Dans la série des petits jeux de cartes qui plait autant aux familles qu’aux « joueurs passionnés », Village pillage s’est fait un nom et revient dans un tout nouvel habillage.
Robin des quoi ?
La toute première boîte de Village pillage remonte à 2019. Ce petit format aux couleurs chatoyantes n’avait alors pas loupé son opération séduction avec des illustrations cartoonesques et une mécanique de jeu à la fois simple et inhabituelle pour le public auquel il se prédestinait. En effet, ce jeu dans lequel les joueurs s’affrontent pour gagner quelques navets à troquer contre des reliques, s’adresse surtout aux familles. Dès 10 ans tout de même car il est important d’avoir une lecture fluide, une compréhension immédiate et une capacité à analyser et prévoir le jeu des autres.
S’il séduit cette partie de la population, les joueurs aguerris ne se sentent toutefois pas délaissés par la proposition car il est question de deckbuilding, de guessing et de fourberies et ça, les passionnés adorent !
Une seconde boîte a pointé son nez en 2021 avec pour thème les pirates apportant son lot de nouveautés adaptées au sujet comme des échanges, des provocations et des sacrifices ! Cette fois-ci c’est le thème de Robin des bois qui est mis en avant alors vous vous doutez bien que, pour une fois, les plus pauvres en navets ont une chance de gagner !
Les derniers seront les premiers
La base du jeu, identique à chaque opus, est qu’à partir de sa main de cartes, chaque adversaire en choisit simultanément deux. Une qu’il pose face à son voisin de gauche, une autre qu’il place face à son voisin de droite. Quand tout le monde est prêt, on dévoile et on résout en gardant ce rythme frénétique : toute les cartes d »une même famille s’active en même temps puis on passe à la famille suivante etc.
Des types de cartes, il y en a quatre :
- Les Fermier (vert) font majoritairement gagner des Navets depuis la réserve
- Les Rempart (bleu) protègent vos Navets
- Les Pillard (rouge) ont une fâcheuse tendance à voler des Navets aux autres
- Les Marchand (jaune) permettent notamment de recruter de nouveaux Villageois
Au moment de la révélation donc, toutes les cartes vertes s’activent en même temps mais leur résolution dépend de ce qui a été joué en face ! Et Idem pour les autres couleurs de cartes. Par exemple : Face à un Fermier, le Pillard se gave en Navets mais s’il tombe contre un Rempart, il repart bredouille ! On déclenche donc d’abord tous les Fermiers puis tous les Remparts, ensuite tous les Pillards et enfin tous les Marchands.
Heureusement, le système malin du jeu réside dans le fait de pouvoir améliorer, diversifier voire spécifier son deck de cartes (c’est le Deckbuilding !). Quand vous jouez un Marchand, vous avez la possibilité de recruter un nouveau Villageois depuis une rivière centrale. Ces derniers appartiennent forcément à l »une des quatre familles présentées ci-dessus mais ont des capacités spéciales un peu plus intéressantes que les cartes de départ. Ainsi, si vous êtes assaillis à chaque tour, vous allez chercher à mieux vous défendre avec un Rempart. De la même façon, si vos voisins s’en mettent plein les fouilles, vous serez tentés d’être plus agressif avec un Pillard !
Attention toutefois, rappelez-vous du thème : Robin Hood veille toujours à avantager les moins riches !
Poule ou fesse ?
Si la mécanique n’est pas compliquée en soi, elle nécessite toutefois pas mal de lecture (tout est écrit sur nos cartes et les effets varient en fonction des adversaires souvenez-vous !). Par ailleurs, tout se joue sur le mental : « Ai-je envie de me la jouer offensif pour déstabiliser et piller rapidement mes voisins ? », « Si je suis doux comme un agneau les premiers tours, il ne se méfiera plus et là, bam ! J’attaque ! », « S’il pense que je joue ça mais qu’en fait je mets ça, lui aura sans doute posé un truc qui me permettra de contrer ses plans ! Mais ouiiii ». C’est le Guessing : chercher à percevoir dans l’oeil de l’adversaire ce qu’il compte faire pour mieux déjouer son coup et s’avantager. Pas mal de bluff aussi, ceux qui ont du bagou ne manqueront pas d’en rajouter !
Dans ce numéro spécial Robin des bois, un symbole Flèche désigne des cartes spécifiques qui s’activent après toutes les autres (de la même couleur). Ainsi, on laisse ses voisins se renflouer avant de nous servir gracieusement en Navets qui constituent, je le rappelle, la monnaie unique du jeu. Mais au fait, pourquoi tout ce flouze ? Eh bien parce que, Robin ou pas, notre but est d’être le premier à choper quatre Reliques en or, et pour les acheter … ben il faut des Navets ! Logique non ?!
Comme dit plus haut, notre héros légendaire est présent dans l’esprit du game en privilégiant les moins riches : à chaque tour, ils ont la possibilité de choisir leur nouveau Villageois en preum’s par exemple ! Ou, en cas d’égalité lors d’un affrontement, de se retrouver avantagé. Mais si l’égalité persiste, c’est le jeton poupoule qui sera lancé pour nous départager à coup de pile ou face poule ou fesse.
Viens faire un tour derrière l’église histoire que je te dévalise !
Village Pillage est donc un jeu méchant ! Méchant mais drôle !!! Les contours de cette piquante proposition sont adoucis par les traits des personnages, l’aspect aléatoire qui place tout le monde au même niveau, l’humour mis en avant par les pouvoirs et le fait de se faire la guerre pour … une poignée de navets ! C’est joli, rapide et dynamique.
Encore que, sur ce dernier point je dois reconnaître une légère frustration du fait d’être sans arrêt en train de recompter les navets pour savoir qui en a le moins ou de vérifier qui a joué une Flèche et doit patienter le tour de résolution des autres pour appliquer sa capacité spéciale. Ca casse un peu le rythme et donc l’ambiance qui va avec !
Mais c’est une question d’habitude et de goût, si le style du jeu vous convient, ces détails ne devraient pas vous gêner bien longtemps. On est dans l’esprit des jeux taquins comme For a crown où l’idée est de faire le plus de crasse, s’enrichir sur le dos des autres, profiter de leur malheur et enchaîner les revanches !
