Critique et avis sur Hegemony : premier de la classe

Hegemony vous propose de jouer la lutte des classes dans notre société actuelle. Un jeu pour experts, asymétrique…Voici mon avis et ma critique d’Hégémony !

Mise à jour le :

Par : Laurent RFTG

Dans : Critiques et Avis

Hegemony jeu critique avis

Mon avis en bref

Hegemony est bien plus qu’un jeu, c’est une invitation à s’affronter autour de la table autour de la lutte des classes. Chaque joueur jouera son propre jeu puisque les rôles sont asymétriques mais dans une grande interaction (notamment au niveau du fluff) car tout est interconnecté ! Un OLNI incroyable.

Brillerez-vous en tant que classe ouvrière, classe moyenne, capitalistes ou État ? Vous avez 5h pour le décider dans Hegemony !

5h et même plus !

5 heures oui, c’est le temps qu’il nous a fallu pour jouer notre première partie à 4 joueurs ! Mais 4 heures inoubliables ! Il faut d’ailleurs ajouter à ces 5 heures de jeu 1 heure d’explication de règles et pour moi le temps de la mise en place et de l’apprentissage des règles.

Bien que le jeu soit au final assez simple dans ses actions il faudra pour le joueur qui explique maîtriser les règles globales du jeu mais aussi maîtriser l’ensemble des règles liées à chaque faction car le jeu est hautement asymétrique ! Chaque joueur jouera donc à son propre jeu, avec ses propres mécaniques mais dans un écosystème financier et politique interconnecté ! C’est bien simple, quand mes joueurs sont arrivés à la maison je leur ai demandé de vite s’asseoir car j’avais le besoin urgent de vider ma tête de toutes ces règles.

C’est noté sur la mini aide de jeu de ton aide de jeu

Vous voilà prévenus, vous vous attaquez à un mastodonte et il faudra des joueurs motivés et aguerris pour vous accompagner. Je l’ai dis déjà : pourtant les règles ne sont pas si compliquées…Mais vous allez tout de même donner à chaque joueur une feuille A4 recto verso de texte qui constitue son aide de jeu (ça c’est cool niveau matos) et aussi une mini feuille A5 recto verso qui sera son aide de jeu résumé (mais qui comporte d’autres infos comme le scoring).

Je vous laisse apprécier la photo de mon ami perdu dans son aide de jeu, il n’était pas prêt ahah. Ils n’étaient d’ailleurs tous pas prêts et pourtant ils ont tous adoré leur expérience de jeu et veulent y revenir vite (et il vaut mieux histoire d’avoir les règles en tête).

hegemony
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Un OLNI (Objet Ludique Non Identifié)

Je ne pourrais pas classer ce jeu dans une catégorie tellement il est unique, tellement chaque rôle est intéressant et interconnecté. Si vous cherchez un jeu qui ne ressemble à aucun autre, il est parfait pour vous. Et je vais vous aider à visualiser le jeu en vous parlant de l’expérience de chacun des joueurs. Mais tout d’abord parlons du concept global du jeu. Chaque joueur aura un deck de cartes et pourra jouer lors des 5 manches 5 des 7 cartes qu’il a pioché : pour faire l’action de la carte ou pour faire une des actions propres à son rôle (et présent sur la fameuse aide de jeu).

Vous aurez également droit à une action bonus par tour (et une seule… une seule précision à ne pas oublier). Le but de chacun sera alors d’influer les lois du jeu (concept génial) et chaque loi définit les conditions d’un secteur du jeu (et pas qu’un peu). Si les conditions économiques vous sont favorables, il y a fort à parier que vous allez très facilement marquer des points de victoire tout au long des manches.

Le jeu propose de jouer la première partie à 2. Même si ça marche à 2 ou à 3, c’est véritablement à 4, avec la présence de l’état que le jeu prendra une dimension épique sans précédent pour votre cercle de joueurs ! En effet, c’est l’État qui aura le rôle le plus différent des autres joueurs.

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La force du peuple

Mais commençons par la classe ouvrière, dont le but sera d’envoyer ses ouvriers sur les entreprises ouvertes par les autres joueurs afin de toucher des salaires. Ces salaires lui seront d’une grande utilité pour récupérer de la santé, de l’éducation ou du luxe afin d’augmenter sa prospérité et de faire le plein de points à chaque manche.

Attention dans vos parties à ne pas créer de conditions trop favorables à ce joueur en ayant plein d’entreprises (donc quasi le plein emploi donc le plein de salaires) ou en ayant des services d’éducation et de santé gratuits (et donc facile de monter la prospérité pour ce joueur). En plus, avec beaucoup d’entreprises vous verrez l’apparition de syndicats fort déplaisants.

Au contraire, avec un joueur capitaliste qui ferme ses entreprises au bon moment où augmente le prix de la nourriture cela peut être moins simple pour le joueur de la classe ouvrière (qui fera en représailles des grèves et manifestations bien sûr).

