En 2025, j’ai eu la chance de découvrir 3 jeux experts très différents, mais tous inoubliables à leur manière… et chacun a été un vrai coup de cœur. Entre la fluidité maligne de Kingdom Crossing, l’intensité stratégique (et délicieusement mesquine ) de Stupor Mundi, et la profondeur historique passionnante de Sankoré, ma ludothèque a fière allure.
J’aime les jeux experts parce qu’ils demandent de la réflexion sans jamais oublier l’émotion : l’adrénaline d’un bon moove gratifiant, la tension quand on surveille les adversaires, et la satisfaction de bâtir quelque chose de plus en plus puissant au fil des tours. Ces trois titres m’ont excités chacun à leur façon : mécaniques astucieuses, matériel superbe, ambiance forte autour de la table… tout ce que j’adore.
Si vous aimez les gros jeux touffus qui font chauffer les méninges tout en offrant de vraies sensations de jeu, je vous encourage à les découvrir. Croyez moi, ça vaut largement le détour : peut être y trouverez vous, vous aussi, votre petit coup de cœur de 2025.
Kingdom Crossing
Bon, j’avoue, je triche un peu avec celui là. Kingdom Crossing ne sort que le 23 octobre, mais j’ai eu la chance d’y jouer trois fois cette année, et franchement… l’envie d’y retourner est toujours aussi forte !
Comme souvent dans les experts, c’est la mécanique de sélection d’actions qui fait tout le sel. Ici, le plateau représente 4 zones reliées par 7 ponts. À chaque tour, on choisit une tuile action, on avance de 1, 2 ou 3 ponts, puis on achète une carte à l’endroit où l’on s’arrête. Simple ? Pas tant que ça… car chaque pont ne peut être traversé qu’une seule fois par manche ! Chaque déplacement restreint donc vos choix suivants, et ça demande une planification bien plus maligne qu’on ne l’imagine au départ.
Votre but : marquer un max de points. Pour ça, il va falloir grimper sur 4 pistes de progression (bois, pierre, sève, nourriture), recruter des cartes qui renforcent vos revenus, tout en gérant l’or, qui est la seule ressource physique du jeu… et comme toujours, il n’y en a jamais assez.
Côté cartes, il y en a énormément de différentes, chacune avec ses propres bonus : ressources, or, décorations pour booster vos pistes, ou bâtiments qui améliorent vos revenus. Elles ont un effet immédiat (souvent lié au nombre de ponts parcourus pendant le tour), mais elles apportent aussi des revenus et des points de fin de partie. Et avec les tuiles de faveur pour scorer encore plus intelligemment, vous obtenez un système de points hyper modulable qui rend chaque partie unique et vraiment plaisante.
Bref, Kingdom Crossing a été une superbe découverte. Un jeu inspiré des sept ponts de Königsberg, à la fois accessible et riche, super fluide, avec une direction artistique que je trouve magnifique.
Sankoré
Sankoré, nous fait voyager dans le temps, direction Tombouctou au XIVᵉ siècle, au cœur de sa prestigieuse université.
Le principe ? Vous prenez la tête d’une école, formez vos étudiants et contribuez au rayonnement du savoir dans quatre disciplines : théologie, droit, mathématiques et astronomie. Chaque tour, vous ne choisissez que deux actions parmi cinq possibles : accueillir des étudiants, préparer un cours, en donner un, échanger des faveurs auprès de Mansa Moussa ou… diplômer vos élèves. Et c’est là que ça pique un peu : deux actions, c’est trop peu ! On veut toujours tout faire, et il faut sans cesse prioriser.
Le cœur du jeu, c’est l’interconnexion des disciplines. Les livres de théologie servent aux maths, qui donnent de l’or, qui sert au droit, qui donne du sel… indispensable en astronomie. Un cercle vertueux qui vous oblige à jongler en permanence, à anticiper et à vous adapter. Ajoutez à ça un système de score original où la valeur de vos points dépend de l’évolution des disciplines et de vos placements de livres dans la grande bibliothèque… et vous obtenez un puzzle stratégique qui fait bien chauffer les neurones .
Attention : Sankoré n’est pas un jeu qui s’apprivoise en dix minutes. Le livret de règles est costaud, la mise en place un peu longue, et les parties durent facilement 2h30. Mais une fois lancé, quel plaisir ! Chaque partie est tendue, et la satisfaction quand vos choix payent est énorme.
C’est un euro exigeant, pas forcément pour tout le monde, mais si vous aimez les gros jeux stratégiques qui vous emmènent loin, Sankoré est une pépite. Accessible ? Pas trop. Fluide ? Pas au début. Mais gratifiant, riche, et franchement mémorable.
Stupor Mundi
Stupor Mundi n’était pas du tout sur mon radar… et pourtant, quelle claque ! Derrière ce nom se cache Nestore Mangone (l’un des auteurs de Darwin’s Journey que j’adore, vous le savez si vous me suivez un peu). Et franchement, ça se sent : on est face à un vrai euro expert, riche, interactif et terriblement prenant.
On incarne des vassaux de l’Empereur Frédéric II, surnommé la Merveille du Monde, et on tente de gagner ses faveurs en développant notre fief : construire son château, recruter des alliés, former des spécialistes… tout ça sous le regard de l’Empereur, qui peut mettre fin à la partie à tout moment.
Ce qui rend le jeu unique ? Ses cartes à double usage (et vous savez que je raffole de la gestion de main 💖). À chaque tour, dilemme : profiter du petit bonus immédiat ou sacrifier sa carte pour réaliser une des cinq grosses actions ? Commerce, recrutement, construction… chaque choix pique un peu et peut complètement réorienter votre partie.
Et puis il y a les décrets impériaux. Ces petites tuiles changent l’équilibre du palais et… sabotent joyeusement les plans adverses. Exemple : votre voisin se frottait les mains car l’Empereur devait avoir au moins 3 céréales pour lui rapporter des points ? Hop, vous jouez un décret qui lui retire des ressources.
Résultat : zéro point pour lui. Mesquin ? Oui. Délicieusement satisfaisant ? Encore plus !
Côté matériel, c’est un régal : châteaux en 3D, cartes et plateaux soignés, une mise en table qui en jette.
Alors oui, Stupor Mundi est exigeant, un peu long, et il faut aimer se surveiller (et se piétiner) en permanence. Mais si vous aimez les gros jeux interactifs, avec du bluff, du sabotage et une tension constante… c’est un bijou. Une découverte qui m’a vraiment excitée ! Il pourrait rejoindre mes jeux de gestion de main préféré s’il continu à être si bon.