Kelp est un jeu que j’attendais avec impatience. J’avais longuement hésité à participer au financement participatif, tant les vidéos de présentation étaient OUF et laissaient présager des parties épiques. Le gameplay, lui aussi, semble vraiment prometteur dès les premières explications. Et que dire du matériel et des illustrations ? C’est tout simplement magnifique, un vrai régal pour les yeux qui donne encore plus envie de plonger dedans ! Mais … que vaut Kelp ?
Un p’tit tour des règles de Kelp ?
Dans Kelp, deux joueurs s’affrontent dans un duel asymétrique : l’un incarne un requin traquant un poulpe, l’autre un poulpe tentant de survivre.
- Le poulpe gagne en survivant jusqu’à la fin de la partie ou en mangeant tous les blocs de nourriture.
- Le requin ne peut gagner que d’une seule façon : en attaquant avec succès le poulpe lors d’un affrontement final.
Chaque joueur a des actions, des capacités et un mode de jeu uniques :
- Le poulpe joue des cartes pour se déplacer secrètement sur le plateau, poser des pièges, se nourrir et améliorer son deck.
- Le requin lance des dés pour patrouiller dans les zones, activer des pouvoirs spéciaux, et traquer son adversaire.
Tour du poulpe
Le poulpe joue de manière cachée. Il dispose d’un sac contenant des blocs représentant sa position, la nourriture, les pièges et les coquillages.
À son tour, il peut :
- Dépenser de l’énergie pour jouer des cartes.
- Se déplacer de zone en zone via ses cartes, dans le but d’éviter le requin.
- Placer des pièges et manger de la nourriture pour progresser vers la victoire.
- Acquérir de nouvelles cartes dans différentes catégories (apprendre, se cacher, manger, bouger) pour rendre son deck plus puissant et adaptable.
- Gérer sa main selon sa limite, indiquée par un jeton ajustable.
Le poulpe essaie de rester discret, car il est vulnérable aux attaques directes du requin s’il est découvert.
Tour du requin
Le requin agit de façon plus directe et stratégique :
- Il pioche des dés de différentes couleurs dans son sac (courant, recherche, attaque), et les lance.
- Il peut relancer certains dés ou améliorer sa pioche grâce à ses tuiles d’évolution.
- Il active ses cartes, qui lui permettent de patrouiller, poser des dés sur le plateau pour simuler des courants marins, et affiner sa recherche du poulpe.
- Il collecte de l’énergie, nécessaire pour activer certaines capacités.
- Il tente de localiser le poulpe en interprétant les mouvements, indices et pièges posés sur le plateau.
Son but est de trouver et frapper le poulpe. S’il y parvient, un affrontement final s’enclenche.
L’affrontement final
Quand le requin réussit à trouver le poulpe, les deux joueurs utilisent un jeu spécifique de cartes de confrontation pour résoudre le combat.
Si le requin choisi une carte confrontation différente de celle du poulpe, c’est gagné pour le poulpe, si le requin choisi la carte qui contre l’attaque du poulpe, c’est perdu pour le poulpe !
J’suis un peu trop salée ?
Visuellement, Kelp envoie du lourd. C’est un véritable bijou esthétique : les illustrations sont somptueuses, le matériel de jeu est irréprochable, et l’édition frôle la perfection. Quand on déballe la boîte, on est clairement bluffé. On s’attend donc à une expérience de jeu à la hauteur… sauf que non, la magie s’évapore dès les premières minutes de partie.
J’ai rarement connu un tel décalage entre la promesse d’un jeu et ce qu’il offre vraiment en termes de sensations. Le gameplay asymétrique, sur le papier, m’avait fait saliver : une pieuvre furtive et rusée contre un requin affamé, ça vend du rêve. Sauf qu’en pratique, j’ai trouvé le rôle du requin désespérément plat. C’est lent, répétitif, et surtout, pas du tout palpitant.
De mon côté, j’ai joué six parties : trois fois pieuvre, trois fois requin. Et à chaque fois que j’ai pris le requin, j’ai gagné en dix minutes, montre en main. Je me suis contenté de fouiller au hasard, puis hop, un jet de dé rouge, un coup de chance sur une carte algue… et c’était plié. Aucun plaisir, aucun défi. Juste de l’aléatoire.
J’ai vu que beaucoup de joueurs pointaient un déséquilibre en faveur de la pieuvre. Moi, c’est l’inverse. Et dans les deux cas, ce n’est pas un bon signe : si chacune des deux factions peut paraître « trop forte » selon les parties ou les joueurs, c’est peut être que le système est tout simplement bancal.
