en tête à tête dans ce magnifique décor a séduit l’adolescente. Trois zones dans lesquelles placer ou déplacer ses pions nécessite de réfléchir et calculer toutes les possibilités pour ne pas offrir trop d’opportunité à son ennemi adversaire. L’idée est de remplir des conditions pour collectionner des Personnages avec plus ou moins d’Etoiles (plus c’est mieux …). 3 de la même couleur ou 5 de couleurs différentes et c’est une victoire immédiate sinon ça se joue au nombre d’Etoiles ! Simple à prendre en main avec une bonne dose d’analyse et d’opportunisme, satisfaction et frustration dansent ensemble tout du long et donnent envie d’y revenir.
Petits soldats : gaffe de pas te faire sauter le fût !
La pure bêtise à jouer en famille : le matos est trop chouette, le plaisir régressif évident, la stratégie plus ou moins gagnante et les possibilités variées. Plusieurs scénarios dans une seule boîte pour faire s’affronter deux camps en utilisant le bordel sur la table (ou dans sa chambre !) pour symboliser les obstacles à contourner ou derrière lequel se planquer. Envoyez fantassins, snipers et grenadiers faire le sale boulot pour remporter la victoire par la violence !
Parce que oui, jouer à se faire la guerre ça fait du bien, c’est rigolo et ne fait pas de nous des psychopathes pour autant. Croyez-moi on s’en est donnés à coeur joie : viser, se mettre à couvert, défourailler, envoyer des grenades quitte à se faire sauter la tronche au passage ! C’est ultra ludique et mine de rien, ça renforce la cohésion de groupe ! Petits soldats, c’est un peu mon premier jeu de figurine avec des lacets pour mesurer les distances de tir (et d’impact !), une cuillère en guise de catapulte, des dés pour déterminer un effet réussi … ou pas !
Casse-tête et énigmes
Nous les joueurs, on aime se faire mal …
Home staging : paraît que l’état du logement reflète la personnalité …
Un flip and crayonne original dans lequel on se prend pour des architectes chargés d’agencer au mieux un logement en casant tous les éléments possibles. Le principe est séduisant, je meurs devant ce thème qui permet de soulager nos névroses en rangeant, en complétant, en séparant … Mais s’il ne s’agissait que de ça … Le truc c’est qu’on n’est pas dans Tetris, le jeu vient bousculer notre manie de vouloir tout imbriquer, ici il faut laisser des espaces pour passer, mettre des portes, des décos et tout. Aussi plaisant qu’énervant et en plus c’est évolutif !
Split Stories : dis-moi ce que tu vois, je te dirai qui tu es
Vous aimez les énigmes ? Les escape-games ? Vous allez adorer cette idée de coopérer pour mettre en commun les infos partielles que vous avez reçues. Une intro, un dialogue, deux livrets. Les joueurs possèdent chacun des éléments mais doivent comprendre comment les relier entre-eux pour décrypter le code, le message, le nom recherché.
Des jeux de cartes et d’épée !
On sait, on sait, vous en avez marre de voir des petits jeux de cartes, moi pas ! Je suis même fascinée de voir comme chacun arrive à remixer et renouveler des expériences qui paraissent banales au premier abord …
Transorient Express : vous ne passerez pas !
Celui-ci c’est en off qu’on a eu la chance de l’essayer. Julien Dalverny qui a bossé sur les règles et est ami avec mes hôtes, nous a fait l’honneur de nous le présenter.
On peut déjà souligner la beauté des illustrations et du matériel (j’ai d’ailleurs piquer les photos sur le facebook de l’éditeur car les miennes ne lui rendaient pas hommage). Mais la beauté du jeu ne réside pas que dans ses traits mais aussi dans ses trains ! Ah ah, facile ! A chaque tour, le joueur actif choisit une carte ou une poignée de petits trains colorés. Ces derniers servent à remplir des conditions pour ajouter dans sa zone de jeu les cartes précédemment récupérées.
On vise des objectifs variés tels que des suites de numéros, des collections de couleurs ou de symboles, des majorités etc. Tout cela est très classique et pourtant la mécanique est amusante et suffisamment contraignante pour nous faire fumer le cerveau. On voudrait avoir plusieurs actions à son tour mais non, il faut faire des choix : être premier joueur au prochain tour, cumuler plus de ressources pour cette fois, appliquer l’effet d’une carte … Oui parce qu’en plus de nous donner des éléments de scoring, elles peuvent aussi offrir des bonus ! Et comme on voit les cartes disponibles pour la manche suivante, on anticipe ! Surprenant à plusieurs niveaux pour une boîte de ce format-là !
Emblèmes : Qui va à la chasse perd sa place !
Plusieurs fois comparé à Fantasy realms, je lui trouve personnellement plutôt une familiarité avec un Love letter pour son côté rapide : je pose une carte et c’est à toi, et l’idée de chasser les autres et rester dans la danse mais sinon il a sa propre personnalité.
