Comment c’est encore possible ? Le Festival des Jeux de Cannes a publié sur ses réseaux les premiers visuels du prochain FIJ 2026…faits (au moins en partie) par Intelligence Artificielle. Un scandale, quand on sait à quel point cette institution vit sur le talent de réels artistes, qui donnent vie à des centaines de jeux par an…
Le visuel problématique
Sur facebook et insta, le Festival des Jeux de Cannes s’est fendu d’un petit communiqué pour annoncer son prochain évènement, le plus gros en France autour des jeux de société. Et avec le communiqué, des visuels : un pion ou une petite pilule de smileys, avec des slogans comme Bouge ton Jeu…puis Soigne ton jeu
Mais visiblement cette bonne punchline de communicant ne s’applique pas à eux-mêmes, puisque le visuel ressemble à un pur produit d’IA générative. On ne soigne pas le jeu en supprimant du travail à ses artistes. Et c’est un problème à plusieurs égards :
- le FIJ repose en partie sur le talent de graphistes, qui font rêver et acheter des boîtes et qui font venir les gens
- le FIJ est le plus gros festival de jeux, et a donc le budget pour payer un·e vrai·e graphiste
- le FIJ accueille des associations et éditeurs qui luttent contre l’IA générative dans le secteur des jeux
Hybride et IA
Le Festival a cependant indiqué que l’illustration était une création de Jean-Elie Trujillo et « issue d’un travail hybride combinant différentes méthodes de création ». Ce qui n’exclut pas l’IA du processus créatif donc.
Jean-Elie Trujillo a d’ailleurs réalisé d’autres affiches pour le FIJ, qui font appel à des images libres de droits. Rien de répréhensible ou d’illégal, mais je pense que le FIJ a besoin d’un travail graphique plus illustratif, en faisant appel à des graphistes issus du monde du jeu. Il en existe des centaines littéralement, et ce n’est pas dur de réaliser un appel d’offres ou de faire une sélection d’artistes pour gérer les visuels du FIJ.
Damage Control
Immédiatement, des centaines de personnes ont fustigé le FIJ pour ce visuel. Et une autre réaction du FIJ, tout en damage control, n’a pas traîné :
Le petit coeur peut être interprété comme étant passif-agressif, c’est de trop je trouve, et ces excuses n’en sont pas vraiment. Encore une erreur de communication, qui n’a pas sa place. Non pas que je pense que les organisateurs soient de mauvaise foi ou cyniques. Mais faire un mea culpa public, ça demande de reconnaître le problème et de montrer qu’on a compris. Il n’y a pas la place pour du demi-mot ou des clins d’oeil complices. Le public n’a pas juste donné son appréciation artistique sur un visuel, il vous a reproché d’utiliser de l’IA de manière criarde. C’est différent.
Si le Festival avait dit « On vous a entendus et il est vrai que l’IA n’a pas sa place dans notre communication, c’est pourquoi nous travaillons déjà sur un nouveau visuel de l’édition 2026 » ça aurait constitué un vrai mea culpa.
Vous avez le budget et vous auriez dû avoir la pertinence de savoir que l’IA détruit des métiers dans votre propre secteur d’activité. Que ce visuel soit hybride ou pur IA d’ailleurs. J’espère que cette fronde publique vous fera intégrer dans vos process d’organisation que l’IA est à bannir pour ce qui est de la communication publique.
Mais bon, je pense que c’est de la maladresse, évidemment. le FIJ a réagi rapidement et va faire en sorte de proposer une nouvelle affiche bientôt. Ce qui reste l’essentiel ! Le FIJ est la plus grande vitrine du jeu de société en France, et se doit d’être à la hauteur !
Soignez le jeu en payant un·e graphiste, dont le travail ne donne aucun doute sur l’absence d’emploi de l’IA.