L’éditeur Grrre Games sort une petite boîte avec ce Strange World Above the Clouds, un jeu de construction de tableau pour 1 à 4 joueurs. En 16 cartes vous devrez construire un monde peuplé d’animaux, de montagnes ou de volcans, en faisant attention à ne pas déclencher la fureur de Tzimimes, créatures mangeuses de cartes…Voici mon avis et ma critique de Strange World !
Super Mini Box
C’est le nom de cette collection de Grrre Games, qui édite ici un jeu en presque 100 cartes, vendu aux alentours de 14€. Les graphismes de Valériane Holley, (habituée du studio puisqu’elle a bossé sur Gold’n Crash ou Dany par exemple) donnent vie au monde proposé, tout en rondeurs, dans un mélange à la fois naïf et coloré. Les lieux et les personnages de Strange World forment un ensemble cohérent, qui se traduit par une couv’ de boîte assez réussie.
Les cartes sont qualitatives, l’iconographie assez claire, ce qui en fait un objet éditorial maîtrisé.
Tableau building
L’auteur Florian Grenier a fomenté plusieurs mécaniques pour constituer un tableau en 16 cartes, dans un carré de 4×4. Le jeu se comprend assez facilement, et son gameplay gravite autour de deux axes :
- une draft des cartes que vous aurez dans votre tableau
- des contraintes de pose et de l’optimisation de scoring
La draft
Chaque tour, vous poserez trois cartes dans votre tableau. Mais ces trois cartes ne seront pas celles que vous avez piochées bêtement, car vous allez drafter sur deux tours. Au premier tour, vous conservez une carte sur les trois que vous avez piochées, et passez les deux autres à votre voisin. Vous en recevez deux nouvelles. Au 2e tour, vous conservez deux cartes et en passez une, tout en en recevant une d’un voisin.
Ce système vous donne donc en général deux cartes que vous avez choisies, et une que vous n’avez pas choisie. Ca limite le hasard de la pioche, et vous force à vous adapter quand même avec la carte qu’on vous refile à la fin du 2e tour.
La pose de cartes
Maintenant que vous avez des cartes en main, vous allez construire votre tableau. Au sommet de ces cartes, des symboles apparaissent, correspondant aux différents biomes du jeu : marais, forêt, montagne, eau, volcans…
Ces biomes ont chacun une contrainte de pose, comme les marais limités à 1 par ligne, ou deux cartes eau qui ne peuvent pas être adjacentes. Les volcans vont eux calciner une carte adjacente, et vous contraindre à la recouvrir d’une carte fumerole. Oui mais…sur deux cartes fumeroles, vous pouvez poser une ville sombre, qui vaut pas mal de points. Quand une contrainte n’est pas respectée, vous retournez alors la carte pour laisser apparaître un Tzimime, qui ne vous fera pas scorer à la fin.
La plus grande zone de montagne vous rapportera des points, les cartes eau vous rapportent autant de points que de cartes adjacentes, les marais 3 points chacun.
Le scoring : voyageurs, lunes, villes sombres
L’une des mécaniques originales de Strange World sont les portails, qui une fois assemblés vous donnent le droit de sélectionner un voyageur, à poser à cheval sur deux lignes, sur le côté de votre jeu. Ils vous donneront des points de base, ainsi que des points bonus en fonction de ce que vous possédez sur ces deux lignes. Vous allez donc vouloir assembler des portails (ou au moins un), ce qui représente une assez bonne ressource de points.
Les cartes Lune se posent elles en haut de vos colonnes et font scorer les symboles directement sous elle, dans toute la colonne. Les villes sombres vont elles vous apporter des points, 9 pour la première, puis 7, 5, 4 et 4.
En ce qui concerne les biomes :
- les marais vous rapportent 3 points, mais un seul par ligne doit être présent
- les cartes eau rapportent autant de points que de cartes autour d’elle. Une carte eau ne peut être adjacente à une autre
- les cartes vertes rapportent 2 points par type d’animal
- les cartes montagne rapportent 1 point par symbole montagne, pour votre plus grande zone montagne
Le scoring est assez intuitif, à part pour les voyageurs qui vous demanderont quelques parties pour savoir les intégrer, ou les préparer au mieux !
Au-dessus des nuages ?
Les jeux de construction de tableau sont légion, et Strange World ne peut pas lutter pour rester dans le wagon des meilleurs comme Race for the Galaxy ou 7 Wonders Duel. Cependant pour être juste, il faut quand même le ramener à son prix, et dans ces conditions je le trouve plutôt solide. Moins virtuose qu’un Château Combo peut-être, Strange World déroule pas mal de qualités, et sa durée de partie courte le rend assez facilement sortable.
J’ai trouvé l’idée de jouer avec des cartes recouvertes (ou retournées) plutôt sympathique, et le jeu est assez équilibré dans mon expérience. Strange World ne bouleversera pas le monde des jeux de tableau-building, mais en tant qu’outsider ou série B, il est un bon candidat !