Petite sortie du mois passée un peu trop inaperçue à mon goût, Traiblazers cumule pourtant deux énormes qualités à mes yeux de joueur : une édition absolument magnifique, et une difficulté progressive mais élevée. Mettez votre cassette de 34, on part à la montagne pour découvrir des sentiers.
Un vol d’hirondelles
Trailblazers est un jeu de construction de tableau ou de pose de tuiles, en quelque sorte. Vous aurez à construire des boucles de sentiers, pour trois activités de montagne :
- vélo
- randonnée
- kayak
Vous aurez à votre disposition trois camps, (un pour chaque activité) desquelles partiront vos boucles. Ces boucles seront construites en posant et superposant des cartes, qui figurent les différents types de sentiers. Vous allez essayer de faire les plus grandes boucles possibles, mais en suivant aussi des objectifs. Agissant comme des contraintes, ces objectifs seront à réaliser en milieu de partie pour certains, ou en fin de partie.
Trailblazers propose aussi une mécanique de draft : vous aurez deux cartes à choisir parmi 8, avant de faire tourner le paquet à votre voisin. Le gameplay présente de vraies subtilités, déjà parce qu’on peut superposer des tuiles pour corriger ou adapter un sentier précédemment posé, parce que l’option animaux apporte encore plus de profondeur. Autre exemple, le placement de vos camps qui sera déterminant, mais qui est totalement libre, mais aussi progressif. Vous placerez votre 2e camp à la manche 2, et le 3e à la manche 3. Il y a 4 manches au total, vous poserez en tout 32 cartes sentiers. Et ça va très vite !
Jusqu’au sommet de la colline
Trailblazers est livré dans une boîte carrée rigide dont la surface est en tissu, avec un petit mousqueton du plus bel effet. Franchement, en voyant la boîte, impossible de ne pas avoir envie d’y jouer. A l’intérieur, des cartes de camp de base, des cartes sentier, des cartes objectif, et des jetons animaux. Le jeu donne même des ziplocks supplémentaires.
Je trouve que le jeu a un cachet unique, qui respire la qualité, et qui a vraiment une tronche à lui. Cette boîte avec sa fermeture éclair, cette charte graphique presque parfaite, donnent à Trailblazers un caractère unique. Deux tous petits bémols : le QR Code sur la règle envoie sur une redirection, et le matériel sur la règle ne mentionne pas les jetons animaux.
Mode solo et difficulté progressive
Le jeu se joue de 1 à 4 joueurs, et il faudra prévoir un peu de place pour que chacun puisse étaler ses sentiers. Trailblazers se joue facilement, mais se maîtrise difficilement. Aligner des cartes pour faire quelques points c’est très abordable, mais remplir les conditions des objectifs de milieu et de fin de partie c’est une toute autre paire de chaussures de rando.
Ces courses aux objectifs récompensent les joueurs entre 1 et 6 points. Et je les trouve assez durs à réaliser.
Trailblazers réussit donc à être à la fois un jeu familial accessible où l’on essaye de poser des cartes de manière optimisée, mais c’est aussi un solo/coop hardcore, qui vous demandera d’orienter vos parties afin de cocher les cases d’une carte, comme autant de succès dans un jeu vidéo. Et pour le platiner (réussir à tout cocher), bon chance !
Le solo vous oblige à remplir des objectifs choisis, de milieu et de fin partie, et parfois ils sont vraiment très antinomiques. Chaque choix de carte sera un énorme enjeu, et vous perdrez plus de parties que vous n’en gagnerez. Mais ça donne vraiment son identité au jeu, qui devient une sorte de puzzle game hardcore.
J’aime aussi le fait de pouvoir cocher les objectifs, et de finir le jeu un jour. Le caractère progressif et l’apprentissage que le jeu distille est vraiment très bien vu.
Au final, je trouve que Trailblazers est une superbe proposition, dans laquelle tout se tient. C’est bien pensé, c’est hyper rejouable, c’est un bel objet. Une bonne pioche pour Matagot.