Dans Emblèmes, les joueurs jouent une carte face cachée en simultané mais révèlent et posent chacun leur tour en visant des lieux aux emplacements stratégiques rares et très convoités (ici la 1ère place rapporte bcp alors que là c’est en 3ème place qu’il faut être !).
En plus de jouer une carte pour son numéro, et donc la place qu’elle prendra, on applique également son effet (d’où la comparaison avec d’autres jeux du même genre). L’une permet de déplacer, l’autre de voler, celle-ci d’annuler et celle-là de copier … Vous voyez le genre ? Et bien ça marche du tonnerre et c’est parfait pour être partagé en famille avec des règles simples et tout plein de rebondissements !
Sortez l’artillerie lourde !
Je termine avec les deux plus grosses boîtes essayées sur ce salon. Mais qui dit volume ne dit pas forcément complexité extrême, ce n’est d’ailleurs pas ce qui caractérise le premier d’entre-eux :
Dewan : va planter ta tente ailleurs !
Pour plusieurs d’entre-nous, ça aura été notre plus belle trouvaille du week-end ! Un jeu au matériel ultra ergonomique qui offre des petits rappels sur les règles déjà plutôt faciles à intégrer.
Dans Dewan, chacun cherche à installer ses tribus sur le plateau central. Cependant, pour ce faire, il faut avoir les bonnes cartes en main avec des couleurs correspondant aux différents types de terrains à traverser. Si établir un camp d’au moins deux tentes rapporte des points, le jeu nous pousse cependant à nous étendre au plus vite pour remporter des objectifs or, tout emplacement occupé devient inaccessible aux autres !
Tout ça sans compter que les ressources nécessaires à la validation de nos missions sont simplement dessinées sur la map, on ne récupère jamais rien, il faut absolument être adjacent au symbole pour pouvoir en profiter. Poser des tentes déclenche des effets, conserver des cartes offre des bonus, atteindre des objectifs donne des points mais gagner une majorité de symboles aussi. Tout est important, à vous de savoir quoi prioriser !
Mythologie : je vais te tordre le cou !
Délicieuse découverte si vous aimez la construction de tableau et les effets de cartes qui combotent et scorent dans tous les sens !
Dans Mythologie, chacun dispose d’un Panthéon (un plateau perso calme-toi) où vont venir se placer Créatures et Divinités en vue de marquer un maximum de points. Au centre de la table, une zone modulable (donc potentiellement différente d’une partie à l’autre) qui accueille 4 Mythologies aux spécificités variées.
Quatre manches seulement pour s’affronter dans un tableau-building sérieux. Au début de chacune d’elles : un système de sélection simultané à couvert pour choisir les cartes qui viendront rejoindre notre Panthéon. Puis, tour à tour, on place, on gagne des ressources en fonction de la disposition et on applique l’effet. La lecture du jeu ne se résume donc pas au texte présent sur les cartes. Les 3 étages de notre plateau personnel ont leur importance, les alignements offrent également de précieux gains mais le recouvrement sera parfois la meilleure façon d’obtenir des ressources et surtout de remplir des objectifs communs à tous.
L’univers est inspirant, les illustrations uniques, la mécanique plaisante et le rythme soutenu. Un gros jeu qui ne dépasse pas les 45 minutes et offre une réflexion à différents niveaux. On a plaisir à imaginer récupérer ceci ou cela pour profiter d’une synergie parfaite entre ses cartes mais les choix des adversaires peuvent venir chambouler nos plans. On a envie de découvrir les autres Mythologies présentes dans la boîte qui apportent plus d’interaction et des objectifs différents. Il y a donc une quantité de personnages assez conséquente ce qui assure un renouvellement certain, c’est l’avantage … L’inconvénient est de passer son temps à se dévisser la tête pour pouvoir lire ce qui est à l’autre bout de la table. Malgré ce point franchement pénible, c’est un titre qui vaut vraiment la peine d’être connu et mérite d’être joué plusieurs fois dans la même configuration avant de vouloir découvrir les 70 autres !
Ainsi finit mon expérience en région Auvergne-Rhône-Alpes entourée d’amis extraordinaires que j’ai déjà hâte de retrouver (oui même les enfants c’est vous dire …). Si le nombre de jeux tester sur place est assez peu conséquent étant donné la durée de la convention (3 jours), n’oublions pas les parties mémorables jouées à domicile : Dadada, Take Time, Ritual, Miams … qui ont donné lieu à des achats compulsifs contre lesquels on ne pouvait lutter … Le plus important dans tout ça reste bien sûr les retrouvailles, les rencontres, le partage et les émotions fortes ! Et aussi la praluline atterrie directement sur mes hanches et le Welsh toujours en cour de digestion …