Le vrai souci, selon moi, c’est que le plaisir de jeu est déséquilibré, pas nécessairement la puissance. Le requin s’ennuie, la pieuvre stresse, mais pas dans le bon sens. Ce n’est pas une tension palpitante, c’est une tension frustrante, qui donne envie de passer à autre chose.
Et parlons du fameux système d’algues, qui remplace presque le combat final… Un pierre-feuille-ciseaux déguisé, basé sur du hasard, censé décider de l’issue d’une traque intense ? Franchement, c’est une énorme déception. L’immersion s’effondre à ce moment là, on passe d’un duel animalier prometteur à une bataille d’ado dans la cour de récré.
En plus, la mise en place est fastidieuse, avec pas mal de petits éléments à gérer et une ribambelle de règles pas toujours claires au premier abord. On investit du temps pour une partie… qui finit parfois en eau de boudin. Littéralement.
J’ai lu ici et là qu’il fallait “plusieurs parties pour vraiment apprécier Kelp”. Alors je veux bien faire des efforts, mais six parties, c’est déjà beaucoup pour un jeu qui ne décolle jamais. Je ne demande pas une révélation au premier tour, mais un minimum d’accroche, un brin de fun, un soupçon de stratégie. Là, j’ai surtout eu du hasard.
Et je ne dis pas que ceux qui aiment ont tort : tant mieux pour eux s’ils y trouvent leur compte ! Mais de mon côté, je suis restée complètement à côté de la plaque. Je n’ai ressenti aucun enjeu, aucune montée en puissance, aucun plaisir ludique.
C’est d’autant plus rageant que le concept est brillant. L’idée de base est géniale, originale, intrigante. Mais mal exploitée. On sent qu’il y avait du potentiel, mais que l’équilibrage et les mécaniques n’ont pas été assez peaufinés.
Pour moi, Kelp est une immense frustration. Un de ces jeux qui fait briller les yeux sur Instagram… mais qui reste au fond de l’étagère après deux ou trois essais. Il est beau, il est ambitieux, mais il ne fonctionne tout simplement pas.
Alors voilà : Kelp, je voulais l’aimer. Vraiment. Mais il m’a laissée à la dérive.
Bonjour,
J’ai du mal en vous lisant à croire la note de 7.8/10 de BGG
Geeklette qui en avait dit du bien (y a t’elle joué suffisamment ?) je cite : »J’ai été bluffée par l’équilibre, bluffée par le matériel, bluffée par la mécanique si simple ! Et le jeu du chat et de la souris (l’un doit trouver l’autre) m’a rappelé le très bon star wars rebellion, donc forcément, Kelp est un instant buy à sa sortie ! »
J’ai acheté le jeu suite à la hype pré sortie, l’univers etc… je ne l’ai pas encore essayé mais ca m’a tellement refroidi votre review que j’ose meme pas le défilmer
Bonjour, merci pour votre commentaire.
Je pense que le mieux serait de le tester avant. J’avais été hypée comme vous, je l’ai essayé et j’ai été très déçue. Puis, comme vous, j’ai lu la review de Geeklette et je me suis dit : « Bon, on va tenter plus que deux parties… »
C’est pour ça que je l’ai testé au moins six fois, mais le constat reste le même : pour moi, le jeu ne fonctionne tout simplement pas. Et pourtant, j’aime beaucoup Star Wars Rebellion.
À mes yeux, il y a un vrai manque d’équilibre. Et si vous avez l’habitude de jouer, je ne le trouve ni intéressant, ni amusant.
En relisant certaines critiques positives, je ne retrouve vraiment pas les sensations décrites par leurs auteurs de celles et je me demande « mais comment ? ».
Mais encore une fois, ce n’est que mon avis. Peut-être que le jeu vous plaira.
Personnellement, je trouve l’expérience ni captivante, ni stimulante, et encore moins équilibrée…
J’espère que vous ne serez pas déçu si vous le défilmez.
Dites-moi ce que vous en avez pensé, si c’est le cas, mais j’espère vraiment que vous pourrez le tester ailleurs avant.
Pour la note de bgg, je sais que le jeu a beaucoup plus aux personnes qui l’ont kickstarté (d’ailleurs j’avais vu une vidéo à l’époque qui m’avait grave donné envie, et il y a eu énormément de retours positifs suite à ça). Mais les retours francophones que j’ai sont en majorité très mauvais, et pas que dans mon entourage proche.
Cependant comme vous le dites, l’univers est ouf et le jeu est magnifique ! C’est vraiment son seul atout.