Mon avis sur In Extremis : Ramène pas ta science !

Ras-le-bol du thème de la Nature dans les jeux de société ? Et si on vous proposait de faire des expériences scientifiques pour tenter d’éviter de la détruire ? Ca vous amuserait plus ?

Mise à jour le :

Par : Mélanie Fragata

Dans : Critiques et Avis

in extremis jeu critique avis

Mon avis en bref

Tantôt amusant tantôt énervant, In Extremis risque de vous faire vivre des émotions fortes ! Un jeu coopératif dans lequel la communication et la coordination sont essentielles pour résoudre les missions mais pas que ! A chaque partie, il faut s'adapter : oublier ce qu'on croit savoir pour intégrer de nouvelles contraintes et réajuster sa façon de jouer. Le thème est présent sans être indigeste et ce qui prédomine c'est le challenge !

Le sujet de la transition énergétique devrait faire partie des programmes de tout bon politicien qui se respecte ? Peut-être… Sans doute ! Mais peut-on en faire un jeu intelligent et amusant sans que cela ne soit barbant pour tout le monde ? C’est ce que je vous propose de découvrir avec In Extremis.

Des gens qui nous veulent du bien

L’éditeur Opla est connu et reconnu de tous dans le milieu ludique. Derrière ce nom « enfantin », se cache une équipe sérieuse, investie, engagée ! Leur ligne directrice : créer des jeux à portée de tous, de façon éco-responsable et si possible avec un message de sensibilisation.

La marche du crabe dénonçait la pollution, Kosmopolit nous a fait découvrir les dialectes du Monde entier (nous permettant ainsi de nous rappeler que Non ! Nous ne sommes pas le nombril de cette planète!), Pom Pom nous inculquait qu’à chaque saison correspondent des aliments et que Non ! Manger des cerises à Noël et se revendiquer écolo n’est pas compatible !

Pour In Extremis, comme pour Kosmopoli:t auparavant ou encore Naéco plus récemment ; Opla a développé un partenariat avec des gens directement concernés par le sujet afin de ne pas trop nous raconter de bêtises. Ici, c’est donc avec la participation, entre autres, de Pascal Lenormand (un énergéticien) qu’ils ont peaufiné ce jeu depuis 4 ans en vue de nous servir une expérience immersive la plus proche possible de la réalité !

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Dites-m’en plus !

Pour la faire courte et simple (parce que je suis loin d’être une lumière en Science) : la transition énergétique est une volonté de modification des modes de production et de consommation de l’énergie pour réduire les effets négatifs de ce secteur sur l’environnement. Donc en gros : une évolution vers le mieux pour sauvegarder notre planète si tu préfères.

Le thème peut paraître très intello mais ce sont en fait les mots qui font peur plus que le fond du truc car tout le monde a finalement vu, lu ou entendu parler de cela. Soyons honnêtes : nous sommes tous conscients de l’état désastreux de la Planète que nous allons léguer à nos enfants… Hein ? Mais si, mais si, tu le sais toi qui n’éteins pas ta télé alors que tu es dans la salle de bain depuis 1h, toi qui fais dégueuler ton réservoir en faisant le plein de ta caisse, toi qui pisse dans l’eau potable !

Mais je vous rassure tout de suite : In Extremis ne se veut absolument pas moralisateur ! Comme tous les autres jeux de chez Opla, libre à nous de nous sentir concernés par le sujet et de vouloir en savoir plus. Pour cela, un petit livret à part (« Avant d’éteindre la lumière ») vous permettra d’approfondir vos connaissances sur le sujet et mieux comprendre l’intérêt des expériences proposées ici.

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Le vif du sujet !

Dans In Extremis, nous, les joueurs (des scientifiques), appartenons à l’agence GIETE (Groupement Intergouvernemental d’Experts sur la Transition Energétique)qui n’a de cesse d’alerter le Gouvernement sur la situation catastrophique du Pays.

Face au déni et au mutisme de nos chers politiciens, nous avons décidé de prendre les choses en main et avons créé une IA (Intelligence Artificielle) capable d’analyser nos expériences programmées dans le but de mettre en avant la possible (et pas si utopique) meilleure utilisation des énergies pour répondre aux besoins d’une population en réduisant le taux de pollution.

