L’éditeur de jeux de rôles Wizards of the coast s’apprête à sortir encore quelques livres avant de clôturer la 5e édition de la série de règles de Donjons et Dragons. Parmi eux, The book of many things sortira en novembre. À la manière d’autres livres récents, il est raconté du point de vue d’un personnage de fiction, et il s’agit cette fois-ci d’Asteria. Elle est présentée comme une princesse devenue paladin et c’est elle qui guidera les joueurs tout le long du livre, agrémentant l’aventure de petites blagues et commentaires comme d’autres narrateurs avant elle. Mais, à la différence des précédents, Asteria est autiste.
Asteria, personnage neuroatypique
Sa créatrice Makenzie De Armas, elle-même autiste, a ainsi puisé dans son expérience personnelle pour donner vie à un personnage qui peine à regarder les gens dans les yeux (ce qui peut être un avantage dans le jeu) ou encore qui peut faire preuve d’un hyperfocus tel qu’il oublie de manger une fois engagé dans la résolution d’un problème.
De Armas a notamment souhaité qu’Asteria ne soit pas uniquement définie par sa neuroatypie, évitant ainsi l’impression qu’elle a simplement été ajoutée au jeu pour pouvoir cocher une case « diversité ». L’important est de montrer qu’Asteria peut s’émanciper grâce à (et non malgré) sa neuroatypie.
Personne n’étant mieux placé que la créatrice elle-même pour la présenter, voici ce qu’elle en dit dans une interview pour Polygon : « Ça se voit dans chacune de ses actions, mais ça ne la définit pas. Elle a l’occasion d’exprimer son amour et bien d’autres choses au-delà de je suis autiste, et c’est tellement enrichissant de l’accompagner dans ses expériences au travers des notes et de son histoire »
De Armas fait ainsi un magnifique pied de nez aux personnes qui lui ont dit que DnD n’était pas fait pour les personnes autistes à cause de l’aspect social. Sauf que, comme le souligne l’écrivain·e Meg Leach, c’est au contraire un jeu dans lequel beaucoup de personnes autistes peuvent se retrouver, puisqu’un univers fantastique comme celui de DnD peut tout à fait s’accommoder des facettes uniques liées à la neuroatypie et même les accueillir pleinement.
Beaucoup de programmes visant à aider l’inclusion de personnes autistes (enfants comme adultes) ont d’ailleurs adopté les jeux de rôles comme outil d’intervention sociale, et Meg Leach a probablement le meilleur argument dans ce sens : « Étant autiste, le monde imaginaire dans ma tête est bien plus exaltant que le monde dans lequel vivent mes amis. Grâce à DnD j’ai enfin un moyen de le partager avec eux« .
Ce n’est pas la première fois que Makenzie De Armas laisse apparaître des aspects d’elle-même dans ses créations dans le but de contribuer à plus d’acceptation et d’inclusion. Étant « fièrement autiste, handicapée et Philippine » selon sa biographie (3), elle a notamment participé à la création de I’ve been, mettant en avant la difficulté de s’ouvrir sur la santé mentale, ou encore à The Island of Sina Luna, inspirée par la culture philippine dont les histoires ont été masquées par la colonisation.
L’introduction d’Asteria dans le canon participe également à répondre à l’un des buts de Wizards pour la 5e édition de DnD, qui était de présenter un spectre de personnages beaucoup plus inclusif, ce qui était loin d’être le cas dans les éditions précédentes.
Pour se lancer dans Donjons & Dragons 5e édition :