Une civilisation peut-elle être parfaite ? Le ton général de cette critique peut être résumé ainsi : je vais vous dire à quel point ce jeu est fantastique, à quel point je vous le conseille, mais je vais parsemer cela d’une présentation de ses nombreuses petites imperfections… Vous pourrez à la fin faire la somme de tout cela et voir si vous allez craquer (faites-le).
Et au milieu coulent 4 rivières
J’aime les jeux de civilisation. Je veux dire, vraiment ! C’est un genre incroyable où chaque partie va nous amener à raconter une véritable histoire qui se construit. C’est un genre qui propose des gameplays corsés et des durées de partie au-dessus de la moyenne (coucou Through The Ages). Mosaic est un vrai jeu de civilisation malgré son gameplay simple. Le jeu ne se perd pas à vouloir raccourcir artificiellement la durée du jeu. On prend ici le temps de voir notre civilisation grandir et prospérer. Les conditions de fin de partie peuvent sembler si loin à atteindre : 3 décomptes de domination (des cartes perdues au fond des decks) ou les tuiles de succès de civilisation, d’âge d’or ou de merveilles épuisées (2 des 3). On va pouvoir profiter de notre bébé.
J’aime les rivières de cartes. C’est une mécanique élégante et offrant tant de choix. Mosaic propose pas moins de 4 rivières de cartes différentes : c’est excellent. Les choix qui s’offrent à nous à notre tour sont si nombreux (et pourtant le tour de jeu est très fluide).
J’aime les jeux sans interaction directe. Ici, malgré la présence du militaire, nos armées seront là pour participer aux décomptes de domination de chaque région sans entrer dans les habituels conflits où l’on se place sur la carte et où l’on doit défendre ou attaquer.
La suprématie en 8 actions
Votre partie de Mosaic sera découpée par 3 décomptes appelés suprématie impériale. Pour chacune des régions du jeu, la présence de vos cités, villages, merveilles et unités militaires vous apportera de nombreux points. Et c’est là que l’on doit parler d’un des premiers défauts du jeu : il n’y a ni piste de points de victoire, ni jetons points de victoires, ni carnet de score. Et pourtant en plus de ces points intermédiaires vous avez un scoring important de fin de partie. Ce choix est incompréhensible, vous allez devoir trouver un substitut vous-même (ou vous devez le noter). Quel dommage !
Comme je vous l’indiquais, les actions sont simples et liées à 4 rivières de cartes. Chose très agréable ces rivières sont sur des emplacements dédiés du plateau à côté des 4 autres actions du jeu. Ainsi tout est très lisible à son tour dans les choix à effectuer.
Parmi ces choix, côté construction d’abord, on placera ses bâtiments sur une map assez déstabilisante : on peut en effet se placer n’importe où, sans se soucier d’adjacence ou de phénomène de régions. On doit juste coller nos villages (gratuits d’ailleurs !) à côté de nos cités. On ne comprendra qu’au cours de la partie que l’on va d’abord se placer pour récupérer de précieux jetons ressources avant de faire la bascule très nette vers des placements pensés avant tout pour la domination des régions. Construire sera d’ailleurs lié à des cartes qui feront que nos bâtiments nous rapporteront de précieux points et bonus.
Une autre action très forte amenant une incroyable variété au jeu, ce sont les cartes technologies payées en idées. Alors oui certaines sont incroyables ! Mais beaucoup le sont alors vous aurez aussi votre carte surpuissante ne vous inquiétez pas !
En parlant d’idées, vous pourrez les acheter si vous n’en avez pas ! C’est pratique ! En effet, toutes les ressources sont remplaçables par de l’argent, au taux de 2:1. Et l’argent peut couler à flot via l’impôt ou la taxe si vous chopez la bonne carte de la rivière.
Le militaire permettra d’acheter des unités qui vont venir renforcer votre influence dans une région et qui seront déplaçables. Ces unités sont de 3 types et la différence entre elles ne saute pas du tout aux yeux au début de la partie. Ce n’est que via les cartes technologies que vous allez voir les différences (plus de clarté sur ce point aurait été agréable). Ces unités errent dans la région sans qu’ils puissent avoir un réel emplacement, c’est un choix assez bizarre de l’auteur je trouve ; mais ça fonctionne.
Un prélude à cette mosaïque ?
Une des sensations très agréable de ce jeu c’est son côté Prélude de Terraforming Mars. En effet, vous démarrez la partie avec un leader qui vous apportera non seulement beaucoup de ressources et des niveaux de production déjà boostés, mais aussi 5 cartes technologies draftées puis placées. On se retrouve donc d’emblée avec une très forte asymétrie d’une part et un sacré coup de boost d’autre part.
Selon la stratégie que vous allez envisager vous allez peut-être viser de collecter des symboles (piliers de civilisations). Leur variété vous apportera une plasticité dans la possibilité de jouer des cartes (qui nécessitent des pré-requis) mais vous concentrer sur certains symboles vous amènera les précieuses tuiles âge d’or synonymes de points de victoires et bonus. Vous pourrez ou alors orienter votre stratégie également selon les succès de civilisation disponibles pour la partie qui sont des objectifs communs à réaliser. A moins que vous n’alliez tout miser sur la domination des régions ! La variété offerte par le jeu est ainsi vraiment très poussée (et je ne vous ai pas parlé des systèmes de gouvernement).
Un matériel antique
Les différents decks de cartes, la map très jolie, les nombreuses tuiles de qualité…et pourtant le jeu est parsemé comme je vous l’ai dit d’imperfections dans le game design. Quelque chose de très simple par exemple : une idée est un jeton parchemin et 5 idées sont un jeton… livre ! Alors oui on s’y fait très vite mais cela demande une explication qui ne devrait pas être (pareil pour blé/poisson).
Autre chose, les cités valent 2 points d’influence et les villages 1 mais cela n’est pas très visible une fois posées sur la map (comme à qui appartiennent les tuiles d’ailleurs)… et pour les merveilles on se retrouve juste à devoir regarder devant qui est la tuile pour savoir à qui elle appartient… je pense que des cubes à placer sur les tuiles aurait rendu le tout bien plus lisible (je vais pimper mon exemplaire en ce sens d’ailleurs). Pourtant, chaque joueur a ses propres pions de population pour représenter cette ressource sans que cela ne soit réellement utile.
Je passe, alors?
Et bien non pas du tout, ne passez pas, car Mosaic est un jeu qui offre des sensations incroyables, dans un gameplay efficace, riche et varié. Je vous ai présenté tous les petits désagréments que vous allez y retrouver… alors prenez une respiration pour les digérer puis lâchez vous pour profiter du bonheur procuré par le jeu et par votre civilisation florissante !