L’argent, toujours l’argent

Le joueur capitaliste gère justement ses entreprises pour trouver un équilibre entre les salaires qu’il verse et les ressources qu’elles produisent, ressources qui seront achetables par les joueurs ou revendues à l’export. Notre joueur capitaliste a passé la partie à me dire que ce jeu était juste un travail car il était avec sa calculette pour gérer ses salaires, son impôt sur les sociétés et ses taxes !

À la prochaine partie, il débarquera avec son comptable lui c’est sûr ! Je retiens encore sa phrase “non mais c’est une dinguerie les impôts !” Et ce n’est pas le seul motif de plainte de ce joueur : il nous aura dit aussi que c’est impossible de gagner avec les capitalistes alors qu’en fait c’est juste que le système de lois était devenu hostile pour sa faction (il finira par gagner à cause d’un revirement des lois provoqué par le FMI).

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La classe moyenne, comme dans la vraie vie

La classe moyenne, présente dans les parties à 3 joueurs, fait un peu de tout. Le joueur jouant cette classe devra être bien concentré pendant l’explication des règles. Il doit gérer à la fois ses travailleurs, percevoir des salaires et chercher à fournir des biens et services à sa population comme la classe ouvrière. Mais comme les capitalistes, il a des entreprises qui produisent des ressources qu’il peut se faire acheter ou qu’il va exporter.

Mais comme il fait différentes choses dans le jeu, il paye pour tout également : des salaires, des impôts sur ses sociétés, des impôts sur le revenu de sa population. Autant dire que le joueur de la classe moyenne n’avait pas trop le sourire à certains moments. Pourtant c’est un rôle ultra intéressant de par cette flexibilité car il peut bénéficier d’une politique fiscale basse (il s’alliera alors au capitaliste) mais aussi d’un système de santé et d’éducation performant (il s’alliera alors à la classe ouvrière).

L’état, le game changer

Et le rôle le plus différent du jeu, c’est l’état. Je le conseille d’ailleurs au joueur qui aura lu et relu et rerelu les règles car il est si différent que cela vous économisera pas mal d’explications de règles d’une part. Et puis il est là pour aider et manipuler les joueurs à sa guise et cela correspond bien à la posture de la personne qui aura expliqué les règles (vous savez le fameux “tu me l’avais pas dit pour gagner”) ! Il cherche à attirer la sympathie de chaque autre classe pour marquer des points.

En tant qu’état vous suivrez en revanche votre propre agenda politique, changeant à chaque tour pour influer les lois en profitant d’alliance de circonstances avec les autres joueurs. Mais faut pas déconner non plus vous essayerez toujours de garder l’impôt au max parce que les impôts versés par les autres joueurs (et les taxes d’importation aussi) sont l’argent que vous allez utiliser vous !

Vous comprenez mieux pourquoi les autres joueurs se plaignent volontiers des impôts dans ce jeu (et pourquoi c’est dommage de ne pas avoir l’état présent en tant que joueur pour jouer avec vos impôts). D’ailleurs l’état (moi) était bien parti pour gagner : il gérait admirablement les crises et offrait des subventions à tout va…

Mais la gratuité des soins et de l’éducation couplée à une carte de crise sanitaire jouée par la capitaliste (obligeant l’état à emprunter pour acheter des soins dont il n’avait pas besoin) a eu raison de cette gestion. La punition est implacable : passage du FMI et réajustement de tout le système de lois (ça ça a bien plu au capitaliste et ça a détruit les velléités de victoire de l’État).

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Une erreur de jeunesse ?

La partie d’Hegemony a été folle et la rejouabilité offerte dans la possibilité de jouer les différents rôles et le comportement des joueurs (la prochaine c’est sûr qu’il y aura moins de travail pour le peuple) est vertigineuse. Et je le redis, finalement les règles ça va après la première partie.

Par contre gros point noir : des erreurs de traduction dans la règle VF. Il sera donc nécessaire d’aller voir l’errata sur le site de l’éditeur pour la mise en place. Il manque aussi les pénalités liées aux emprunts des joueurs (mais bon de toute façon les joueurs doivent rembourser pendant le scoring final et s’ils n’en sont pas capable ils sont déjà morts niveau victoire).

Etiquettes : don't panic games | Hegemony | Jakub Skop | Vangelis Bagiartakis | Varnavas Timotheou


Infos :

Editeur : Don’t Panic Games

Créé par : Vangelis Bagiartakis, Varnavas Timotheou

Illustré par : Jakub Skop

Nb joueurs : 2 à 4

Idéal à : 4

Age mini : 14

Durée : 90-240mn

Caractéristiques :

Complexité : 4

Thématisation : 4

Interactivité : 4

Edition

4

Mécaniques

4

Rejouabilité

4

Originalité

5

Note

17

Comment sont notés les jeux ?


Points Positifs

une thématique incroyablement bien implémentée

des rôles interconnectés et asymétriques

le système de lois influant le cours du jeu

une ambiance incroyable autour de la table avec des joueurs qui se prennent à leur classe politique

Points Négatifs

des erreurs de traduction de règle (voir errata sur le site)

prévoir du temps pour jouer (5h votre première partie)


Laurent RFTG


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