Pas sexy ? Oui c’est vrai ! Et je dois avouer avoir eu un peu peur à la lecture des règles parce qu’après tout le descriptif du contexte, j’ai découvert le matériel du jeu et notamment des cartes « Machines » qui constituent l’élément central du jeu. Ces dernières sont réparties par couleur et comportent toutes des valeurs. Chaque « famille » correspond à une Machine qui utilise un matériau en particulier :

  • Les roses sont des Ventibrasses (pour le vent)
  • Les bleues, des Aquatouilles (pour l’eau)
  • Les jaunes, des Tournicosols (pour le soleil)
  • Les vertes, des Kracanbuches (pour le bois)
  • En noir, des Carbotrons (pour les énergies fossiles caca beurk)
  • En marron, la pollution tout simplement

Si comme moi en lisant cela vous avez envie de tout arrêter… Retenez-vous ! Ces noms tarabiscotés sont plus un délire qu’autre chose et ne viendront pas ruiner vos parties puisqu’en réalité vous direz : « il me faut du rose là », « il manque encore un 2 vert ici » etc. Ouf !

Chaque partie se joue en trois manches et nécessite d’utiliser une application (gratuite) qui représente notre fameuse IA. A chaque fois, des règles spécifiques sont détaillées dans le livret de règles (d’où son épaisseur assez conséquente pour un jeu d’ambiance !). Les manches sont évolutives : peu de changements entre la 1 et la 2 en général mais une réelle complexification à la 3ème !

En gros, l’appli répartit des besoins par quartier (c’est comme les commandes pour Kosmopoli:t) et vous devez vous coordonner pour remplir ces missions. Pas de tour de jeu dans In Extremis, c’est l’IA qui désigne le joueur qui agit. Celui-ci a la possibilité alors de poser une carte (attention elles sont recto-verso, ayez l’oeil !) face à l’un des quartiers, de se défausser ou de ne rien faire du tout.

Le Carbotron (carte noire) sert de joker et peut remplacer n’importe quelle autre couleur de carte mais, souvenez-vous, comme il correspond à l’énergie fossile (caca beurk), ce choix aura des conséquences en terme de pollution ! Ce point est très bien rendu dans le jeu, sans être lourd à comprendre : à chaque fin de manche (réussie sinon faut tout refaire !) chaque Carbotron utilisé est perdu à tout jamais (adieu précieux joker) et nous oblige à récupérer autant de cartes Pollution pour la prochaine manche ! D’où l’expression « polluer son deck » ! De même, si l’énergie utilisée dépasse la demande, on considère qu’il y a eu du gaspillage donc…

In Extremis c’est du coop’, c’est de la frénésie, c’est des concertations en mode speed car, évidemment, le temps passe (et vite !). Ca a l’air compliqué quand on lit les règles et… ça l’est quand on y joue ! lol Mais pas pour les mêmes raisons : le thème est présent et on comprend ce qu’on fait et l’intérêt de l’expérience en cours mais il est suffisamment en retrait pour ne pas en faire un truc éducatif chiant !

L’aspect complexe réside bel et bien dans le gameplay : le fait de répartir les bonnes cartes, d’avoir les yeux partout, de s’écouter et se speeder sans gueuler (ça arrivera quand même…), de penser à piocher, de ne pas jouer pendant le tour de l’autre, de bien compter, de… Aaaahhh !!! Trop de truc à gérer mais c’est ça qui est bon !

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Finalement, qu’est-ce que j’en pense ?

In Extremis est un jeu déconcertant ! Je n’ai pas su dire tout de suite si je l’aimais ou pas. Il m’a un peu agacée, je ne comprenais pas tout et l’appli m’a fait vriller quand j’ai vu qu’on ne pouvait pas mettre pause pour vérifier un point de règle ! Mais ! Je dois admettre qu’à chaque réussite, on se sent fier et désireux d’avancer ! Et, à chaque défaite, on est vénère et on veut reprendre là où ça a merdé !

C’est un vrai coop’ qui engendrera des discussions, des mises au point, de la concertation. Il faut absolument communiquer, réajuster, s’adapter mais il faut le faire vite ! Le chrono défile à toute vitesse et ça, dès les premiers niveaux. V’là la décharge d’adrénaline qu’on se prend !

Je vous rassure, on peut quand même tester les scénarios en mode « facile » pour découvrir. Mais pour valider un niveau et accéder aux prochains, il faudra les jouer en mode « normal » (ben ouais on n’est pas des rigolos quand même !).

