Jeux de société : une crise se profile aux États-Unis à cause des tariffs de Trump

Une crise se profile dans l’industrie du jeu de société : les taxes américaines sur les produits chinois pourraient faire exploser les prix, annuler des projets et menacer l’avenir de nombreux éditeurs.

tariffs trump et jeux de société

Les nouvelles taxes sur les produits en provenance de Chine pourraient frapper de plein fouet l’industrie du jeu de société. Fabrication, coûts, emplois : tout le secteur est en alerte. Ces tarifs douaniers allant jusqu’à 60 % sur les jeux fabriqués en Chine pourraient bouleverser toute la chaîne du jeu de société américain.

Les tariffs de Trump, c’est quoi ?

Les tariffs imposés par l’administration Trump sont en réalité des droits de douane supplémentaires appliqués aux produits importés depuis la Chine. En clair, ça signifie que chaque entreprise américaine qui fait fabriquer ses jeux là-bas doit payer un supplément au moment d’importer les marchandises. Et ce n’est pas anodin : on parle parfois de hausses allant jusqu’à 60 % du prix d’origine. Résultat : les éditeurs doivent soit augmenter leurs prix (au risque de faire fuir les joueurs), soit absorber les pertes (au risque de mettre la clé sous la porte). Dans une industrie où les marges sont déjà très serrées, cette équation devient vite un cauchemar.

Un secteur en alerte face à une hausse brutale des coûts

L’administration américaine prévoit de réimposer des droits de douane massifs sur des milliers de produits fabriqués en Chine, y compris les jeux de société, les figurines, les cartes et les accessoires. Les hausses pourraient atteindre 25 à 60 % selon les catégories de produits.

Or, la très grande majorité des jeux — y compris les titres indépendants, les JdR, les extensions et les figurines — sont produits en Chine. Une dépendance structurelle, difficile à contourner. Résultat : ces tarifs pourraient provoquer une hausse brutale des coûts de fabrication, obligeant les éditeurs à faire un choix difficile : augmenter les prix, absorber les pertes, ou… arrêter.

Certains éditeurs parlent déjà de licenciements imminents, d’annulations de projets, voire de fermetures. Les petites structures, qui fonctionnent souvent à flux tendus, sont particulièrement vulnérables. Même les acteurs plus solides reconnaissent qu’un tel choc risque de bousculer leur calendrier de production. De nombreux jeux en développement risquent même de ne jamais voir le jour.

La GAMA tire la sonnette d’alarme

Face à cette menace, la Game Manufacturers Association (GAMA) a publié un communiqué alarmiste. Elle y affirme que ces tarifs, bien que présentés comme une mesure économique contre la Chine, sont en réalité une taxe déguisée sur les consommateurs américains.

« Les éditeurs n’ont pas le choix : ils devront augmenter leurs prix ou arrêter complètement de produire. C’est toute la chaîne qui est menacée », affirme un représentant de la GAMA.

L’association rappelle que l’industrie du jeu de société a connu une croissance fulgurante au cours des vingt dernières années, avec des milliers de nouveaux titres publiés chaque année, et des centaines d’éditeurs actifs. Cette dynamique pourrait être brisée net par une mesure économique mal calibrée.

Des faillites déjà en cours, et un marché fragilisé

Un article de Polygon souligne que plusieurs entreprises ont déjà fermé ou licencié massivement ces derniers mois, parfois en lien avec l’augmentation des coûts logistiques, la baisse des marges ou une distribution plus instable depuis la pandémie. Ces nouveaux tarifs ne feraient que précipiter une crise latente.

Les plateformes de financement participatif, comme Kickstarter ou Gamefound, qui permettent à de nombreux jeux de voir le jour, seraient elles aussi affectées. Si produire un jeu devient trop coûteux, même les projets financés à hauteur de plusieurs centaines de milliers de dollars pourraient devenir impossibles à livrer sans pertes.

Et pour les joueurs ?

Pour les joueurs, cela signifie très concrètement : des jeux plus chers, parfois 20 à 40 % de plus, moins de sorties annuelles, moins d’expériences innovantes, et surtout un risque d’appauvrissement global de l’offre. Moins de diversité, moins de prise de risques, plus de produits dérivés standardisés et « sûrs ».

Les boutiques locales pourraient aussi être affectées : avec des prix en hausse et des marges serrées, certaines risquent de ne pas pouvoir suivre, surtout si les consommateurs se tournent vers l’import ou le marché de l’occasion pour limiter les dépenses.

Une relocalisation difficile, mais inévitable ?

Certains évoquent déjà la possibilité de relocaliser une partie de la production aux États-Unis ou en Europe. Mais dans les faits, les coûts y sont bien plus élevés, les infrastructures pas toujours adaptées, et les délais allongés. Les usines chinoises ont des décennies d’expertise, des chaînes de production optimisées, et une capacité d’adaptation énorme.

Pour l’instant, aucun plan de remplacement crédible n’est sur la table. Et l’industrie attend, suspendue aux détails définitifs de la réforme tarifaire.

Quels impacts en Europe ?

Il est délicat de savoir exactement quelles seront les retombées de cette politique américaine, mais voici quelques pistes de réflexion. Même si l’Europe n’est pas directement visée, elle dépend elle aussi massivement de la production chinoise. Si la demande mondiale se déplace (ou si certaines usines ferment en perdant de gros clients américains), cela pourrait entraîner :

  • des délais de fabrication rallongés,
  • une hausse globale des tarifs d’impression ou de production,
  • des répercussions sur les campagnes de financement participatif, qui s’appuient souvent sur les mêmes prestataires chinois.

Face aux tensions commerciales, certains éditeurs européens envisageront peut-être de produire localement (Pologne, Allemagne, République tchèque, Portugal…). Mais cela a un coût :

  • plus cher,
  • moins de flexibilité,
  • moins de savoir-faire spécialisé (notamment pour les figurines ou les composants complexes).

On pourrait donc voir à court terme :

  • une baisse de la diversité des jeux édités,
  • des éditeurs qui réduisent le contenu des boîtes pour rester dans les coûts,
  • ou un glissement vers des jeux plus petits, plus simples à fabriquer localement.

Le problème, c’est que c’est déjà le cas pour les jeux plus petits et moins chers : une grande partie des jeux proposés rentre dans ce format, moins de 15€, quelques cartes…

Un secteur sous tension

Alors que le jeu de société connaît un succès mondial depuis plus de deux décennies, ce coup de frein brutal inquiète toute l’industrie. Les acteurs du secteur réussiront-ils à s’adapter ? Ou faudra-t-il dire adieu à une partie de la créativité ludique qui fait la richesse de nos kallax ? L’annonce de ces tarifs agit comme un électrochoc dans un secteur déjà tendu.

Entre inflation, guerre des prix, saturation du marché et fragilité logistique, l’industrie du jeu de société ne peut pas encaisser un choc de plus sans conséquences majeures. Reste à savoir si cette politique sera maintenue, ajustée… ou si le jeu, cette fois, pourrait vraiment s’arrêter.

Fabricants, éditeurs, distributeurs, et joueurs : personne ne sera épargné.


Frédéric Domain


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