Le principe est simple, la méthode l’est moins ! Synthétisez votre pensée et débrouillez-vous avec les mots qui viennent dans ce jeu qui vous met des bâtons dans les trous roues ! Pas le choix : des associations d’idées que vous n’auriez jamais cru faire un jour !
Ma liberté de penser
Oublie ! Dans Pas le choix, le jeu créé par Frédéric Martinez et Yoel Sayada dont on connaît bien la chaîne youtube First player et le franc-parler du monsieur, tu ne décides de rien et doit t’accommoder de ce que tu reçois comme le titre l’indique.
A chaque manche, l’idée est de faire deviner 3 mots parmi 12. Ca va, tranquille … sauf que ! Pour ce faire, nous disposons de 7 indices piochés au hasard et avons pour obligation de tous les utiliser ! Au début on se dit que c’est chiant, qu’il y a un truc qui cloche, que c’est trop hasardeux et donc pas toujours drôle mais … Je vous conseille de ne pas rester sur cette impression, c’est simplement votre esprit qui n’est pas (encore) habitué à tordre sa vision des choses pour l’adapter à la situation. Après une ou deux manches d’entraînement ça roule, et c’est vraiment bon et bien plus original qu’il n’y paraît !
Va falloir faire avec !
J’adore présenter ce jeu dont tout le monde capte les règles instantanément. Pas de bla-bla, de demi-points, de comptage pénible qui alourdit le jeu alors que tu t’en balances (et pourtant tu veux savoir qui gagne ! hein ?!). Ici, on va à l’essentiel : des cartes recto-verso avec des listes de mots à faire deviner, d’autres cartes, plus petites, en guise d’indices. Quelques jetons pour distinguer les deux modes de jeu, des ardoises pour ne pas tricher et hop ! Perso, ça me va, pas besoin de plus … Allez, juste pour dire : c’est dommage que cette couverture soit si soft … Sans faire un truc fluo, y avait peut-être moyen de passer un meilleur message pour un jeu de ce type que « on avait plus que ces deux couleurs en stock sorry … ».
Pour le reste, je dirais qu’il est plutôt bien étudié : c’est écrit suffisamment gros pour voir à l’autre bout de la table même à nombreux, il y a ce qu’il faut pour renouveler les parties, suffisamment de diversité dans les thèmes pour ouvrir des possibilités et bien assez de similitudes entre les mots d’une même carte parfois pour se prendre la tête. Quant aux deux modes de jeu, ils offrent chacun une expérience et des sensations bien différentes.
Dans le mode coopératif (de 2 à 4 joueurs), on place 10 jetons au centre. Ce sont nos Vies, si on les perd toutes avant la fin de la partie, on a foiré ; s’il en reste, on a gagné point final à la ligne. Il n’y a pas de « faire deviner un peu tout le monde mais pas trop quand même ». Chacun prépare ses indices dans son coin en les associant mentalement à 3 mots parmi les 12 reçus. Tour à tour, les joueurs soumettent leurs devinettes aux autres qui ne peuvent faire que 3 propositions maximum comme dans un Maudit mot dit sauf qu’ici on se met d’accord, on crache nos idées pour les mettre en commun et parfois (souvent) on s’empêtre dans nos propres explications pendant que l’Autre se retient de se bidonner pour ne pas influencer nos réponses.
Dans le mode par équipe (une verte, une jaune), les 12 mots sont communs mais chaque leader reçoit 7 indices à préparer de son côté pour les présenter à ses co-équipiers ensuite. Comme les deux chefs de groupe ne se concertent pas, il est possible d’avoir des réponses communes ! Toute bonne réponse donnée reçoit un jeton de la couleur du leader qui l’avait choisie. Autrement dit, certaines réponses obtiendront parfois 2 jetons (un vert et un jaune !). La première équipe à avoir ses 3 pions posés remporte la manche. On joue donc encore différemment en lorgnant sur les indices de l’équipe adverse pour comparer avec les siens et en profitant de leurs erreurs pour peut-être rattraper notre retard !
