Après un Trio couronné par l’As d’Or, le studio Cocktail Games conserve le même petit format carré pour proposer un nouveau jeu de cartes. Ca s’appelle Jungo et cette fois il s’agira d’un jeu de défausse. Dans une formule accessible et familiale, ce jeu vous demandera de vous débarrasser de vos cartes le plus rapidement possible. Voici mon avis sur Jungo !
Un petit jeu pour tous
L’équipe de Cocktail Games rencontre le game designer Toshiki Arao au Tokyo Games Market en 2023. Il leur présente alors Hachi Train, qui deviendra Jungo avec quelques modifications. Si les mécaniques du jeu sont simples et accessibles, c’est probablement aussi car l’auteur fait partie d’un collectif appelé le Dojin Comet Circle.
Fondé en 2011, ce cercle dōjin (= productions amateur) japonais s’est donné pour mission de bâtir une nouvelle communauté à travers les jeux de société. L’idée a émergé dans un contexte marqué par le séisme et le tsunami de Tōhoku (une région du Nord-Est du Japon) du 11 mars 2011, un événement qui a profondément ébranlé le pays et rappelé à beaucoup l’importance des liens humains.
C’est dans cette volonté de recréer du lien et de partager des moments chaleureux que le cercle a choisi le jeu de société comme vecteur principal. Convaincus que ces jeux ont le pouvoir de rapprocher les gens et de générer du bonheur, ses membres conçoivent des titres accessibles et universels.
Leur philosophie repose sur un concept simple : des jeux ouverts à tous. Ni trop complexes ni trop techniques, ils sont pensés pour rassembler un large public, indépendamment de l’âge, de la nationalité ou d’un éventuel handicap. Chaque création vise à offrir une expérience ludique facile à appréhender, mais assez riche pour séduire un public varié, favorisant ainsi des moments de partage authentiques.
Jungo s’inscrit parfaitement dans cette démarche, avec évidemment une surcouche pro apportée par Cocktail, et la filiation du jeu avec la formule Trio.
Une singerie
Plus de Sai Beppu cette fois aux graphismes, mais Laura Michaud, qui occupe le poste de graphiste directement chez Cocktail Games. Laura vous avez vu son travail sur Maudit Mot Dit, sur Imagine, sur Top Ten et Hana-Bi. Pour Jungo, je pense que les consignes étaient de rendre le jeu comme une sorte de cousin visuel de Trio. On reste sur des couleurs tranchées, sur une belle couv’ avec une typographie blanche custom. Et sur des cartes à fond noir.
La thématique est cette fois tournée vers des petits singes mignons, là où Trio s’orientait vers une fête des morts mexicaine. Je trouve que le travail de Laura fait sens, les graphismes se font presque oublier au profit de la lisibilité, et de nombreux petits détails sont soignés, comme les cadres des illustrations à plusieurs niveaux.
Chaque numéro de carte a sa propre illustration, avec sa couleur propre, et toujours les bananes qui ressortent en jaune. Il y a tout un travail sur les entrelacs de queues de singes, de lianes et de végétation derrière.
Les cartes sont toilées, et le jeu fabriqué en France, ce qui donne à mon sens une édition très maîtrisée dans sa globalité.
Bon débarras
Dans Jungo, l’objectif est de vider sa main de cartes. Ces cartes affichent des chiffres allant de 1 à 8, et il y en a 8 de chaque. Pour ça, vous allez jouer des combinaisons de cartes de même valeur. Les petits twists mécaniques qui donnent la saveur au jeu sont ceux-ci :
- vous n’avez pas le droit de changer l’ordre des cartes dans votre main
- vous pouvez reprendre la combinaison jouée avant vous et la mettre dans votre main dans l’ordre que vous souhaitez
Vous ne pouvez pas jouer une meilleure combinaison ? Vous piochez une carte : cette carte vous pouvez la conserver et la placer où vous voulez, ou la défausser.
Si ces mécaniques n’ont rien d’innovant en soi, elles fonctionnent toutefois parfaitement. L’ordre des cartes dans votre main dictera ce que vous allez essayer de jouer pour faire se rejoindre des cartes identiques (comme dans Scout). Mais comme vous pourrez ramasser des cartes de combinaisons jouée avant la vôtre, ou piocher des cartes et les intégrer (ou pas) dans votre jeu, chaque partie reste dynamique. Et chaotique bien sûr. Mais fun.
Laissez-moi manger ma banane
Une partie de Jungo dure environ 15 minutes, car le premier joueur qui défausse toutes ses cartes remporte la partie immédiatement. Le caractère chaotique du jeu fera qu’à certaines parties tout s’imbriquera bien, et pendant d’autres vous subirez pas mal le hasard. Il ne faut donc pas prendre Jungo pour ce qu’il n’est pas : un jeu de défausse expert pour des joueurs confirmés.
Non, Jungo c’est un petit jeu destiné à un public novice, ou familial. Il sera parfait pour jouer avec des enfants de 8-12 ans, ou facile à sortir avec des personnes qui aiment la simplicité dans les jeux. Les règles tiennent en quelques lignes, et le jeu s’assimile en deux tours à peine.
Je trouve en revanche que Jungo est abouti dans sa formule, entre son édition, son gameplay et son feeling général. Jungo est le septième jeu d’origine Japonaise que Cocktail Games transforme en produit comestible pour le marché occidental, après des titres comme Trio qui était une relecture de Nana (nana = 7 en japonais), l’incroyable Bomb Busters, ou Happy City par exemple.
Bonjour,
Petite erreur dans l’article, JUNGO n’est pas le deuxième jeu que Cocktailgames transforme en produit comestible pour le marché occidental ». Si l’on ne parle que des jeux du pays du Soleil Levant, c’est le septième.
Bonjour Matthieu, merci pour la précision, je corrige !