In Extremis peut être comparé à son grand frère Kosmopoli:t ou encore le tout récent Sync or Swim pour leur aspect frénétique et évolutif c’est vrai mais il a tout de même une identité bien à lui. Si les deux premiers me paraissent plus immédiats avec une montée en puissance plus gentille ; ici on attaque dans le dur direct ! Soyez averti : il va falloir vous investir totalement dans vos missions. Il faut sans cesse apprendre, désapprendre puis ré-apprendre ! C’est une véritable expérience à part qui va mettre vos nerfs à rude épreuve.

Les joueurs doivent s’attendre à lire des règles, l’application ne fait que résumer quelques points importants mais vous devez, à chaque nouvelle partie, bien intégrer les nouvelles contraintes. C’est fascinant de voir à quel point ça nous paraît difficile de « revenir en arrière » pour mieux avancer et c’est ce qui nous ramène aussi au sujet principal discrètement sans en faire des caisses !

Personnellement, j’ai très très envie de poursuivre l’aventure ! C’est dur oui mais plein d’humour, de challenges qui motivent, de défaites qui endurcissent, de défis qui valorisent. C’est un combat avec soi-même, on en sort épuisé, amusé, énervé mais on a envie d’y arriver alors on y retourne plus grand, plus fort, plus déterminé !

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Mais alors c’est pour qui ?

Difficile de ranger In Extremis dans une case… La catégorie familiale est d’ordinaire citée pour des jeux très accessibles avec peu de règles et un visuel attrayant. Ici, même si les illustrations de Stéphane Escapa sont très belles, le tout reste assez sobre et il n’y a pas d’éléments ludiques à ajouter au fil des manches.

Toutefois, je ne pense pas que le jeu soit inaccessible aux familles pour autant. Seulement voilà, il nécessite une réelle volonté de s’investir : de nouvelles règles à apprendre régulièrement, des contraintes qui se renouvellent perpétuellement, une application qui demande des manipulations durant les tours de jeu, un Totem à utiliser qui ajoute un stress supplémentaire avec l’impression de faire deux choses différentes avec les mains ! Quel enfer !!! (Mais avouez… On aime ça quand même !)

Bref, In Extremis ne plaira pas à tous mais ce serait dommage de ne pas y goûter ! Certes, si l’émulation à table vous rebute, passez votre chemin. En revanche, si vous avez aimé les jeux cités plus haut ou encore les Kites, les Mission pas possible etc, foncez ! Ne vous arrêtez pas au thème qui peut paraître trop intellectuel et scientifique (oui il l’est !), rappelez-vous que vous pouvez vous contenter de jouer des cartes par couleur et valeur à la façon d’un délicieux 5O missions mais en mode survitaminé, bruyant et drôle !

Je ne sais pas vous mais moi, j’aime apprendre en faisant. Lire ne me suffit pas, j’ai besoin d’exemples concrets et d’actions ; c’est ce qu’apporte In Extremis ! Il plaira aux joueurs qui ont envie de vivre des émotions fortes et de partager une expérience sans flipper à l’idée de se foirer quelquefois pour mieux recommencer et assimiler plusieurs nouveaux paramètres. Beaucoup de surprises vous attendent dans cette boîte ! Vous allez rire, pleurer, vous énerver, vous acharner, vous engueuler et vous féliciter… Franchement, tout ce stress… C’est un coup à se mettre à fumer !

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Etiquettes : In Extremis | jeux coopératifs | jeux opla | Juan Rodriguez | Julien Prothière | Stéphane Escapa


Infos :

Editeur : Jeux Opla

Créé par : Julien Prothière et Juan Rodriguez

Illustré par : Stéphane Escapa

Nb joueurs : 2 à 6

Idéal à : Testé uniquement à 3, on a particulièrement apprécié cette configuration !

Age mini : 10

Durée : 12 min

Caractéristiques :

Complexité : 3

Thématisation : 4

Interactivité : 5

Edition

4

Mécaniques

3

Rejouabilité

4

Originalité

4

Note

15

Comment sont notés les jeux ?


Points Positifs

Des parties courtes et haletantes !

Une application qui génère les missions et gère le chornomètre

La défaite comme la réussite vous donnent envie d'y revenir

Les règles Express facilitent la recherche d'infos

Points Négatifs

Impossible de mettre en pause ou revenir en arrière pendant une partie

De nouvelles règles à lire à chaque partie, ça peut en décourager certains


Mélanie Fragata


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