Le seul mauvais choix est de ne pas en faire
Cette nouveauté prévue pour fin août risque de diviser. Si vous vous contenter du ressenti après une première manche, vous passerez sans doute à côté de l’essentiel, de même que si vous ne jouez pas le jeu de vous tortiller un peu les neurones pour faire matcher tous les indices et vous contentez systématiquement de glisser l’intrus au pif ! Ca ne sera pas drôle longtemps.
En réalité, moi ce que j’apprécie ici c’est qu’il y a une vraie prise de risque un peu comme pour Cachamot que tout le monde voulait aimer parce qu’il est mignon mais qui, en réalité, ne l’est pas tant que ça et nécessite de réfléchir un poil ! Pas le choix a une véritable personnalité. Certes ça ne transpire pas quand on voit la boîte mais on ne va pas revenir là-dessus ! Sans doute moins immédiat qu’un Lipogram par exemple, il nécessite quelques tours avant d’en saisir les subtilités mais, comme tout bon jeu d’associations d’idées, il génère lui aussi des discussions sans fin, des débats improbables, des interprétations multiples. Et ce sont ces échanges en particulier qui génèrent l’ambiance autour de la table alors n’hésitez pas à donner votre avis et à contredire les autres, c’est fait pour !
On peut souligner aussi que, pour une fois, il n’y a pas de sablier, timer, bande son et tout et tout ! Selon moi c’est une bonne idée même si, sur vos premières parties vous risquez de vous dire qu’il y a trop de longueurs et que c’est chiant d’attendre toujours les mêmes (je sais, je me le suis dis aussi !) mais : c’est un entraînement. Par la suite, on s’améliore les gars alors détendez-vous ! Et puis, il y en a que ça stresse grave ces histoires de contrainte de temps, ça fout une pression du diable et certains ne s’amusent pas du tout avec cela. Donc, au pire, les gamers, vous pouvez choisir de vous chronométrer pour plus de difficulté mais laissez les mous du slip personnes à réactivité restreinte participer aussi (nous vous en remercions !) !
De premier choix
C’est un jeu d’ambiance ok, mais c’est pas pour cela qu’on va finir pliés en deux. On peut s’amuser intelligemment et plaisanter de nos conneries sans hurler de rire. Personnellement, en matière d’expérience à partager, je suis d’ailleurs plutôt attirée par cet esprit de challenge et de communication brouillée ou limitée que par les trucs ou on tape, on crie, on mime etc (ouais je sais : vraiment pas drôle la meuf !).
Par dessus tout, ce que j’aime c’est jouer avec les mots, leur sens et leur double-sens ! C’est comme cela qu’il faut jouer à Pas le choix et pas autrement, t’as pas le choix d’accord ?! D’habitude on me dit toujours que je pars trop loin, ici, c’est ce qu’il faut faire. Les indices vous mettent à mal et sont comme des traîtres dans la partie, à vous de faire en sorte d’utiliser tous les sens possibles pour les obliger à coller à votre rébus ou, si vraiment ça ne veut pas : faites comme dans So Clover et balancez-le là où il n’a rien à faire en comptant sur vos co-équipiers pour procéder par élimination ! Jouez avec les stéréotypes, les idées reçues, l’humour décalé, les jeux de mots, les contre-sens ; lâchez-vous ! L’exercice est tellement savoureux, profitez-en, vous pouvez même partir dans le graveleux si le coeur vous en dit mais, là encore, il n’y a rien d’obligatoire. Chacun fera à sa sauce et c’est d’ailleurs par ce biais aussi qu’on pourra déduire les mots à trouver selon si le leader du tour est plutôt terre à terre ou second degré !
Cette boîte m’a surprise, agacée, défiée, stimulée et bien amusée ! Une manche peut me faire grincer des dents et la suivante gonfler les chevilles, ça m’éclate de peiner et chercher en moi la bonne association qui fera tilt et au passage rire un peu ! Et vous alors, vous êtes tentés de l’essayer ? Quelle question, dans tous les cas, vous n’avez …
