A première vue, on dirait un puzzle de grande surface avec son gros logo Ravensburger apparent et cette énième utilisation de la licence… Je suis d’ailleurs longtemps restée sur cette idée (mal)reçue jusqu’à ce qu’un ami, accro à l’univers, m’en propose une partie, puis deux, puis trois… Je vous explique en quoi il serait dommage de passer à côté du Seigneur des anneaux, le jeu-livre d’aventure !
« Mon préciiieux ! »
Si les premières images aperçues au détour des réseaux sociaux et autres sites de jeux ne m’ont pas convaincue. Les choses ont changé dès que j’ai eu l’objet en main. De loin, on pourrait croire qu’il s’agit de photos du film tout bêtement imprimées. Question de goût, perso c’est le genre de truc qui ne me fait pas du tout rêver… Et pourtant, attachée aux images véhiculées par la saga, j’ai aussi envie d’en conserver les représentations et je n’aime pas trop m’en éloigner (oui je sais, je suis chiante !).
Ici, le bon compromis a été trouvé puisque les illustrations du jeu sont calquées sur les films mais il ne s’agit pas de photos, elles ont bel et bien été crayonnées pour notre plus grand plaisir visuel ! Croyez-moi, en réalité, ce jeu est d’une grande beauté et d’excellente qualité : les cartes sont épaisses, les figurines détaillées, le livre solide. Pour le prix, on a un chouette objet à ajouter à sa collection de passionné de Tolkien, de Jackson… Ou des deux !
« Même la plus petite personne peut changer le cours de l’avenir »
L’un des avantages de ce livre-jeu est qu’il peut se jouer en solo, en duo comme en groupe. C’est un coopératif qui commence en douceur et se complexifie au fur et à mesure que les pages se tournent. La narration est respectée à tous les niveaux : on démarre de la Comté en première page pour finir au Mordor en passant par Fondcombe, le grouffre de Helm ou encore la Moria ! Pour les amoureux de la trilogie, ce n’est pas rien ! Tous ces lieux nous ont fait vivre des émotions fortes que l’on a de cesse de vouloir ressentir à nouveau et ce jeu nous l’y autorise !
Le système est simple : on ouvre la page sur laquelle on souhaite jouer (évidemment dans l’ordre c’est mieux pour avoir la sensation de revivre l’aventure de nos héros mais rien d’obligatoire). Ensuite, on se laisse porter, tout est écrit ! Il y a toujours une mise en place, quelques points de règles et des objectifs à atteindre.
Là encore, on ne peut que saluer la cohérence des actions, des déplacements et des rencontres avec le récit. On sent qu’il y a une réelle volonté de satisfaire les fans en proposant une expérience la plus fidèle possible. Par exemple : il faudra se rendre à Bree pour qu’Aragorn soit disponible (au Poney Fringant bien sûr !), pour éliminer le Roi sorcier d’Angmar, seuls Eowyn et Merry doivent l’encercler et l’abattre etc.
Chaque détail colle parfaitement à l’histoire : des évènements vont se produire mais toujours en lien avec le chapitre en cours, des personnages et des objets peuvent être d’un grand renfort mais seront à utiliser à bon escient et enfin, il est toujours tentant d’avancer sur la piste de corruption pour résoudre plus facilement une épreuve quand elle nous donne trop de difficulté.
« Un anneau pour les gouverner tous »
Evidemment, pas de jeu sur le Seigneur des anneaux sans… anneau ! Ici, tout se joue avec des cartes. A chaque tour, on a droit à deux déplacements puis différentes actions grâce à nos cartes. Mis à part les Evènements ou Alliés, pas de lecture. Simplement des symboles donc assez simple à prendre en main. Des enfants de 10 ans peuvent parfaitement jouer entre eux (mais croyez-moi, vous aurez envie de faire partie de la communauté !).
