Les jeux de rôles comme aide à la politique ? C’est ce dont parle l’élue transgenre du Montana Zooey Zephyr dans différentes interviews. La joueuse de Donjons et Dragons aime utiliser ce jeu et plus largement le story telling comme un moyen d’explorer ses opinions sur le genre, la politique, et plus généralement sur le bien et le mal.
Vous ne connaissez peut-être pas Zooey Zephyr, pourtant elle a été particulièrement médiatisée aux États-Unis en 2023, lorsqu’elle s’est battue (et a été censurée) contre une proposition de loi visant à interdire tout soin d’affirmation de genre chez les adolescents. Elle a aussi été la seule politicienne américaine à avoir été invitée à s’exprimer au Forum Mondial de la Démocratie à Strasbourg en novembre 2023.
Zephyr est une joueuse assidue de jeux de rôles, en particulier Donjons et Dragons depuis sa 5e campagne. Celui-ci devient même une métaphore centrale dans les interviews de l’élue concernant sa façon de se battre pour ses idées en politique.
Les jeux de rôle, un outil pour faire face au monde
Interrogée par Rascal News, Zephyr déclare que les jeux de rôles lui ont permis d’explorer son expression de genre sans les pressions et le stress de devoir s’engager dans une transition publique. « Quand je me suis sentie prête à être out pour moi-même et face au monde, ses expériences avaient silencieusement contribué à accumuler la force nécessaire en moi ».
Zephyr s’identifie à une « perma-DM », plus souvent MJ que joueuse, une façon d’approfondir des sujets politiques et les différentes façons dont les gens interagissent à la fois entre eux et avec le monde, mais également d’observer comment le tout contribue à raconter une histoire collective.
Dans une interview pour Teen Vogue, la politicienne partage son expérience de jeu :
« j’essaie de démêler des questions complexes à travers mes personnages. C’est un endroit où on peut explorer le genre, la politique, l’éthique, et apprendre l’importance des tiers-lieux. C’est aussi, paradoxalement un moyen de couper un peu de ces problèmes complexes. On a l’occasion de combattre le Mal. On a aussi parfois la chance de se sentir comme un héros. Souvent il y a un Méchant et je peux l’éliminer simplement grâce à la magie ou à un marteau. Ça peut être cathartique. Les figurines à peindre sont aussi des objets que personne ne peut effacer : un produit fini digne d’être admiré, contrairement à une loi qui doit être débattue, dessinée, et pour laquelle on doit se battre ; quelque chose qui peut – sous un gouvernement différent – disparaître. »
Engagée dans de nombreux projets humanitaires, Zéphyr refuse de partager ses plans politiques à venir mais ne s’inquiète pas pour sa place. Comme toute bonne campagne D&D, une telle vision à long terme nécessite stratégie, patience, et d’aller là où le besoin est le plus important.
Les parcours comme celui de Zooey Zéphyr reflètent quelque part le succès des éditeurs de D&D qui, avec la 5e campagne, voulaient tordre le cou aux stéréotypes (notamment de manque de diversité) liés aux jeux de rôles, déclarant vouloir rendre les tables inclusives et accueillantes pour tout le monde, comme les personnes LGBTQIAA+.