Dans le lot, il y a donc des cartes Anneau qui servent de joker et peuvent remplacer n’importe quel symbole pour permettre une action ou être défaussées pour « nettoyer » sa main. Or, dans un cas comme dans l’autre, cela aura pour conséquence de nous faire progresser sur la piste de corruption qui mène au « Grand oeil sans paupière » ! En gros c’est pas bon quoi…
Et, ce qui est encore une fois incroyable, c’est que la pression monte réellement au fil des parties. Si au départ, vous ressentirez peu le besoin de vous servir de ces jokers, plus vous avancerez et plus cela deviendra irrésistible. Comme Frodon, vous vous surprendrez à avoir de plus en plus envie de basculer et sentirez votre bonne conscience faiblir à mesure que le temps passe et que la tension augmente.
« Qu’importe le courroux, qu’importe la ruine et que l’aube soit rouge ! »
Revivez les batailles qui vous ont fait frémir. Craignez l’arrivée de l’ennemi et profitez de l’aide de vos alliés. Discutez, réfléchissez, calculez et savourez ce doux mélange entre lecture et jeu. Affrontez les épreuves en restant soudés, souvenez-vous d’ailleurs comme l’amitié triomphe grâce à Sam Gamegie, ce hobbit joufflu pas si stupide que ça ! Mais surtout, n’oubliez pas de mettre la fantastique musique d’Howard Shore en fond sonore pour vous accompagner dans cette aventure. Quelle qu’en soit l’issue, sachez que vous n’en ressortirez pas indemne. Un échec vous donnera forcément envie d’y retourner pour changer le cours de l’histoire. Quand à la réussite, elle vous laissera cette même impression que quand vous terminez un beau livre ou un bon film : vous serez tiraillés entre la joie de savourer cette gloire et la nostalgie déchirante de devoir vous séparer de vos compagnons de route avec qui vous avez vécu tant de choses.
Mon ami Alex et moi, on s’est regardés les yeux brillants d’émotion d’avoir réussi ensemble et sur le fil à nous débarrasser de cet anneau maudit ! L’un comme l’autre, amoureux fous de cet univers, on est restés scotchés par ce sentiment d’avoir vraiment vécu une aventure fantastique, éprouvante et palpitante.
« Il y a du bon dans ce monde et il faut se battre pour cela »
J’ai toujours peur des jeux à licence… Peur qu’on colle un thème pour attirer l’oeil, peur que l’intérêt ne s’arrête là, peur que le jeu ne soit pas à la hauteur de nos espérances. Des jeux « Seigneur des anneaux », il y en a à la pelle ! Du gros jeu expert avec figurines et plateaux au pur jeu familial comme Vers la montagne du destin en passant par le jeu de cartes La guerre de l’anneau il y en a pour tous les goûts. Je recommande d’autant plus ce dernier aux fans des romans qui aiment faire comboter des cartes entre elles !
J’ai eu l’occasion de tester aussi la version Duel qui paraîtra bientôt chez Repos production et qui est également excellente ! Le thème dessert très bien le jeu et le tout est sublime mais la narration n’étant pas présente, tout autre sujet aurait pu servir de couverture (pour ma part, je suis ravie du résultat !).
Mais si j’écris aujourd’hui sur le jeu-livre d’aventure Le Seigneur des Anneaux, c’est parce qu’il est, à mon sens, passé un peu sous les radars alors qu’il mérite, selon moi, un plus grand succès. On nous propose ici un assortiment de plusieurs mini-jeux en un seul avec des système fidèles à la chronologie et l’esprit des livres (et des films), une pointe de hasard qui génère autant de frustration que de soulagement, une mécanique abordable, immersive et palpitante ainsi qu’un final explosif digne des plus grands films de guerre !
Jouez à cela avec vos enfants (et même sans !), donnez-leur envie de lire les bouquins, transmettez-leur votre passion ! Bien sûr, il est aussi jouable sans rien connaître du sujet. Tout est expliqué et vous n’aurez qu’à déplacer vos figurines pour résoudre des quêtes et gagner des batailles mais bon… avouons-le, c’est quand même plus jouissif quand nos souvenirs viennent se mêler aux parties et qu’on se surprend à faire des citations ou à fredonner la musique pour se donner un peu d’entrain !